Il faut rassembler des données hétérogènes, des savoirs et des profils qui se parlent rarement pour donner forme, pendant la crise, au monde qui viendra après. Le Groupe d’études géopolitiques publie aujourd’hui, dans le cadre des publications de l’Observatoire géopolitique du Covid-19, sa quatrième note pour l’action qui donne une vue d’ensemble synthétique des enjeux de la restructuration de la dette en Amérique latine, signée Sebastián Nieto-Parra et Olivier Vallée, avec un avant-propos de Mario Pezzini, Directeur du Centre de développement de l’OCDE.
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Dette publique et COVID-19. Payer pour la crise en Amérique latine et aux Caraïbes
Les situations financières et capacités d’accès aux marchés internationaux antérieures au COVID-19 déterminent l’aptitude des pays d’Amérique latine et des Caraïbes à se remettre de cette crise sans précédent. Avec une marge de manoeuvre budgétaire trop étroite pour prendre des mesures exceptionnelles et importantes, la coordination mondiale de la gestion de la dette publique sera essentielle pour atténuer les conséquences socio-économiques déjà dévastatrices de la crise dans la région. La plupart des pays de la région sont entrés dans la crise COVID-19 avec une marge de manoeuvre budgétaire et fiscale limitée. Les circonstances actuelles entraînent une diminution des recettes fiscales et l’impossibilité d’augmenter les impôts afin de financer les dépenses nécessaires pour répondre à la crise.
La gestion de la dette publique est une option qui nécessite une action internationale. Il n’existe pas de solution unique pour gérer la dette publique en raison de conditions budgétaires initiales hétérogènes entre les pays, de type de créanciers étrangers et, enfin, de capacité financière à recourir aux marchés de capitaux. Afin de résoudre ces problèmes, il est nécessaire de mener une action politique :
- Il faut une action coordonnée entre les détenteurs d’obligations et les acteurs des marchés des capitaux pour restructurer la dette émise par les pays qui étaient déjà confrontés à des difficultés financières avant la crise.
- Le soutien doit aller au-delà du niveau de revenu et se concentrer sur les économies qui n’ont pas ou peu d’accès aux marchés.
- D’autres pays, qui jouissaient déjà d’une bonne viabilité budgétaire avant la crise, doivent conserver l’accès aux marchés des capitaux où la prime de risque reste faible et grâce auxquels ils peuvent lever les fonds nécessaires pour répondre à la crise.
- Enfin, un autre groupe de pays pourrait avoir accès aux marchés des capitaux mais être confronté à un coût de la dette élevé en raison d’une détérioration de la perception de la viabilité de leur dette par les marchés. Il existe plusieurs options politiques, notamment le moratoire sur la dette, l’allégement de la dette, la création d’un véhicule spécial pour financer la crise ou payer la dette, ou encore l’utilisation des DTS – droits de tirage spéciaux. Le dénominateur commun de ces options est qu’elles nécessitent une coopération internationale, impliquant les banques multilatérales, les pays développés et/ou les créanciers privés.
La crise du COVID-19 a été un choc exceptionnel, inattendu et exogène pour les pays de la région. Les marchés financiers internationaux disposent toutefois toujours de liquidités abondantes, ce qui rend cette crise différente des crises mondiales passées. Une action internationale coordonnée doit contribuer à résoudre les problèmes de viabilité de la dette et à répondre aux conséquences de la crise.