Ce dimanche, les citoyens moldaves et bulgares étaient appelés à renouveler leurs parlements unicaméraux. Bilans synthétiques en cinq points.

Bulgarie : deuxième scrutin en quatre mois et un résultat toujours incertain

Après l’échec des tentatives de former un gouvernement à la suite des élections d’avril 2021, la Bulgarie est retournée aux urnes le dimanche 11 juillet. Malgré quelques changements dans les résultats, aucun gagnant clair n’a émergé.

  • Le parti du président sortant Boyko Borissov (GERB, PPE), qui avait recueilli 26,2 % des voix lors des élections d’avril, a perdu du terrain et apparaît désormais à 23,5 %. L’autre parti traditionnel, le Parti socialiste bulgare (BSP. S&D), jusqu’à récemment le principal parti d’opposition, a également connu une légère baisse, passant de 15 à 13,4 % des voix.
  • En revanche, la révélation des élections d’avril, ITN (“Il y a un tel peuple”), a obtenu 24,1 % des voix, et est au coude à coude avec le GERB pour la position de premier parti. La formation populiste et anti-establishment a été fondée en 2020 par la personnalité de télévision bien connue Slavi Trifonov.
  • Bien que les résultats puissent conduire pour la première fois à une défaite du parti de Borissov, qui domine la politique bulgare depuis une décennie, les résultats semblent à nouveau suggérer une forte fragmentation du parlement bulgare, ce qui rendra difficile pour les deux plus grands partis de rassembler une majorité de gouvernement. Borissov, qui dirige actuellement le gouvernement intérimaire, pourrait tenter de former un gouvernement minoritaire ; une coalition entre les deux principaux partis est dans tous les cas peu probable.  
  • D’autre part, la coalition anti-GERB elle-même risque d’être instable. Une coalition d’ITN avec les partis anti-corruption Bulgarie démocratique (DB) et Debout ! Mafia dehors ! (ISMV) – deux autres acteurs qui ont émergé des manifestations anti-gouvernementales au cours de l’année écoulée et tous deux en légère progression par rapport aux élections d’avril (DB de 9,5 à 12,5 %, ISMV de 4,7 à 5 %) – pourrait voir le jour. Toutefois, il est peu probable que ces trois acteurs obtiennent une majorité, puisqu’ils totalisent ensemble environ 41 % des voix. 
  • Un nouvel échec du processus de formation gouvernemental, après deux élections en trois mois seulement, pourrait renforcer non seulement le mécontentement des citoyens face aux fréquents scandales de corruption, mais aussi le déficit général de confiance dans la politique et la démocratie qui règne dans le pays. Une évolution qui pourrait profiter aux acteurs anti-système ou à ceux de la droite radicale qui, pour l’instant, n’a pas dépassé le seuil des 4 % et n’est donc pas représentée au Parlement.

Moldavie : confirmation pour la majorité pro-européenne de Maia Sandu

Le même jour, les citoyens de la République de Moldavie se sont rendus aux urnes pour des élections législatives anticipées, déclenchées par la nouvelle présidente pro-européenne Maia Sandu (Plateforme Action et Solidarité, PPE), après sa victoire sur le président sortant pro-russe Igor Dodon (Parti socialiste de la République de Moldavie). 

  • Le camp pro-européen remporte une victoire nette. La PAS remporte près de 53 % des suffrages exprimés correspondant à 63 mandats parlementaires sur 101, alors que l’alliance électorale pro-russe entre socialistes et communistes BECS arrive en deuxième position avec 27 % des voix et 32 mandats. La participation est stable à 49 %. 
  • Défaite pour le bloc pro-russe, ce scrutin ouvre la voie vers une plus forte intégration dans la politique de voisinage de l’Union européenne, avec l’espoir de parvenir à une candidature à l’adhésion à moyen terme, et vers le développement de la lutte contre la corruption. Une rupture s’annonce donc avec la politique menée par le gouvernement socialiste sortant, qui œuvrait en sens inverse pour un rapprochement avec Moscou. 
  • Le risque d’interférence russe et de fraudes électorales liées à la corruption a été contenu, les observateurs de l’OSCE et de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe ayant confirmé la loyauté et la régularité du scrutin. 
  • Les partis dirigés par les oligarques sont les grands perdants du scrutin. Mis en cause dans le détournement d’un milliard d’euros entre 2012 et 2014, soit 12 % du PIB moldave, le milliardaire Ilan Șor avait fuit le pays en 2019. Son parti (le « Parti Șor »), recule de 8,32 à 5,74 % des suffrages. Le Parti démocrate de Moldavie (PDM, S&D), dont le leader historique, l’oligarque Vlad Plahotniuc, avait également pris la fuite en 2019, s’effondre de 23,6 % à 1,8 % des suffrages. 
  • Le parti roumain d’extrême droite AUR (CRE), qui venait de faire son entrée au Parlement roumain avec plus de 8 % des suffrages en décembre 2020, concourait également en République de Moldavie autour de l’idée d’une réunification des deux pays, la province de Bessarabie, devenue République de Moldavie, ayant été annexée par l’URSS en 1940. Cette échéance se solde cependant par un échec, le parti ne récoltant que 0,5 % des voix, le clivage central de la campagne ayant été celui de l’intégration européenne.

Après ces deux scrutins commence une « pause estivale » de deux mois durant laquelle l’Europe ne connaîtra pas de scrutin majeur. Le prochain rendez-vous – l’élection du parlement norvégien – est prévu le 13 septembre.