• La quasi-totalité des pays ont aujourd’hui intégré le fait que la vaccination des populations est l’une des conditions sine qua non à la reprise de l’économie mondiale, ainsi qu’au retour à « une vie comme avant ». Les campagnes progressent dans les pays riches selon des calendriers établis depuis que l’accès aux vaccins et leur production ne sont plus un frein pour ces derniers, laissant un écart important se creuser avec les pays qui n’ont pas les mêmes capacités.
  • Les observateurs se penchent désormais sur la vitesse à laquelle les pays vaccinent leur population. On voit depuis quelques mois se mettre en place un classement international révélateur des capacités des gouvernements à organiser des campagnes de vaccination massives, jouant ainsi leur crédibilité à l’échelle globale. Toutefois, cette course effrénée est propre aux pays développés pour qui l’achat de vaccins n’est pas un problème, éludant de fait un grand nombre de pays à l’échelle mondiale et creusant les inégalités.
  • Les campagnes de vaccination des pays émergents ou en développement reposent largement sur les dons faits par les économies développées, permettant à leurs populations de disposer d’un accès au vaccin. La plupart de ces dons se font dans le cadre du mécanisme COVAX, organisé par l’OMS, la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI) et GAVI Alliance (l’Alliance du Vaccin), mais certains dons se font également dans le cadre d’accords bilatéraux.
  • Les États-Unis sont largement en tête de ce classement des donateurs, avec un total de plus de 600 millions de doses données ou promises. Il est désormais assez courant de voir sur le compte Twitter du secrétaire d’État américain ces images de palettes de vaccins sur les tarmacs d’aéroports du monde entier, démontrant la capacité du pays à soutenir une campagne de vaccination dans ses frontières, tout en contribuant à la solidarité internationale.
  • La Chine est, de manière assez surprenante, loin derrière son rival stratégique dans ce classement de donateurs puisqu’elle ne cumule guère plus que 34 millions de doses de vaccins données. La stratégie de Pékin est toutefois différente puisque le pays a fait des dons à un nombre important de pays (certaines estimations montent jusqu’à 80 pays), mais dans des quantités très symboliques (la plupart des dons de la Chine s’élèvent à environ 200 000 doses).
  • La Chine est en revanche le premier exportateur de vaccins à l’échelle mondiale, juste devant l’Union européenne. Depuis le début de l’année, Pékin a exporté plus de 500 millions de doses de vaccins sortant de ses laboratoires pharmaceutiques (principalement Sinopharm et Sinovac), principalement à destination de pays asiatiques et d’Amérique latine. 
  • Il est estimé qu’à ce rythme de vaccination à l’échelle mondiale, la campagne devrait durer jusqu’en 2023. D’ici là, le virus et ses nombreux variants ont de fortes probabilités de continuer à se répandre dans ces pays dont la couverture vaccinale est largement insuffisante. Plus de 11 milliards de doses de vaccins sont nécessaires pour arriver au palier de 70 % de population mondiale vaccinée, alors qu’à peine plus de 3 milliards ont été administrées pour le moment. Que ce soit sous la forme de dons ou d’exportations, la géopolitique du vaccin est là pour durer.