Tachkent, Douchanbé. Depuis 18 mois, les relations historiquement tendues entre l’Ouzbékistan et ses voisins orientaux le Kirghizistan et le Tadjikistan se sont apaisées.

Aujourd’hui, cependant, certains signes semblent indiquer la fin de ce dégel. Cette semaine, les négociants signalent que des restrictions ont été imposées à la frontière entre le Tadjikistan et l’Ouzbékistan sur la quantité de biens qu’ils avaient le droit de transporter. Après les réunions de haut niveau du mois de mars qui laissaient promettre des liens plus resserrés et une série d’accords rendant la traversée de la frontière plus simple pour les biens et les personnes, ces nouvelles restrictions semblent plutôt incongrues (2).

La nouvelle réglementation limite en effet à 40 kg la quantité de biens pouvant traverser la frontière (1). Une telle décision pourrait freiner l’expansion du commerce de textile que les pays d’Asie centrale ont cherché à consolider à l’occasion d’une foire commerciale qui eut lieu à Tachkent cette année. Bien sûr, le commerce contrôlé par le gouvernement pourra certainement échapper à ces restrictions puisque, dans les deux pays, la loi s’applique différemment envers les alliés du régime. Malgré tout le mal qu’elles peuvent faire aux libertés économiques, ces restrictions n’auront probablement pas d’impact significatif puisque d’importants volumes de biens sont échangés sous contrôle de l’État ou d’entreprises qui lui sont fortement liées. Cette restriction est-elle le signe d’un renouvellement des tensions ou bien la simple poursuite du contrôle exercé par les élites sur les économies ouzbèkes et tadjikes ? L’avenir nous le dira. Ce qui est déjà certain, c’est que, pour les communautés et les petits négociants exerçant près de la frontière, le défi est déjà de taille.

Perspectives

  • Dans un future proche, le renforcement des restrictions et des fermetures de la frontière serait le signe d’une dégradation des relations. Au contraire, si ces restrictions sont rapidement levées, cela pourrait signifier que le gouvernement central cherche à poursuivre ses réformes contre la volonté des pouvoirs locaux proches de la frontière.
  • À plus long terme, les rencontres entre les deux chefs d’État, le président ouzbek Shavkat Mirziyoyev et le président tadjik Emomali Rahmon pourraient devenir moins fréquentes et moins cordiales.

Sources :

  1. Tajikistan slaps restrictions on imports from Uzbekistan, Eurasianet, 6 juillet 2018.
  2. “Counting The Days” : Tajiks, Uzbeks Have Great Expectations After Landmark Border Deals, RFE/RL, 15 mars 2018.