Istanbul. Bien qu’elle ne puisse être assimilée à la Chine ou à l’Inde en termes de poids économique, ni d’influence à l’échelle mondiale, la Turquie a cherché à se tailler une position géopolitique de plus en plus marquée au cours de la dernière décennie, sous l’influence de la théorie “zero problème avec les voisins” de son ancien ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu.

La présence turque est également évidente dans les régions du monde touchées par des conflits, en termes de liens commerciaux, d’aide gouvernementale et non gouvernementale, de coopération en matière de sécurité et d’efforts de médiation diplomatique (2). Une attention particulière devrait être accordée à cet égard aux États d’Asie centrale, où la Turquie entretient des liens étroits en jouant son rôle dans le contexte des relations ethnolinguistiques (2).

La Turquie a été le premier pays à reconnaître les déclarations d’indépendance de tous les pays d’Asie centrale. Ankara a cherché à approfondir cette relation en augmentant le nombre d’échanges officiels et diplomatiques, en annonçant des accords commerciaux potentiels, en promettant la libre circulation des capitaux et en poursuivant une approche globale de la coopération économique (3). Parmi les exemples, on peut citer le nombre de bourses accordées à des étudiants étrangers pour étudier en Turquie, la télévision par satellite turque, qui diffuse également en Asie centrale, et la fréquence des vols vers cette région au départ des aéroports turcs.

Il semble donc nécessaire de poser quelques questions dans cette phase de renforcement post-électoral : comment la Turquie équilibrera son soutien déclaré aux institutions démocratiques avec son approche apparemment pragmatique axée sur la coopération économique et énergétique avec des régimes antidémocratiques ? Si la Turquie choisit de s’engager dans la résolution de conflits, utilisera-t-elle son budget d’aide croissant pour promouvoir la paix et la construction des État en Asie centrale et, si oui, comment ? Quels autres instruments utilisera-t-elle pour promouvoir la stabilité ? Enfin, la Turquie a des relations commerciales croissantes avec la Chine, une dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie et une alliance de sécurité traditionnelle avec les États-Unis : Ankara pourra-t-elle continuer à être un État pivot ?

Sources :

  1. Turkey to assist Kyrgyzstan in strengthening of Defence Ministry, Security Council and Frontier Service, 24K News Agency, 13 January 2012.
  2. KILIC Gulay, Turkey’s Foreign Aid Policy Towards Central Asia from a Comparative Perspective, Thesis Submission, Middle East Technical University, April 2011.
  3. Turkish Ministry of Foreign Affairs, Resolution of Conflicts and Mediation, 11 October 2012.