Pendant longtemps les îles et récifs des océans ont semblé les confettis d’un empire colonial usé, un peu ces arpents de neige que déplorait Voltaire et qui ont donné naissance au Canada et sans doute aux États-Unis.  Il semble, au XXIe siècle, que les atolls du bout du monde battus par les vents et très éloignés de côtes continentales concourent à une vaste partie planétaire de go, selon l’expression utilisée par Vincent Themelin dans un article paru dans Revue Diplomatie1. Ce jeu permet avec une «  pierre  » de préempter un espace de déploiement tout en privant l’adversaire d’user de ses libertés dans le même périmètre. Le général Giap2 était réputé sur terre pour cet exercice et il semble que l’Amérique de l’amiral Mahan ait jadis adopté ce modèle sur les mers.

Parmi ces ensembles terrestres disséminés dans l’océan indien, il y a les îles Chagos3. Cet archipel oublié revint à la surface par la plus connue de ces îles, Diego Garcia. En 1965, avant l’indépendance de l’île Maurice, les Britanniques décidèrent en effet de détacher les Chagos de Maurice, dont dépendait l’archipel depuis 1903, le transformèrent en Territoire britannique de l’Océan indien (BIOT)4 et louèrent l’île de Diego Garcia aux Américains pour qu’ils y installent une base militaire stratégique. Ainsi le gouvernement de sa majesté a sans fards violé le droit fragile de la décolonisation5. Cette base militaire installée dans le BIOT (British Indian Ocean Territory ou Territoire britannique de l’océan Indien) apparaît à certains comme un trou noir6 dans la zone australe. Il est impossible aux autorités et aux parlementaires mauriciens dont l’État était détenteur de la souveraineté territoriale initialement d’aborder la base comme de savoir comment les Britanniques ont cédé Diego Garcia aux États-Unis. 

De l’invention des Mascareignes à la militarisation du BIOT

Découverte au XVIe siècle par Pedro Diego Garcia, Espagnol et navigateur au service de la puissance portugaise, l’archipel fut d’abord, à partir de 1784, une possession française. Des colons français s’y sont installés pour cultiver la noix de coco. Longtemps, France et Angleterre l’ont utilisé conjointement pour soigner des lépreux… et les éloigner de la métropole. À l’issue des guerres napoléoniennes, les Chagos sont finalement cédés à l’Angleterre, qui les rattache d’abord aux Seychelles, à l’ouest, avant de les faire dépendre de l’île Maurice, au sud-ouest, en 1903. L’abolition de l’esclavage, en 1854, a attiré de nombreux travailleurs indiens mais seules trois des 55 îles de l’archipel furent habitées : Diego Garcia, Salomon et Peros Banhos.

Diego Garcia est promise à un avenir particulier lorsque les Britanniques se livrent, avant l’indépendance de Maurice, à ce qui ressemble à un vrai holdup.  À l’initiative des États-Unis, lors d’une rencontre du Premier ministre britannique Harold Macmillan et du Président américain John Fitzgerald Kennedy, dans un accord préjudiciable aux intérêts des Chagossiens et contraire aux principes de la Charte de San Francisco, les États-Unis s’engagent à installer une base militaire dans l’océan Indien pour défendre les intérêts du Monde libre7 à condition que le territoire anglais retenu pour l’abriter échappe au processus de décolonisation et que sa population en soit évacuée. À la suite de ces tractations intervenues au plus haut niveau, le Gouvernement de Londres a institué le British Indian Ocean Territory (BIOT) par un décret-loi du 8 novembre 1965. La nouvelle colonie de la Couronne comprenait l’archipel mauricien des Chagos, situé au cœur de l’océan Indien, et trois îlots seychellois, dispersés dans sa partie occidentale : Aldabra, Desroches et Farquhar. Pour faire face à la menace soviétique croissante dans l’océan afro-asiatique, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont, par la suite, signé à Londres, le 30 décembre 1966, un traité portant cession à bail stratégique des territoires inclus dans le BIOT pour une période de 50 ans, tacitement renouvelée le 30 décembre 2016 pour une période de 20 ans8. C’est dans ces circonstances que le récif de Diego Garcia – l’île principale des Chagos – est devenu une base stratégique où se trouvent des armes nucléaires et qui a servi de relais pour les invasions de l’Irak. Les habitants de l’archipel, qui ont déjà connu une vie tragique avec l’esclavage, le travail forcé et la relégation vont être déportés aux Seychelles, à Maurice et au Royaume-Uni. Ce processus de déportation, qui s’est déroulé entre 1966 et 1973, est vécu comme une tragédie sans cris d’orfraie que l’écrivaine mauricienne Shenaz Patel a brillamment décrit sous le nom de Silence des Chagos (2005). Leurs animaux ont été gazés sur place et les derniers Chagossiens ont voyagé avec les marchandises. La grande majorité des Chagossiens ne reverront jamais leur terre, malgré un activisme très largement partagé par la communauté en exil. Malgré quelques avancées, la Haute Cour de justice britannique confirme en 2007 le statut militaire et extraordinaire de Diego Garcia et la chambre des Lords ferme la voie au retour des Chagos sur leurs terres en 2008.

La grande majorité des Chagossiens ne reverront jamais leur terre, malgré un activisme très largement partagé par la communauté en exil.

OLIVIER VALLÉE

La dignité d’un Franco-Mauricien et des Chagossiens en exil

Un grand écrivain français va participer à la lutte des exilés forcés pour la reconnaissance de leur souffrance et de l’illégalité de l’occupation américaine. Cela lui vaudra, d’un des plus médiocres de nos ambassadeurs au Burkina Faso, de considérer que le prix Nobel9 récompensait un «  anglophone  »  ! Il est vrai que J.-M.G. Le Clézio est un auteur courageux opposé aux guerres coloniales et qui ne craignait pas de dire qu’il rendrait son passeport français si un Le Pen était élu président. Peu de déclarations semblables chez nos diplomates. 

Fort de son prix Nobel, le 17 octobre 2009, J.-M.G. Le Clézio écrit une lettre publique dans Le Monde, adressée au président Obama, récent récipiendaire du Prix Nobel de la Paix, dans laquelle il prie le président d’autoriser le retour des Chagossiens à Diego Garcia. Cette lettre restera sans la moindre réponse.

La même année, le Parlement européen adopte une résolution reconnaissant l’illégalité de la déportation et propose que la Cour européenne des droits de l’homme détermine les mérites de la plainte déposée par les Chagossiens en 2010. Cette dernière en 2012 déçoit ceux qui attendent encore quelque chose de cette institution. Elle refuse de recevoir la plainte des Chagossiens, invoquant une série d’arguments légaux techniques, tout en soulignant que les Chagossiens ont déjà été amplement indemnisés pour leurs malheurs. La même année, une pétition internationale lancée par le GRC (Groupe Réfugiés Chagos), dirigé par Olivier Bancoult, sur le site web de la Maison Blanche (We the People), plaidant la cause des Chagossiens, obtient plus de 28 000 signatures. La Maison Blanche répond qu’elle n’a aucun pouvoir, que la Grande-Bretagne exerce seule la souveraineté sur les îles Chagos, y compris Diego Garcia.

L’extension du domaine de l’écologie

Entre-temps, Londres a entrepris une action unilatérale qui compromet un peu plus la récupération de l’île. En 2010,  le Royaume-Uni établit une aire marine protégée (Marine Protected Area – MPA) de 640 000 km2 couvrant tout l’archipel des Chagos, hormis Diego Garcia. Toute pêche ou exploitation de quelque nature que ce soit est dorénavant illégale. Selon certains documents révélés par les fameux Wikileaks10, le Foreign Office de Londres aurait suggéré au gouvernement américain que l’établissement de cette zone protégée rendrait impossible le retour des Chagossiens. Ces révélations génèrent un vrai électrochoc chez les Chagossiens : dès 2009, ils soupçonnaient les raisons réelles de la sanctuarisation de l’espace marin des Chagos, ce que ne fait que confirmer Wikileaks en 2010. Le gouvernement mauricien intente un procès contre le Royaume-Uni, contestant la légalité du MPA. La France a procédé à une annexion écologique  de même nature pour les Îles Éparses et le président Macron défend la souveraineté française au nom de la protection de la biodiversité.11 Il semble bien que l’impérialisme12 a toujours aimé les iles édéniques. Aujourd’hui ses interventions dans la confiscation des écosystèmes prodigieux des archipels justifie la thèse d’un néocolonialisme au nom de la nature.13

 Il semble bien que l’impérialisme a toujours aimé les iles édéniques. Aujourd’hui ses interventions dans la confiscation des écosystèmes prodigieux des archipels justifie la thèse d’un néocolonialisme au nom de la nature

OLIVIER VALLÉE

En 2013, la Haute Cour britannique se déclare en faveur du MPA des Chagos. J.-M.G. Le Clézio rédige un second article, publié dans Libération, déplorant la décision de la Cour européenne des droits de l’homme : « En vérité, pour inique qu’elle soit, la décision de la Cour européenne des droits de l’homme était prévisible. Elle démontre la fragilité des instances internationales en matière de justice. Lorsqu’elle doit se prononcer sur des cas litigieux, la Cour européenne se comporte comme un tribunal ordinaire, en se retranchant derrière un code procédurier et arguant d’éléments juridiquement non recevables, comme elle pourrait le faire dans un simple litige entre particuliers. Ce faisant, elle n’est pas en contradiction avec l’esprit du droit, mais elle l’est totalement avec l’esprit des droits de l’homme. […] La Cour européenne des droits de l’homme a rendu sa décision, dans l’indifférence des puissants de ce monde. Qu’importe une poignée d’îlois, petits agriculteurs, pêcheurs à la ligne dans leur lagon, quand les intérêts stratégiques et militaires sont en jeu, et que ces îles lointaines, perdues au milieu de l’océan Indien, peuvent être transformées à vil prix en une des bases les plus opérationnelles du monde… » (Le Clézio, 2013).

La bascule chinoise

Au fil des années, avec l’insistance mise sur le renforcement des forces navales chinoises, le BIOT, l’enveloppe souverainiste du complexe militaire de Diego Garcia, s’avère crucial.  Cette poussière britannique sur les cartes, « est quasi équidistant de l’Australie, de l’Inde, de la péninsule saoudienne et de la côte est de l’Afrique » note David Axe14 pour le très conservateur National Interest américain en soulignant l’importance de la base américaine installée sur l’une des trois îles habitées, Diego Garcia. Un complexe qui « pourrait être des plus importants pour les projets à long terme des États-Unis dans la région alors que la marine américaine se renforce afin de contrer une flotte chinoise en pleine croissance, elle-même déployée de plus en plus souvent dans l’océan indien ». Outre la dramatisation de la présence chinoise15, pour les Occidentaux du Conseil de sécurité des Nations Unies, cette zone de l’océan Indien est capitale en raison des ressources minières et halieutiques qu’elle recèle. Ils n’entendent pas la lâcher. 

 Un complexe qui pourrait être des plus importants pour les projets à long terme des États-Unis dans la région alors que la marine américaine se renforce afin de contrer une flotte chinoise en pleine croissance, elle-même déployée de plus en plus souvent dans l’océan indien

david axe, national interest

La mollesse de Port-Louis

Les gouvernements mauriciens considérés comme corrompus par leurs homologues britannique et américain n’ont au départ pas été vraiment résolus face à Washington et au Foreign Office. On ne peut pas dire de plus que le combat du retour des Chagossiens mobilisait à Port-Louis jusqu’en 2017 au moins. Après le changement de gouvernement intervenu au lendemain du référendum du 23 juin 2016 sur la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, le projet de réinstallation des Chagossiens a été purement et simplement abandonné. En compensation, Joyce Anelay, ministre d’État britannique au Développement international, s’est engagée « à verser 40 millions de livres sterling aux Chagossiens pour favoriser leur insertion à Maurice et aux Seychelles ». Leur rêve de retour ne semble pas alors sur le point de se concrétiser. D’autant que même les pays qui ont soutenu le combat de Maurice (l’Inde, l’Afrique du Sud, l’Union africaine entre autres) ne réclament pas un retrait américain.

De plus, le rêve de faire de cette partie de l’océan indien une zone de paix et sans armes nucléaires semblait enterré. « La prorogation du bail sur Diego Garcia va à l’encontre des espoirs des États riverains qui sont favorables à la création d’une « zone de paix » dans l’océan Indien ». Zone de paix souhaitée à l’égal de ce qui existe en Antarctique (Traité de Washington du 1er décembre 1959), en Amérique latine (dénucléarisée par le traité de Tlatelolco le 14 février 1967), dans le Pacifique sud (traité de Rarotonga, 6 août 1985) ou encore en Afrique (traité du Caire le 11 avril 1996). Et dont le président Carter avait parlé en 1977. Le gouvernement français et ses différents représentants dans la zone, y compris au sein de la Commission de l’Océan indien, gardent un silence assourdissant…

Les failles du condominium anglo-américain

Le BIOT et la base américaine partagée avec les Britanniques sont devenus il y a trois années la cible de tirs croisés qui, sans avoir la même ambition, ont affaibli l’assurance du condominium anglo-américain. Le gouvernement mauricien veut, quitte à la négocier, retrouver sa pleine souveraineté territoriale d’autant plus que la zone maritime est l’objet des appétits européens et anglais. Chez les Britanniques, Écossais et conservateurs16 de toutes les parties du Royaume se désolidarisent de cette occupation et soutiennent la décolonisation des Chagos. Non sans contestation car l’opinion publique anglaise, très néo-impériale, se souvient des faits d’armes des Falkland et propose même de reconquérir Maurice… Les Chagossiens des Seychelles (qui ne peuvent être bâillonnés aussi aisément que ceux bloqués au Royaume-Uni ou à Maurice) ont réussi à mobiliser des avocats adeptes de la  stratégie de rupture. 

Le processus commence en 2017. L’Assemblée générale de l’ONU demande à la Cour internationale de Justice (homogénéiser et utiliser acronyme) de rendre un avis consultatif sur le détachement des Chagos de Maurice en 1965 et sur le respect par le Royaume-Uni des règles du droit international lors du processus de décolonisation. Le vote est en quelque sorte un symbole des divisions Nord-Sud : les pays en développement votent en faveur de cette résolution, les pays développés s’y opposent ou s’abstiennent. La Cour internationale de Justice instruit le dossier, mène des audiences publiques17. En février 2019, elle publie son avis consultatif et conclut que « le processus de décolonisation de Maurice n’a pas été validement mené à bien lorsque ce pays a accédé à l’indépendance » et que « le Royaume-Uni [était] tenu, dans les plus brefs délais, de mettre fin à son administration de l’archipel des Chagos ».18

Avec la sortie houleuse du Royaume-Uni de son espace européen et le peu d’intérêt américain pour l’île Maurice, son gouvernement est revenu à la charge en 2019 en saisissant à nouveau l’Assemblée générale des Nations unies, dont les décisions n’ont pas la même portée que celles prises par le Conseil de sécurité. Résultat : en mai 2019, 116 pays ont voté en faveur d’une résolution demandant au Royaume-Uni de rétrocéder d’ici six mois l’archipel des Chagos à l’Île Maurice. Si ce texte n’est pas contraignant, il porte cependant une forte valeur politique. Lors de ce vote, Londres a pu compter ses « amis ». Seuls six pays, dont les États-Unis, l’Australie et la Hongrie ont exprimé leur opposition à ce texte. Et la division aura été de rigueur parmi les membres de l’Union européenne : la France, l’Allemagne, l’Italie, la Belgique et la Pologne se sont abstenus tandis que l’Espagne, la Grèce et l’Autriche ont voté en faveur de cette résolution. L’ambassadrice du Royaume-Uni auprès des Nations Unies, Karen Pierce, a réagi à ce vote en soulignant le « rôle vital » de la base de Diego Garcia pour la sécurité de la région, y compris, donc, celle de l’Île Maurice.

En mai 2019, 116 pays ont voté en faveur d’une résolution demandant au Royaume-Uni de rétrocéder d’ici six mois l’archipel des Chagos à l’Île Maurice. Si ce texte n’est pas contraignant, il porte cependant une forte valeur politique.

OLIVIER VALLÉE

Sur ce point, le Premier ministre mauricien, Pravind Jugnauth, assure qu’il n’est pas l’intention de Port-Louis de demander le démantèlement de cette emprise militaire19. Jugnauth s’est cependant réjoui en mai 2020 de voir apparaître sur la carte officielle de l’ONU les Chagos comme un territoire mauricien et non plus britannique… quitte à l’annoncer avec enthousiasme en pleine crise du COVID-19 et alors que les téléspectateurs pensaient que l’allocution porterait sur le calendrier de déconfinement20.  Ces derniers jours d’octobre 2020, l’avocat des Chagossiens des Seychelles, Jonathan Levy a fait fort. Dans la lignée de la position qu’avait Jugnauth lui-même en janvier 2020, Levy a attaqué les Britanniques à la Cour Pénale Internationale de La Haye en demandant l’inculpation pour crime d’apartheid de la lieutenant-commandant Kay Burbrige qui dirige le contingent britannique sur la base de Diego Garcia ainsi que le commissaire qui régit le BIOT et les conseillers juridiques de Boris Johnson. Aux États-Unis ce même avocat au nom du Foreign Claims Act a attaqué la US Naval Support Facility de Diego Garcia en demandant 100 000 US $ pour chaque Chagossien au nom de leur souffrance morale. Un groupe de parlementaires britanniques dont le conservateur David Snoxell21 demande à Boris Johnson des comptes à travers le Foreign Affairs Committee. Pour ces post impériaux le Brexit demande une autre posture de la politique étrangère mais ils se heurtent à des «  durs  » pour qui Maurice n’est qu’une partie de l’Afrique à domestiquer. Les États-Unis de Donald Trump ont répliqué durement à Maurice en dépit de sa tiédeur dans le dossier de Diego Garcia. L’île a été considérée comme gravement affectée par la Covid-19 (niveau 3) et interdite aux citoyens américains…

Mais tout ce contexte est instrumentalisé par le gouvernement mauricien et les milieux d’affaires pour interdire aux Britanniques de participer à l’Indian Ocean Tuna Commission. Dans cette enceinte réservée aux pays riverains de l’océan Indien se partagent les quotas du thon jaune. Cette espèce appréciée fait l’objet de boycotts de groupes activistes et de chaînes commerciales des pays occidentaux. C’en est trop pour Maurice, qui est un hub de transformation du poisson, de voir l’Angleterre réclamer sa part de l’or jaune marin au nom du BIOT.

À Londres, le All Parties Parliamentary Group22 des Chagos dont fait partie Jeremy Corbyn promet de faire paraître 20 ans de documents et de lettres et le tandem de Chagossiens Hoareau-Bancoult fait appel devant la cour suprême britannique avec l’appui du All Parties Parliamentary Group. Le dossier des Îles Éparses n’implique pas l’enjeu militaire ni ne présente de dimension humanitaire reconnue. Le jeu de go des Chagos montre que chaque morceau de sol océanique émergé a de la valeur et suscite un activisme sans failles des États non-riverains.

Sources
  1. «  Jeu de go dans l’océan Indien  », Revue Diplomatie : Les grands dossiers, Numéro no 46, Août-Septembre 2018,  Mers et océans : géopolitique & géostratégie
  2. Élève brillant d’Yves Lacoste, qui devint général et le chef militaire de l’indépendance vietnamienne
  3. L’archipel des Chagos – île principale Diego Garcia – est situé au centre de l’océan Indien, à mi-chemin entre l’Afrique et l’Indonésie, à 7° au sud de l’équateur. L’archipel, d’environ 15 000 km2, dont seulement 56 km2 de terre ferme, est constitué de 7 atolls, formant 55 îles ou îlots coralliens, dont Peros Banhos, les îles Salomon et le Grand Banc de Chagos, le plus gros atoll de la planète. En font partie les îles de l’Aigle, des Trois frères et Danger ainsi que le groupe des îles Egmont, au sud du Grand Banc.
  4. L’île, au centre de l’Océan indien, située dans une région exempte de cyclones, détenue par un allié sûr, est idéale. Si l’on regarde une carte, elle permet à la fois de surveiller les routes maritimes, les détroits stratégiques, les riverains de la région (voir la carte). Son importance se confirme avec l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS (1979) et avec la révolution iranienne (1978-1979) – quand l’URSS se rapproche du Golfe, comme de la Corne de l’Afrique. Progressivement, y sont prépositionnés des navires, des munitions, du fuel. La base connaît plusieurs extensions, avec pistes d’atterrissage, installations de communication, abris pour sous-marins, équipements lourds, etc. L’île servira, à la fin des années 1990 et depuis, de base de départ des bombardiers pour les guerres du Golfe, l’invasion de l’Irak, la guerre en Afghanistan.
  5. André ORAISON, «  Radioscopie critique de la querelle anglo-mauricienne sur l’archipel des Chagos, La succession d’États sur les îles stratégiques de Diego Garcia, Peros Banhos et Salomon, ancrées au cœur du bassin central de l’Océan Indien  », RJOI Numéro 17 , Page : 25
  6. Peter.H. Sand, « Diego Garcia : British-American Legal Black Hole in the Indian Ocean ? », December 2008, Journal of Environmental Law.
  7. On sait que l’importance stratégique des Chagos, qui n’avaient pas auparavant l’honneur de figurer dans les atlas, et notamment de l’île de Diego Garcia, n’apparaît qu’après la fermeture du canal de Suez entre novembre 1956 et avril 1957 : il s’agissait de pouvoir surveiller l’ancienne route des Indes si le canal venait à être à nouveau fermé. Et que sa militarisation a fait l’objet d’accords secrets entre le Royaume-Uni et les États-Unis dès 1960. Les Américains comprennent le rôle pivot d’une base qui leur permet de contrôler les mers contre l’Union soviétique (guerre froide). Avec la décolonisation de l’empire britannique dans les années 1960 et 1970 l’URSS accroît en effet sa présence en Afrique de l’est et en Asie du sud.
  8. André ORAISON, «  Radioscopie de la base militaire de Diego Garcia après le renouvellement pour 20 ans, le 30 décembre 2016, du bail stratégique consenti aux États-Unis par la Grande-Bretagne  », RJOI Numéro 25 – 2018-01, Page : 25
  9. https://www.associationleclezio.com/2020/04/
  10.  «  Je ne sais pas pour les îles Chagos, mais je suis certain que le gouvernement et les tribunaux devraient cesser de traiter le journaliste Julian Assange comme un dangereux terroriste. C’est sans doute pour apaiser les États-Unis. S’il devait être extradé à la merci de la justice américaine, qui n’est pas très tendre, ce serait un grand scandale qu’il serait difficile de faire oublier.  »
  11. Komalsingh Rambaree, «  Environmental Justice in the Case of the Chagos Marine Protected Area : Implications for International Social Work  », Sustainability 2020, 12, www.mdpi.com/journal/sustainability
  12. R.H.Grove, Green imperialism : colonial expansion, tropical island Edens and the origins of environmentalism, 1600-1860. Cambridge University Press, Cambridge, 1995
  13. Ibid.
  14. https://nationalinterest.org/print/feature/diego-garcia-america%E2%80%99s-next-overseas-challenge-166817
  15. «  OCÉAN INDIEN  : Diego Garcia et la nouvelle donne sino-américaine  ». Posté le mercredi 06 mars 2019, www.asafrance.fr
  16. https://www.conservativehome.com/platform/2020/01/david-snoxell-will-this-new-year-see-a-resolution-of-the-chagos-tragedy.html
  17.  Olivier Lenoir, “L’Inde réaffirme son soutien à Maurice sur la question des Chagos”, Le Grand Continent, 2018
  18. Avis consultatif de la Cour internationale de Justice du 15 février 2019.
  19. Voir LAURENT LAGNEAU, L’Assemblée générale des Nations unies demande à Londres de rendre la base de Diego Garcia à l’Île Maurice, 23 MAI 2019, http://www.opex360.com/
  20. https://la1ere.francetvinfo.fr/reunion/maurice-onu-reintegre-archipel-chagos-est-mauricien-836354.html
  21. To continue to ignore Chagos will have implications for the UK’s role and permanent seat on the Security Council, as happened in November 2017 when for the first time the UK judge on the ICJ failed to be re-elected. For a founding member of the UN and ICJ it would be humiliating to lose our seat on the Security Council and relegate the UK to a minor part on the international stage. The government must bring an end to this humanitarian tragedy, which continues to undermine our reputation for upholding the rule of law and human rights. We cannot preach to other governments what we are unwilling to do ourselves. And we cannot afford further litigation and international isolation.
  22. https://www.chagossupport.org.uk/post/2019/06/16/chagos-all-party-parliamentary-group-latest-meeting-coordinators-summary