Washington. La tentative bipartisane de certains sénateurs américains favorables au libre-échange, dirigés par les républicains Bob Corker et Pat Toomey, d’adopter un amendement à la National Defense Authorization Act 2019 pour limiter les pouvoirs du Président d’appliquer des droits et tarifs protectionnistes pour des raisons de sécurité nationale (4) a pris fin sans rien de concret.
Après une semaine de négociations, Corker, Toomey et leurs collègues se sont heurtés au veto du sénateur républicain James Inhofe, qui, chargé de gérer le débat sur la loi, a jugé l’amendement inapproprié et a donc rejeté la demande de le soumettre au vote. L’affrontement qui a lieu au Congrès n’est pas entre les partisans du libre-échange et les protectionnistes, mais entre les partisans du Président et ses opposants, en particulier dans les rangs du Grand Old Party. Bien que même parmi les partisans il y ait un scepticisme généralisé à l’égard de la Maison Blanche, le fait que Donald Trump, selon un récent sondage Gallup, a le soutien de 90 % de l’électorat républicain oblige la majorité de l’establishment à soutenir ses politiques en vue des élections à moyen terme (2). Pour la même raison, le Parti n’a pas critiqué les résultats du sommet du G7, où Trump a confirmé les tarifs douaniers sur l’acier et sur l’aluminium pour les alliés occidentaux.
Le résultat actuel de la dynamique au sein du Grand Old Party ne peut que laisser l’Union européenne insatisfaite, suscitant des inquiétudes face à la direction protectionniste des États-Unis, qui n’est peut-être pas seulement temporaire. Peu de choses ont été faites pour rassurer la minorité républicaine, dirigée par le sénateur John McCain, qui, dans une déclaration, a voulu rappeler à « nos alliés » que « les Américains sont avec vous, même si le président ne l’est pas » (3).
Perspectives :
- Jusqu’aux élections de mi-mandat en novembre prochain, il est très peu probable que la majorité républicaine au Congrès puisse prendre une position contraire aux politiques commerciales de l’administration Trump (1). Le Grand Old Party poursuivra ses efforts pour concilier les besoins électoraux avec ses principes politiques, où le libre-échange joue toujours un rôle important.
- L’Union européenne est actuellement spectateur de ce qui se passe de l’autre côté de l’Atlantique, s’étant montrée incapable d’influencer les politiques commerciales de l’administration Trump. Les frictions au sommet du G7 semblent susceptibles de se reproduire à moyen terme, avec le risque qu’elles se poursuivent à long terme, principalement grâce au soutien de l’électorat républicain à Trump, en particulier si les candidats en faveur de la ligne « trumpienne » réussissent en novembre.
Sources :
- DONNAN Shawn, Republican free traders walk tightrope over Trump policy, Financial Times, 14 juin 2018.
- Presidential Approval Ratings — Donald Trump, Gallup, 10 juin 2018.
- MASCARO Lisa, GOP leaders in Congress largely silent on Trump’s G-7 tirade, The New York Times, 11 juin 2018.
- ZENGERLE Patricia, Senate will not ‘poke the bear’ Trump by passing tariff measure : lawmaker Reuters, 13 juin 2018.