• Rappel des faits. Le 4 août 2020, une terrible double explosion retentit dans le port de Beyrouth, capturée par des vidéos qui illustrent la catastrophe à l’origine de 7 500 blessés, et plus de 200 décès. Les enquêtes conduites par la suite révèlent que l’accident est dû à une négligence des autorités libanaises, qui ont laissé un stock de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium dans un hangar du port depuis 2013, sans prendre de précautions particulières.
  • Depuis, la ville porte toujours des stigmates très visibles de la catastrophe, puisque de nombreux immeubles et maisons sont toujours à l’état de ruines, en plein cœur de la capitale libanaise. Cette désolation urbaine vient s’ajouter aux difficultés rencontrées par les Beyrouthins lorsqu’il s’agit d’approvisionnement en carburant et en électricité, dans un pays où plus de la moitié des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté, alors que la livre libanaise connaît une inflation à trois chiffres.
  • La solidarité internationale s’est mise en place peu de temps après la catastrophe. La France avait lancé une mission portant le nom d’« Amitié », dépêchant un porte-hélicoptères amphibie transportant des marins-pompiers, engins de déblaiement, ainsi que des militaires pour venir en aide aux populations locales. Aujourd’hui, Emmanuel Macron a annoncé depuis le fort de Brégançon une nouvelle série d’aides financières, alors que les milliards d’euros promis par la communauté internationale à la suite de la catastrophe sont toujours bloqués, puisque conditionnés à la formation d’un nouveau gouvernement.
  • Prenant la forme d’une conférence internationale visant à recueillir des dons pour aider le pays à se reconstruire, les aides financières seules ne suffiront pas à mettre fin à la crise systémique qui paralyse le pays. Plus de 40 États sont toutefois attendus à cette conférence co-organisée par les Nations unies. La France a promis de donner 100 millions d’euros, mais le dispositif dans son ensemble entend lever en tout 350 millions de dollars (l’Allemagne a promis 40 millions d’euros, l’Union européenne 5,5).
  • Les fractures institutionnelles qui déchirent le Liban ne datent pas de l’explosion de l’an dernier, mais elles ont été particulièrement visibles depuis, puisque le gouvernement s’est démontré incapable de dépasser les querelles politiques, et d’amorcer une reconstruction du dispositif portuaire ainsi que de la ville elle-même. La corruption, le clientélisme, les conflits d’intérêts — courants parmi les élites politiques libanaises — sont dénoncés régulièrement par des activistes et par la population civile, alors que le Liban est toujours sans gouvernement depuis la démission d’Hassan Diab à la suite de l’explosion.
  • La semaine dernière, un nouveau Premier ministre, Negib Mikati, est entré en exercice. Député de la ville de Tripoli, homme d’affaires le plus riche du pays (sa fortune est estimée à 2,7 milliards de dollars selon Forbes) et ancien Premier ministre du pays en 2005 et en 2011, Mikati n’en est pas à ses débuts. Élu au terme de consultations parlementaires (avec une majorité de 72 députés sur 118), le nouveau Premier ministre correspond à l’image de la classe politique libanaise tant conspuée, et ne laisse pas présager de changements dans un futur proche.