La Méditerranée orientale sous tension

À l’ordre du jour du dense Conseil européen qui commence aujourd’hui figure la situation en Méditerranée orientale et le conflit diplomatique avec la Turquie. Les 27 pourraient s’accorder sur une position commune vis-à-vis de la Turquie. 

• Début octobre, le Conseil avait à ce sujet appelé à « la tenue d’une conférence multilatérale sur la Méditerranée orientale » sans adopter de position commune, par exemple sur des sanctions. Depuis, les tensions n’ont cessé de monter et se sont notamment incarnées dans les attaques verbales entre le président turc et le président français. La dernière en date est le souhait exprimé par Erdogan que la France « se débarrasse » au plus vite du président Macron.¹
• D’où viennent les divergences de vue en Europe ? Alors que la France, la Grèce et Chypre voient dans la question turque un grand enjeu de sécurité et de souveraineté, « la politique envers Ankara est d’abord vue par Berlin comme Rome en fonction des intérêts commerciaux et industriels ». À cela, le rôle que la Turquie peut avoir pour juguler les flux de migrants entrant dans l’Union a souvent amené les États membres à une position de modération.²
• L’Union hors de sa zone de confort. En comparaison, s’entendre sur des mesures à l’égard du régime biélorusse ou de la Russie paraît aisé : ces problèmes relèvent de la zone de confort de l’Union, du rôle de médiateur impartial dans les conflits régionaux que l’Europe joue les yeux fermés.
• Comprendre le tournant politique turc. Selon l’amiral Cem Gürdeniz, la politique étrangère de la Turquie pouvait se résumer en quelques mots jusqu’à l’aube des années 2000 : « Ce que l’OTAN dit, la Turquie le fait. ». Aujourd’hui, les militaires ont été écartés du pouvoir et les islamistes et les kémalistes se sont rassemblés autour d’une cause commune : la restauration de la grandeur perdue de la Turquie.³

• Quand le Turc renoue avec l’Ottoman : la vogue des séries télévisées ottomanes qui renouent avec le passé impérial de la Turquie opère une réhabilitation culturelle de l’Empire ottoman. S’exportant dans les anciens territoires ottomans des Balkans et du monde arabe, elles sont un outil de diplomatie culturelle dans le cadre de l’affirmation régionale turque.⁴