Tunis. Comme à son habitude, le Brookings Doha Center a produit une intéressante comparaison des positions des partis islamiques en Afrique du Nord (1). Ses études sont particulièrement pertinentes lorsqu’il s’agit d’analyser les différences entre les situations tunisienne et égyptienne, notamment en ce qui concerne leurs politiques économiques. Si l’on se souvient qu’il y a plus de femmes que d’hommes dans l’enseignement supérieur en Tunisie (comme en Iran aujourd’hui) et que Ennahda, contrairement aux analyses les plus grossières, a su se concilier les femmes et lever l’interdiction d’épouser un non musulman, on comprend mieux que ses succès électoraux ne faiblissent pas.
D’autre part, en Egypte, il est tentant d’imputer à la misogynie du personnage le peu d’émoi suscité par la chute de Mohammed Morsi chez beaucoup des femmes, qui avaient été en première ligne des manifestations au Caire. En effet les Frères Musulmans égyptiens avaient choqué une partie du monde en estimant que les victimes féminines portaient la responsabilité des viols et agressions subis. Le peu d’évolution, depuis la fin du régime de Nasser, du statut des femmes (qui doivent toujours demander l’autorisation de leur mari pour quitter l’Egypte) contribue aussi à leur faible capacité à peser dans le processus démocratique, ce qui comparativement semble mieux engagé en Tunisie.
Dans ce contexte, le FMI, qui contraint la Tunisie à un très rude ajustement à cause de ses déséquilibres macroéconomiques (2), ne prend pas en compte ce genre d’indicateurs, comme le nombre de femmes élues, les droits qu’elles possèdent et le savoir qu’elles maîtrisent. Il oublie que les femmes tunisiennes sont mieux éduquées que leurs voisines égyptiennes et que, pour les plus pauvres, l’éducation est le premier gage de la liberté.
Perspectives :
- Le FMI recommande aux autorités de s’attaquer aux pressions qui s’exercent sur le budget. Pour y arriver, ili souligne la nécessité d’accroître les recettes en 2018, d’ajuster les prix de l’énergie afin de limiter l’impact des prix internationaux du pétrole sur le budget, de procéder à des départs volontaires pour les fonctionnaires, de ne pas accorder de nouvelles augmentations salariales – à moins que la croissance soit supérieure aux prévisions – et de réformer les retraites.
Sources :
- ABDEL GHAFAR Adel, HESS Bill, Islamist Parties in North
Africa : A Comparative Analysis of Morocco, Tunisia and Egypt, Brookings Doha Center, juillet 2018. - SAMOUD Wafa, Ce que recommande le FMI à la Tunisie, Huffpost Maghreb, 10 Juillet 2018.
Olivier Vallée