Le constat fait par le Président Emmanuel Macron dans son entretien donné au Grand Continent que « le Conseil de Sécurité des Nations Unies ne produit plus de solutions utiles aujourd’hui » a suscité de vives réactions en Russie.
Le sénateur Konstantin Kosachev, à la tête du comité des Affaires Étrangères du Conseil de la Fédération (la chambre haute de l’assemblée russe), a réagi dans une publication Facebook en indiquant que « le Conseil de Sécurité est une structure collégiale » dont « l’efficacité des décisions prises par le Conseil de Sécurité dépend directement de la capacité des cinq membres permanents à parvenir à s’entendre ». Toujours selon le sénateur, l’absence de solutions utiles pointé du doigt par le Président français est ainsi également la responsabilité de la France et des pays européens de manière plus générale puisqu’ils ne « disposent pas d’une voix indépendante des États-Unis lors des moments clés pour la sécurité internationale » et ne « voient l’intérêt du Conseil de Sécurité que lorsqu’il sert leur priorité de fonder un ordre international fondé sur des règles et non sur le droit ».
Ce commentaire de Konstantin Kosachev souligne que la question de la structure et du fonctionnement du Conseil de Sécurité est un sujet particulièrement sensible en Russie. Moscou voit dans cet organe un symbole de son statut de grande puissance, une manière de peser sur l’arène internationale malgré sa faiblesse économique et de diffuser une image de la Russie comme garante du droit international contre l’unilatéralisme américain. Ainsi, pour le politologue du Russian International Affairs Council Andrei Kortounov, bien qu’il soit regrettable que le droit de veto soit utilisé de façon très fréquente par les membres permanents et que le Conseil de Sécurité soit devenu davantage un ‘podium’ où les pays membres affichent leurs positions davantage qu’un outil permettant de trouver des solutions aux problèmes les plus pressants, la position française ne permettra pas d’améliorer l’efficacité du Conseil de Sécurité. Kortounov souligne que les réformes doivent se faire « non pas du haut vers le bas, du Conseil de Sécurité vers la bureaucratie, les organisations et procédures de l’ONU, mais de bas en haut. C’est-à-dire débuter par des questions sur lesquelles l’entente entre les membres permanents est possible afin de graviter vers des sujets plus sensibles ».