Port-Louis, Maurice. Dans le conflit qui l’oppose au Royaume-Uni quant à l’archipel des Chagos, qui sera étudié à la Cour Internationale de Justice (Cij) début septembre, l’État mauricien a reçu le soutien de l’Inde, ce dimanche 19 août. Maurice confirme donc sa position favorable dans cette question épineuse, vieille de plus d’un demi-siècle.Port-Louis, Maurice. Dans le conflit qui l’oppose au Royaume-Uni quant à l’archipel des Chagos, qui sera étudié à la Cour Internationale de Justice (Cij) début septembre, l’État mauricien a reçu le soutien de l’Inde, ce dimanche 19 août. Maurice confirme donc sa position favorable dans cette question épineuse, vieille de plus d’un demi-siècle.

Les préparatifs des audiences publiques qui se tiendront du 3 au 6 septembre à la Cij de La Haye (2) s’accélèrent sous le soleil mauricien. Le Premier ministre de l’île, Pravind Jugnauth, a rencontré la ministre des Affaires étrangères indienne, Sushma Swaraj, qui lui a signalé par écrit que le représentant indien à La Haye tournerait le dos à son ancienne puissance coloniale au profit de Maurice (4), réaffirmant ainsi la solidité des relations indo-mauriciennes, actées notamment dans l’India-Mauritius Comprehensive Economic Cooperation and Partnership Agreement (Cecpa), signé en 2005 (5).

Cet événement traduit le retournement qui se fait jour au sujet de l’archipel des Chagos. Celui-ci avait en effet été détaché de l’État mauricien dès 1965, avant la décolonisation (qui eut lieu le 12 mars 1968). Devenu un Territoire britannique de l’Océan Indien, il avait permis aux États-Unis d’y installer la base militaire de Diego Garcia. Les Chagossiens, en majorité localisés sur l’île de Diego Garcia, avaient alors été déportés aux Seychelles et à Maurice dans des conditions très précaires et peu dignes, unanimement dénoncées depuis, sans jamais pouvoir retrouver leurs terres (3). L’archipel avait ensuite été déclaré “zone maritime protégée” par le Royaume-Uni en 2010. Cette situation, accentuée par les révélations de Wikileaks en 2010 selon lesquelles la conservation du parc marin visait à faire taire les revendications des Chagossiens en exil, ont généré un mouvement de contestation croissant, qui s’est conclu par le vote en juin 2017 d’une résolution à l’Onu demandant l’examen de cette question par la Cij.

Le Royaume-Uni semble par conséquent perdre pied dans cette querelle jamais désamorcée et rendue publique dans les années 2000 par de nombreux documentaires. Le vote de la résolution de juin 2017 avait déjà été interprété par la presse britannique comme un cuisant échec de la diplomatie post-Brexit (1), trois pays phares de l’Union ayant décidé de s’abstenir (France, Allemagne et Italie). Les débuts d’une victoire pour Maurice et le peuple chagossien ?

Perspectives

  • Les deux dernières semaines avant les audiences de la Cij seront cruciales pour la rédaction finale des déclarations du Royaume-Uni et de Maurice et la recherche de soutiens internationaux.
  • 3-6 septembre 2018 : la Cij tiendra des audiences publiques sur “les effets juridiques de la séparation de l’archipel des Chagos de Maurice en 1965”, auxquelles assisteront les représentants de 22 pays et un représentant de l’Union africaine. De celles-ci découlera l’essentiel de la suite de la question chagossienne.

Sources

  1. AGERHOLM Arriet, Chagos Islands : Mauritius sovereignty dispute reveals Brexit Britain’s loss of global influence, The Independent, 23 juin 2017.
  2. Cour Internationale de Justice, Effets juridiques de la séparation de l’archipel des Chagos de Maurice en 1965, communiqué de presse du 1er août 2018.
  3. JEFFERY Laury, Chagos Islanders in Mauritius and the UK. Forced displacement and onward migration, Manchester University Press, août 2011.
  4. NANCOO Hansa, L’Inde interviendra en faveur de Maurice devant la Cour internationale de justice, L’Express, 19 août 2018.
  5. République de Maurice, Mauritius-India : Fifth meeting pursues negotiations on CECPA, 10 juillet 2018.