1. L’état de la course
À l’échelle nationale, l’écart s’est creusé dans les sondages en faveur de Biden depuis le début du mois de mars. Biden, qui avait 4 points d’avance sur Trump en mars (selon les chiffres des sondages FiveThirtyEight) en a désormais plus de 8. Mais ces chiffres nationaux ne constituent pas les meilleurs indicateurs de l’issue de l’élection. À la différence du système français, le président américain n’est pas désigné à l’issue d’un scrutin direct universel. Il est élu par les 538 grands électeurs issus des différents états fédérés, lors d’un scrutin indirect. À l’échelle des États, le système électoral fonctionne selon une logique de winner-takes-all : une majorité relative suffit pour remporter la totalité des grands électeurs de l’État, qui se réunissent dans un second temps pour élire le président et son colistier.
Pour être élu, un candidat doit avoir remporté les voix de 270 grands électeurs. Or, du fait du système électoral, les voix de certains États sont quasiment assurées de revenir à l’un ou l’autre des candidats : la Californie est ainsi un État profondément démocrate, comme le Tennessee et l’Alabama sont profondément républicains. L’attention se porte alors sur les États considérés comme des swing states, susceptibles de basculer d’un côté ou de l’autre du spectre politique lors de l’élection. Cette appellation de swing states, ou battleground states, recouvre trois réalités très différentes.
Des États comme la Floride, le New Hampshire ou la Pennsylvanie sont des swing states classiques, souvent contestés lors des élections présidentielles, tandis que des États du sud comme l’Arizona, la Géorgie et le Texas, traditionnellement républicains, voient des dynamiques locales démocrates apparaître du fait d’évolutions démographiques récentes. Par exemple, Charles S. Bullock III, professeur à l’Université de Géorgie, parle d’un « Sud croissant » (Growth south) opposé à un « Sud stagnant » (Stagnant south) qui attire des populations venues du Nord, plus diverses ethniquement, et plus susceptibles de voter pour le candidat démocrate. Enfin, une troisième catégorie est constituée des États du Midwest considérés avant la défaite de Hillary Clinton comme des bastions démocrates, comme le Michigan, l’Iowa, l’Ohio ou encore le Wisconsin. Si les sondages annoncent Biden largement en tête dans des États remportés par Trump en 2016 comme le Wisconsin (+9 points) ou le Michigan (+8 points), aucun résultat net ne se dégage dans l’Ohio, où Trump est annoncé gagnant avec une très faible avance (+1.6 points), ou dans l’Iowa (+1.6 points pour Biden).
Le grand nombre d’États contestés traduit l’avance nationale très importante de Biden : une victoire en Floride, en Géorgie, au Texas et en Caroline du Nord devient possible pour les démocrates. Pour que Trump gagne l’élection, il lui faudrait conserver ces États, mais également remporter l’Iowa, l’Ohio, l’Arizona et la Pennsylvanie, qui lui permettraient d’atteindre un total de 278 voix.
Malgré l’avance de Biden dans les sondages, les journaux et les commentateurs politiques font preuve d’une grande prudence, qui s’explique en partie par le souvenir de l’élection présidentielle de 2016, lors de laquelle Hillary Clinton était donnée largement gagnante dans les sondages.
2. Un processus électoral chamboulé par la pandémie
Du fait de la crise sanitaire, les États ont assoupli les modalités de vote anticipé et de vote par correspondance pour désengorger les urnes le 3 novembre. Selon le United States Election Project, plus de 61,7 % des électeurs de 2016 avaient déjà voté le 30 octobre, dont une moitié dans les battleground states. Le fort taux de participation est à créditer dans sa majorité au camp démocrate, le président Trump ayant affirmé de manière répétée que ces nouvelles modalités pouvaient exposer le système à des fraudes massives, sans apporter aucune preuve de ces accusations. Les effets de ce vote anticipé sont donc difficiles à estimer : les Républicains espèrent une « vague rouge » se rendant aux urnes le jour de l’élection, comme lors de l’élection de 2016.
3. L’ombre de l’élection de 2016
Le souvenir de l’élection présidentielle de 2016 plane sur la campagne de 2020, à la fois du côté républicain et du côté démocrate, et accrédite l’idée que Trump pourrait remporter l’élection malgré les sondages. La présidente du Comité National Républicain, Ronna McDaniel, s’inscrit dans cette rhétorique lorsqu’elle déclare : « Les sondages d’aujourd’hui ne vont pas refléter ce que l’on verra le 3 novembre, et vous savez qui le sait mieux que personne ? Hillary Clinton ». Cette logique conduit à appréhender les évènements de 2020 dans la perspective d’une répétition de la campagne de 2016, un retour souhaité ou honni selon le camp politique. La tentative du camp trumpiste de créer un scandale autour de la figure de Hunter Biden, le fils de Joe, à quelques semaines de l’élection, est un rappel du scandale sur la messagerie privée d’Hillary Clinton, dans lequel la campagne de la candidate s’était embourbée à une dizaine de jours du vote.
Le spectre de 2016 a motivé une évolution stratégique du camp démocrate, mais aussi des acteurs du champ médiatique, des journaux aux réseaux sociaux. À la suite des discussions sur l’interférence étrangère dans la campagne, les réseaux sociaux ont mis en place des règles strictes pour lutter contre la désinformation et des mesures visant à renforcer le processus démocratique. Facebook a par exemple lancé une campagne en août 2020 ayant pour objectif d’encourager ses utilisateurs à aller voter. Toutes les publicités politiques ont par ailleurs été bannies la semaine précédant le vote.
4. Une stratégie attentiste du duo Biden-Harris
C’est notamment à la lumière du traumatisme de 2016 que se comprend le choix de Biden comme candidat, perçu comme le plus à même de séduire l’éléctorat ouvrier blanc de la Rust Belt, et plus largement les électeurs démocrates déçus par le parti en 2016. Ses choix de communication lors de la campagne signalent une volonté de s’inscrire dans la continuité des années Obama, qui a d’ailleurs été mobilisé dans les derniers jours de la campagne pour des levées de fond ou des rassemblements lors desquels il a vivement critiqué le président Trump.
L’ancien président entre en scène dans la dernière ligne droite de la campagne de Biden, dont les interventions depuis sa maison du Delaware se sont faites rares pendant l’été. Malgré cette accélération du rythme de la campagne, et le passage d’une campagne virtuelle à l’organisation de rassemblements physiques, Joe Biden comme Kamala Harris restent moins présents sur le terrain que Donald Trump : alors que le candidat démocrate visite rarement plus d’un État par jour, Trump accumule les voyages à travers les États-Unis, et a notamment prévu de participer à 11 rassemblements différents dans les dernières 48 heures de la course. Biden a cependant pu profiter de levées de fonds très efficaces pendant l’été, avec 383 millions de dollars collectés contre 125 de moins pour Trump, ce qui lui a permis d’entamer les derniers jours de la course avec une supériorité financière conséquente. La longue période de retenue médiatique qui a précédé pour Joe Biden et Kamala Harris la frénésie des derniers jours s’explique par une stratégie réactive face à la personnalité de Donald Trump, sommé de justifier son bilan et sa gestion de la crise sanitaire.
5. Un référendum sur la personnalité de Trump
Mike Donilon, le Directeur de la stratégie de la campagne de Joe Biden, a confirmé lors d’un entretien au New York Times que l’enjeu de la course était d’en faire un référendum sur Donald Trump, dont la personnalité et le style politique agressif ont aliéné une partie des électeurs. La prestation du président lors du premier débat avec Joe Biden, qui a vu Trump mettre en œuvre une stratégie particulièrement agressive, passant de l’interruption à l’invective, a ainsi été très défavorablement jugée par les spectateurs, perçue comme mauvaise par plus de 66 % des téléspectateurs selon un sondage Ipsos/FiveThirtyEight.
Alors que les présidents sortants ont souvent des chances élevées d’être réélus, Donald Trump souffre à la fois d’un rejet de son style et d’un bilan lourdement affecté par la crise sanitaire.
Si l’idée d’un « retour à la normale » n’est pas directement évoquée par Joe Biden, qui préfère les appels à l’unité nationale, le contexte de sa campagne rappelle celle du président Harding en 1920, qui avait choisi le Return to normalcy comme slogan de campagne après l’épidémie de grippe espagnole qui avait ravagé le pays.
6. La crise sanitaire, facteur d’impopularité du président
Alors que jusqu’à la fin du mois de février, une majorité d’Américains approuvait la gestion de la crise par le président, cette dynamique s’est inversée jusqu’à ce que la désapprobation atteigne 57.5 % à la fin du mois d’octobre, contre 39 % continuant à approuver la politique du président à ce sujet, selon un sondage du site FiveThirtyEight. Si l’argument principal de Trump pour sa réélection était la bonne santé économique du pays, plus de 50 % des Américains déclarent désormais être très inquiets des effets de la pandémie sur l’économie américaine.
Pendant la campagne, les démocrates ont beaucoup attaqué le président sur sa gestion de la crise, et sur le nombre élevé de morts depuis le début de l’épidémie. Accusé d’avoir pris la crise sanitaire à la légère, Trump est également critiqué pour ses nombreuses inconsistances, ses déclarations sur de potentiels remèdes, et ses moqueries sur le port du masque jusqu’au moment paroxysmique de sa contamination au Covid-19.
7. Les principaux thèmes de l’élection : système de santé, écologie et questions raciales
Bien que l’élection ait résolument pris la direction d’un référendum pour ou contre Trump, les programmes des candidats couvrent d’autres thèmes, abordés par les démocrates dans une perspective de constitution d’une large coalition.
Le premier de ces sujets est la question de la réforme de santé. À l’heure actuelle, les américains sont couverts par des assurances privées ou des programmes publics (Medicaid, Medicare…). La dernière grande réforme en date de ce système date de 2008 et d’Obamacare (le Patient Protection and Affordable Care Act), une des seules grandes réformes de Barack Obama tant le sujet était sensible. Obamacare a rendu obligatoire le fait d’avoir une assurance santé (sous la menace d’une amende, plus tard transformée en une taxe, plus constitutionnelle, dans National Federation of Independent Business v. Sebelius, 2010), interdit aux assureurs de discriminer entre les patients sur la base de leurs antécédents médicaux (pre-existing conditions) et créé de nouvelles subventions pour les familles à faibles revenus. Obamacare est aujourd’hui populaire, et le cœur du débat semble s’être déplacé depuis la primaire démocrate sur la création d’un système d’assurance public, au moins sous la forme de souscription optionnelle. Joe Biden soutient la création d’une option publique au titre qu’elle favoriserait la concurrence et laisserait le choix aux américains. Le candidat démocrate se défend toutefois de vouloir supprimer le système d’assurance privée, une mesure extrêmement impopulaire bien que la création d’une option publique soit généralement vue comme un premier pas vers le Medicare for all.
La position de Donald Trump sur la question de la santé est complexe et parfois difficile à démêler. Le président des États-Unis a échoué durant son mandat à abroger Obamacare et le remplacer par Trumpcare, un projet torpillé à la dernière minute par John McCain, mais a pu réduire à zéro le montant de la « taxe » en cas de non-assurance (supprimant ainsi le individual mandate, de loin la mesure la plus impopulaire de Obamacare). Croyant que son opposition à Obamacare a été un facteur de son succès en 2016, Donald Trump continue de s’y opposer — l’attaquant en justice avec le soutien de son administration dans Texas v. United States qui sera examiné par la Cour Suprême en novembre — même s’il soutient pourtant la mesure phare (l’assurance des pre-existing conditions) et n’a pas précisé ses intentions pour le remplacer. Le président et le parti Républicain sont donc dans une situation particulièrement compliquée dans la mesure où ils soutiennent un recours légal contre Obamacare, sans plan pour le remplacer et malgré un soutien paradoxale affiché vis-à-vis de ses principales dispositions. De plus, dans Texas v. United States, le monde politique américain anticipe que la nouvelle majorité de la Cour Suprême a toutes les chances de déclarer le individual mandate (l’obligation personnelle de s’assurer) anticonstitutionnel, sans que le reste du texte ne soit pour autant modifié pour cause de severability (permettant ainsi de maintenir la protection des pre-existing conditions) ce qui rend le sujet moins urgent qu’il n’en a l’air.
Si l’économie est une préoccupation majeure pour les américains, elle est, actualité oblige, essentiellement traitée sous l’angle de la crise sanitaire. Donald Trump, invariable sur ce point depuis le début de la crise, défend la réouverture du pays au nom de l’économie, là où Biden se montre plus prudent. De manière plus surprenante, la question du salaire minimum fédéral a également fait son apparition lors du dernier débat entre les deux candidats. Donald Trump, poussé par l’aile sociale de son socle (représentée notamment par le présentateur de Fox News Tucker Carlson) s’est déclaré favorable à des efforts en ce sens, en insistant cependant sur la nécessité que de telles décisions soient prises au niveau local. Joe Biden quant à lui défend un salaire minimum fédéral de 15 dollars, une mesure soutenue par deux tiers des américains.
La question raciale, très porteuse pendant l’été immédiatement après la mort de Georges Floyd, semble avoir perdu de son importance dans le débat. Donald Trump assure toutefois qu’il en a “plus fait pour les noirs américains que n’importe quel président à l’exception peut-être de Abraham Lincoln”. De manière générale, le soutien pour le mouvement Black Lives Matter a reculé dans l’opinion depuis juin (où il s’établissait à 67 %) tandis que l’opinion s’est lassée des émeutes. Le thème semble plutôt ‘radioactif’ pour les démocrates soucieux de préserver leur avance dans les sondages. Joe Biden dénonce toutefois le « racisme institutionnel » aux États-Unis, signe que le thème s’est déplacé sur le terrain culturel.
Le réchauffement climatique est également un sujet mineur de la campagne. Joe Biden promet de rejoindre l’Accord de Paris et de réduire les émissions de gaz à effet de serre grâce à un ambitieux Green New Deal, qui évoque beaucoup celui mis en avant par Alexandria Ocasio-Cortez, ce dont le candidat démocrate se défend selon les circonstances. Trump célèbre quant à lui les réductions d’émissions américaines, quitte à les exagérer et malgré une rhétorique défavorable aux énergies renouvelables pendant la durée de son mandat. La situation est d’autant plus compliquée que les américains travaillant dans le secteur de l’énergie, notamment dans les forages de Pennsylvanie, sont perçus comme l’électorat susceptible d’apporter la victoire à l’un ou à l’autre des candidats. Joe Biden a ainsi dû revenir sur ses positions antérieures : il ne s’oppose plus au fracking.
Quant aux questions de politiques étrangères, à l’approche jacksonnienne du président Trump analysée par Maya Kandel dans un article du Grand Continent, s’oppose une doctrine Biden dessinée dès les primaires, qui vise à apaiser les relations des États-Unis avec ses alliés traditionnels.
Les démocrates défendent sur l’ensemble de ces thèmes des positions centristes, cherchant à rassembler une large base électorale autour de mesures plus consensuelles. Les autres grands thèmes sont essentiellement absents de la campagne qui a pris le tour d’un référendum pour ou contre Donald Trump, dans lequel les sujets qui intéressent les américains ne sont utilisés que sous formes de clips pour diminuer les chances des candidats auprès de segments très précis de l’électorat.
8. Une stratégie trumpiste agressive qui informe le débat public depuis 2016
Donald Trump a quant à lui fait le choix d’une campagne agressive et injurieuse contre Joe Biden, surnommé « Sleepy Joe » (« Joe l’endormi »). L’attaque favorite du président consiste à reprocher son âge à Joe Biden, lié à une supposée sénilité. Dans un récent tweet de Trump, Biden était dépeint sous les traits d’un pensionnaire de maison de retraite, assis dans un fauteuil roulant, avec pour légende « Biden for PResident ». À ces attaques s’ajoutent les accusations de collusion avec la Russie, reprises notamment lors du dernier débat présidentiel. Trump avait alors déclaré « Joe a récupéré 3,5 millions $ de la Russie, et c’est venu de Poutine (…) tu as eu 3,5 millions, ta famille a eu 3,5 millions ». Ce que Trump vise en évoquant la famille de Biden est le fils de ce dernier, Hunter Biden. Depuis le mois de décembre 2019 et la procédure de destitution entamée à son encontre, Trump s’attaque au fils pour atteindre le père, accusant ce dernier d’avoir profité de son poste de vice-président pour aider Hunter à faire des affaires en Ukraine. De nouvelles accusations liées à la figure de Hunter Biden ont été relayées par le Président dans les dernières semaines de la campagne, signalant une stratégie trumpiste qui se nourrit de scandales et d’invectives.
9. Trump peut-il convaincre à nouveau la coalition de 2016 ?
La stratégie trumpiste a pu aliéner une partie de ceux qui l’ont soutenu lors de l’élection de 2016. Ses attaques contre l’âge de Biden ont heurté les seniors, un groupe social parmi lequel sa popularité est en baisse. De même, tout au long de son mandat, son style injurieux a risqué de l’éloigner d’un autre groupe d’électeurs, les femmes blanches des banlieues pavillonnaires (suburbia). La perte de cet électorat pourrait s’avérer fatale dans des États comme la Géorgie, la Pennsylvanie et l’Arizona. Le camp Trump a dépêché dans ces États deux figures proches du président, susceptibles de séduire cet électorat volatile : Ivanka Trump a sillonné les banlieues de Géorgie, tandis que Melania Trump, traditionnellement peu mobilisée, s’est rendue en Pennsylvanie.
La coalition de 2016 n’est plus : les femmes, particulièrement les femmes blanches des zones périurbaines, se tournent de plus en plus vers le camp démocrate. Relativement à Hillary Clinton en 2016, Biden séduit davantage les seniors et les électeurs blancs non-diplômés du supérieur. Choisi pour sa popularité relative parmi les ouvriers du Midwest, il pourrait parvenir à convaincre une partie de ce groupe électoral, devenu plus nettement républicain depuis la crise, de voter à nouveau pour le camp démocrate. En revanche, par rapport à 2016, la base du président s’est élargie pour inclure davantage d’électeurs hispaniques et de jeunes électeurs afro-américains. Le soutien des jeunes afro-américains (18-44 ans) au candidat républicain a doublé depuis 2016, passant de 10 à 21 % selon les sondages du Democracy Fund + UCLA Nationscape.
10. Une élection présidentielle qui cache d’autres enjeux de politique américaine
L’élection du 3 novembre n’est pas qu’une élection présidentielle. À l’échelon national, la date marquera également le renouvellement de l’ensemble de la Chambre des représentants, et de 35 des 100 sièges du Sénat. Localement, ce sont également 13 postes de gouverneurs qui sont renouvelés à travers le pays. Les résultats des élections locales sont particulièrement importants en 2020, dernière année avant la publication du recensement. À partir des données du recensement sont redessinés les districts électoraux, souvent dans l’objectif d’avantager son propre parti, dans une pratique appelée le gerrymandering (découpage électoral partisan). Alors qu’en 2010, date du dernier recensement, les Républicains avaient dessiné la majorité des cartes électorales, la victoire annoncée des démocrates en 2020 devrait leur donner un avantage certain sur le découpage des districts, et donc sur les votes, lors de la prochaine décennie.
De plus, les résultats de l’élection vont conditionner le futur du parti républicain. Une victoire de Trump permettrait de retarder le débat sur la ligne politique du parti, mais risquerait de causer une crise de succession à l’horizon 2024. Si Trump perd l’élection présidentielle, le parti républicain pourrait entrer dans une crise profonde. Les sénateurs qui ont rejoint le courant trumpiste, alors qu’ils avaient été élus sur une ligne plus modérée, comme Ron Johnson dans le Wisconsin ou Thom Tillis en Géorgie, pourraient être entraînés dans sa défaite et marginalisés par le reste du parti. Une large victoire de Biden forcerait le parti Républicain à avoir un débat sur l’avenir du mouvement et la place du trumpisme en son sein, alors qu’une victoire plus serrée pourrait avoir des effets tout à fait différents.