Oslo. S’exprimant contre la position défendue dans une tribune du 21 juin 2018 publiée dans l’Aftenposten (6) par deux chercheurs de l’institut de recherche Nupi (Norsk Utenrikspolitisk Institutt) selon lesquels l’Otan et surtout la Norvège poursuivrait une politique de sécurité unilatéralement orientée vers la dissuasion à l’encontre de la Russie, renforçant ainsi les tensions, le Secrétaire d’État norvégien à la défense a publié le 9 juillet 2018 une déclaration intitulée “Une politique équilibrée” (2). Les autorités norvégiennes affirment au contraire que, depuis son entrée dans l’Otan en 1949, la Norvège a cherché à mener une politique de sécurité équilibrée favorisant l’apaisement avec la Russie – un apaisement qui ne signifie pas pour autant acquiescer aux violations du droit international comme l’annexion de la Crimée par la Russie. Ainsi, le gouvernement justifie sa politique visant à renforcer sa défense nationale. Les dépenses de défense ont en effet augmenté de 24 % depuis 2013 et la Norvège a massivement investi dans les capacités stratégiques et augmenté le nombre d’exercices conjoints pratiqués avec les alliés – en Norvège et ailleurs.
C’est ce qu’affirme également une deuxième déclaration du 10 juillet 2018 (1) prônant l’unité et le partage des charges parmi les membres de l’Alliance lors du sommet. Dans cette même déclaration, le gouvernement évoque également le fait que la Norvège est particulièrement engagée dans le renforcement de la position maritime de l’Otan, en particulier dans le nord, et insiste de ce fait sur le rôle essentiel du nouveau quartier général conjoint à Norfolk, responsable des lignes de communication de l’Atlantique et de la mer.
Les chercheurs du Nupi pensent que la politique norvégienne de “coopération étroite avec la Russie combinée à une présence plus forte de l’Otan dans le nord” se déséquilibre depuis 2014 en faveur d’une politique de dissuasion anti-russe et d’une relation plus étroite avec les États-Unis (6). La Norvège joue en effet un jeu d’équilibriste dans sa relation avec la Russie, entre soutien aux sanctions européennes, rôle fort dans l’Otan pour la défense du Grand Nord et nécessité de préserver de bonnes relations pour collaborer sur des enjeux communs en Arctique, dans la région de Barents notamment. Elle salue de ce fait l’issue positive du sommet de l’Otan ayant débouché d’après le Secrétaire général Jens Stoltenberg sur une prise de conscience de la nécessité pour les pays européens d’augmenter leurs dépenses en matière de défense afin de ne plus être dépendants des États-Unis (3). La Norvège suit également de près les avancées de l’Europe de la défense (5).
Perspectives :
- Visite le 14 juillet 2018 du Secrétaire d’État américain à la défense à Oslo qui rencontrera le Ministre de la défense et la Ministre des affaires étrangères de Norvège (4).
- Incertitudes sur le fait que la Norvège atteigne l’objectif de 2 % du PIB de dépenses en matière de défense d’ici 2024.
Sources :
- FORSVARSDEPARTEMENTET og UTENRIKSDEPARTEMENTET, Alliert samhold og byrdefordeling viktig på NATO-toppmøtet, pressemelding, 10 juillet 2018.
- HALVORSEN Audun, En balansert sikkerhetspolitikk, publié le 9 juillet 2018 sur le site du Ministère de la défense norvégien (Forsvarsdepartementet) et le 8 juillet dans l’Aftenposten.
- LANGBERG Øystein, Dramatisk avslutning på NATO-toppmøtet : – Landene har forstått alvoret, sier Stoltenberg, Aftenposten, 12 juillet 2018.
- STATSMINISTEREN KONTOR, USAs forsvarsminister møter Frank Bakke-Jensen og Ine Eriksen Søreide i Oslo, pressemelding, 10 juillet 2018.
- SVENDSEN Øyvind, Kan EU erstatte NATO ?, NUPI n°3 2018, 12 juillet 2018.
- WILHELMSEN Julie og GJERDE Kristian Kundby, Hva er en klok NATO-politikk overfor Russland ?, Aftenposten, 21 juin 2018.