• La phrase « Je pense qu’il est juste de dire que les États-Unis n’ont pas de meilleur partenaire, de meilleur ami dans le monde que l’Allemagne » prononcée par le Secrétaire d’État américain, Antony Blinken, en visite à Berlin le 23 juin dernier, avait fait grincer des dents un certain nombre d’Européens, particulièrement à Paris.
  • Angela Merkel est la première dirigeante européenne à avoir été invitée pour une visite d’État à Washington depuis le début de l’ère Biden. Au-delà de la déclaration explosive d’Antony Blinken, les États-Unis voient en l’Allemagne un partenaire stable, sur lequel il est pertinent de s’appuyer dans un probable scénario de durcissement des relations avec Pékin.
  • Cette stabilité sera toutefois prochainement testée, puisque les élections fédérales allemandes sont prévues pour le 26 septembre. Chancelière depuis bientôt 16 ans, Angela Merkel a bien souvent été l’incarnation d’une permanence européenne, rassurante pour les partenaires de l’Union – reste à savoir si la personne qui lui succédera remplira également ce rôle.
  • Les contours des positions à adopter vis-à-vis de la Chine sont encore flous. Josep Borrell, qui a récemment exprimé sa vision de la politique étrangère de l’Union dans les colonnes du Grand Continent, évoquait la Chine – qui est le premier partenaire économique de l’Allemagne – comme « un partenaire, un concurrent, un rival ». La France et l’Allemagne, quant à elles, semblent plus résolues à ne pas vouloir se laisser entraîner dans une lutte systémique avec Pékin, souhaitant suivre une « troisième voie ».
  • Cette visite s’inscrit dans un effort plus large – auquel a beaucoup contribué le président américain – de rapprochement des États-Unis avec l’Union européenne. Sous les discours diplomatiques, certaines pommes de discorde demeurent toutefois, notamment sur la part du PIB consacrée au budget de la défense ou sur le gazoduc Nord Stream 2.
  • L’OTAN définit un objectif minimum de 2 % du PIB consacré aux dépenses de défense pour ses pays membres, seuil sous lequel l’Allemagne se situe actuellement. Il est à parier que ce sujet reviendra sur la table, tant il est crucial du point de vue américain – car comme le rappelle Lorenzo Monfregola « la demande d’un investissement allemand accru dans le budget militaire de l’OTAN n’a pas été inventée par Donald Trump« .
  • Le projet de gazoduc Nord Stream 2, qui relie la Russie à l’Allemagne, sur le point d’être achevé cet été, est également source de tension à Washington. Donald Trump s’y était fermement opposé durant son mandat, y voyant un dangereux rapprochement entre les intérêts russes et européens. Cette position, également tenue par Joe Biden et par le Congrès américain, traduit les inquiétudes des États-Unis vis-à-vis de la Russie, sur laquelle il n’existe pas de consensus entre Américains et Européens.