Il faut rassembler des données hétérogènes, des savoirs et des profils qui se parlent rarement pour donner forme, pendant la crise, au monde qui viendra après. Le Groupe d’études géopolitiques publie aujourd’hui, dans le cadre des publications de l’Observatoire géopolitique du Covid-19, sa quatrième note de travail qui, pour illustrer les difficultés liées à l’intégration différenciée, applique les principales connaissances théoriques et empiriques tirées d’expériences passées d’intégration différenciée, aux domaines de la politique de l’Union les plus touchés par la crise et faisant l’objet d’un besoin de réforme : la zone euro, Schengen et le Brexit.
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Crise et réforme de l’Union européenne. L’intégration différenciée est-elle la réponse ?
La pandémie de Covid-19 renforce les crises d’intégration que l’Union européenne a connues au cours de la dernière décennie. Le choc asymétrique de la pandémie exacerbe les écarts existants en matière de performance économique et de santé budgétaire entre les États membres du Nord et du Sud de l’Europe et exerce de nouvelles pressions sur la cohésion de la zone euro.
Les fermetures unilatérales des frontières en réaction à la propagation du virus ont perturbé l’espace Schengen, dont la cohérence avait déjà été mise à mal en 2015, par un accroissement des flux migratoires. Enfin, la pandémie a frappé pendant la phase cruciale des négociations sur les relations économiques post-Brexit entre l’Union et le Royaume-Uni. Le principe de « conditions de concurrence équitables » au coeur du marché intérieur n’est pas seulement mis à l’épreuve, mais il est également menacé par la suspension des règles de l’Union en matière d’aides d’État. Dans tous ces domaines touchés par la crise, les réformes étaient dans l’impasse avant la pandémie – la question est de savoir si le choc du Covid-19 débloquera les négociations ou réduira davantage la marge de manoeuvre pour les accords à venir.
Dans une Union de plus en plus hétérogène et contestée, l’intégration différenciée a considérablement facilité l’approfondissement et l’élargissement de l’intégration européenne. Elle a été particulièrement efficace pour lancer l’intégration de nouvelles politiques et l’admission de nouveaux États membres. La différenciation est toutefois moins adaptée pour relever les principaux défis actuels de l’Union européenne : la révision et la réforme des politiques hautement intégrées qui sont en crise. Pour illustrer les difficultés liées à l’intégration différenciée, cette note applique les principales connaissances théoriques et empiriques tirées d’expériences passées d’intégration différenciée, aux domaines de la politique de l’Union les plus touchés par la crise et faisant l’objet d’un besoin de réforme : la zone euro, Schengen et le Brexit.