Le Covid-19 en Russie a eu un impact particulièrement fort : avec plus de 765 000 cas au total, le pays est désormais le quatrième pays le plus infecté au monde. En revanche, le nombre de décès est relativement faible, avec seulement 12 247 décès. Ceci, comme nous l’avons déjà dit sur Le Grand Continent, a conduit à plusieurs critiques des chiffres publiés par le gouvernement, le Financial Times considérant que le nombre de décès pourrait être 70 % plus élevé que le chiffre officiel1. La difficulté d’avoir une transparence sur les chiffres est due à l’énorme difficulté de communiquer sur le virus : il est interdit de diffuser des fausses nouvelles sur le virus ou d’en discuter publiquement depuis avril, ce qui limite par ailleurs toute information non officielle sur le sujet.2

Le gouvernement a répondu de manière décisive à ces critiques : le gouvernement russe, et en particulier Tatiana Golikova, vice-PD, a répondu au CE que le pays « manipule les statistiques officielles ». La méthode de compilation des décès était « exceptionnellement précise » et incluait un grand nombre de personnes qui avaient été déclarées dans un contrat avec le coronavirus, mais qui seront tuées « par une autre cause »3.

Dans cette situation, il est intéressant de voir comment, aujourd’hui, le gouvernement russe gère le contrôle de la propagation de la contagion sur un territoire, celui de la Fédération de Russie, qui est énorme et présente des conditions extrêmement variées. Contrairement à la centralisation décidée par de nombreux États, et un peu pour détourner la responsabilité politique d’elle-même, puisque le « centre » qui absorbe et gère les ressources et les recettes fiscales semble incapable de contrer adéquatement la propagation du virus sur l’immense territoire national, le Kremlin a adoptée une approche visant à la régionalisation de la réaction à la pandémie4. Au lieu de proposer un plan national de déconfinement, le gouvernement russe applique un système variable, au niveau régional, dans lequel chaque agence fédérale de la Fédération se voit recommander un degré de déconfinement différent.

Comme le montre la carte ci-dessus, produite en exclusive par Le Grand Continent, le système est basé sur une échelle allant de la « Phase 0 » (confinement total) à la « Phase 3 » (réouvertures généralisées appliquant les règles de la distanciation sociale). L’attribution à chaque organisme fédéré de sa propre phase comprend l’évaluation de paramètres tels que le taux d’infection (Rt), calculé comme le nombre moyen de personnes infectées par un patient avant l’isolement, la capacité des lits libres dans les hôpitaux et la couverture des tests.5 Les collectivités locales se voient accorder un certain degré d’autonomie, dans le cadre des règles générales, sur les institutions et les activités à ouvrir. Ces données sont mises à jour une fois par semaine.