Super-Timmermans
Les travaillistes (sociaux-démocrates) du Partij van de Arbeid (PvdA) ont remporté jeudi soir aux Pays-Bas une victoire éclatante. Avec 5 sièges (+3) sur les 26 dont disposent les Pays-Bas et un score de près de 18 %, ils devancent largement le VVD (ADLE) du premier ministre Mark Rutte, qui remporte 4 sièges (=) et 15 % des voix. Le parti néo-nationaliste Forum voor Democratie (FvD), attendu en tête, ne décroche finalement que la quatrième place, avec 3 sièges (+3), à égalité avec les Verts (+1). Le PVV du jadis flamboyant Geert Wilders, l’une des têtes de file de la vieille garde de l’extrême-droite européenne, devra se contenter d’un siège (-3), de même que le parti de la gauche radicale SP (-1). Particularité néerlandaise, le parti 50PLUS, représentant les intérêts des personnes âgées, remporte un siège (=).
L’équilibre des groupes électoraux au sein de la délégation du Royaume se déplace donc clairement vers la gauche. Une opposition que les sondeurs n’avaient pas vu venir, eux qui prédisaient, comme nous vous le disions hier, un duel au sommet entre les libéraux et l’extrême-droite. Or les deux partis néo-nationalistes remportent finalement 4 sièges, soit autant qu’en 2014 ; quant aux groupes libéral et de centre-droit, ils sont en recul, alors que les forces « progressistes » (sociaux-démocrates et verts) s’arrogent près d’un tiers des sièges. Au bilan, les groupes du PPE, de l’ADLE et des S&D sont pratiquement à égalité.
Un succès qui doit beaucoup à l’excellente campagne de Frans Timmermans, à la fois candidat des sociaux-démocrates européens à la présidence de la Commission et tête de liste du PvdA. En dépit du recul annoncé de son camp à l’échelle continentale, celui qui est encore vice-président de la Commission a su s’affirmer comme l’une des personnalités-clefs de la prochaine législature. Si sa visibilité, comme celle des autres Spitzenkandidaten, reste encore limitée hors de son pays, sa capacité à incarner de manière crédible les idées de son camp lui a permis de remporter chez lui une victoire incontestable, immédiatement saluée par les autres chefs de parti.
L’« effet Timmermans » se manifestera probablement de manière beaucoup plus modeste (voire pas du tout) en dehors des frontières néerlandaises. L’issue du scrutin néerlandais démontre cependant deux choses : d’abord que les équilibres continentaux n’ont aucune raison de se déplacer unanimement en direction des extrêmes, ce d’autant plus que la participation faible (41 %) peut profiter aux camps les plus traditionnellement pro-européens ; ensuite que le camp social-démocrate a probablement trouvé la personnalité essentielle qui l’incarnera pour la prochaine législature.
Selon la loi néerlandaise, les résultats officiels ne seront connus qu’à l’issue de la fermeture des bureaux de vote dans les derniers États européens, dimanche soir aux alentours de 23h.