Rome. Le Mouvement 5 étoiles et la Ligue travaillent ensemble à la formation d’un gouvernement (ou ont formé, vérifiez dimanche soir).
L’exécutif jaune-vert bénéficiera du soutien extérieur de Berlusconi, qui a probablement demandé en échange des garanties sur certains ministères clés, tels que les Télécommunications et la Justice.
Le gouvernement de deux forces anti-système n’est pas une surprise pour la démocratie italienne (4), comme l’a expliqué à plusieurs reprises le politologue Ilvo Diamanti : « le populisme est entré dans la grammaire et la syntaxe de la démocratie. On ne peut plus parler de parti populiste, car la logique de la nouvelle compétition électorale présuppose déjà le populisme”(5). En ce sens, le gouvernement est presque « systémique ».
Sur le plan européen, restent cependant de nombreuses inconnues concernant les deux forces politiques : si Di Maio s’est montré rassurant pendant la campagne (7) et a déclaré vouloir rester dans la zone euro, le 4 mai le fondateur du Mouvement Beppe Grillo a appelé à un référendum sur l’euro (1). Les deux forces du gouvernement pourraient se modérer, au moins dans une première phase (6), mais l’anti-européisme de leurs dirigeants et de leur base électorale n’a pas disparu.
L’accord devrait se concentrer sur trois grandes politiques : le revenu de citoyenneté (proposition M5E), la flat tax (Ligue), l’abolition de la réforme qui a augmenté l’âge de départ à la retraite (les deux). Le revenu de citoyenneté représente un coût d’environ 18 milliards d’euro : il s’agit d’une mesure contre la pauvreté mais aussi en faveur de la réintégration dans le monde du travail à travers le réaménagement des centres d’emploi. L’insérer pleinement dans une loi budgétaire serait trop lourd, il pourrait plutôt être d’abord introduit sur une base d’essai pour certaines catégories, puis progressivement étendu. Une autre possibilité est la réduction du revenu fixe (€ 780) chiffré dans les propositions initiales. La flat tax aura un coût compris entre 85 et 110 milliards d’euros et la constatation de la couverture sera impossible, à la fois en raison de l’équilibre budgétaire et de la contrainte d’une couverture financière préventive à chaque nouvelle dépense prévue par la constitution (2). Pour commencer, la flat tax pourrait être introduite uniquement sur les augmentations de revenu et sur l’impôt sur les sociétés, puis également pour les classes moyennes. L’abolition de la loi sur les retraites est la mesure la plus lourde : en dix ans, elle pourrait coûter entre 170 et 200 milliards selon le Sole 24 Ore (3). Dans ce cas également, l’abolition est susceptible d’être transformée en réforme avec la création de dispositifs de retraite plus divers qui permettraient de prendre sa retraite plus tôt avec un revenu réduit.
Perspectives :
- Lundi 14 mai : Salvini et Di Maio seront reçus par le Président de la République pour présenter l’équipe gouvernementale et indiquer le nouveau Président du Conseil et le Président procédera à sa nomination et celle des ministres qu’il proposera. Le gouvernement se présentera ensuite au Parlement pour demander un vote de confiance.
- Les promesses politiques des populistes devront nécessairement être allégées et mises en œuvre progressivement, avec un impact réduit de quelques dizaines de milliards durant toute la législature. Les destinataires de ces réformes seront clairs : chômeurs (en particulier les jeunes), retraités et entreprises, qui sont la base électorale du nouveau gouvernement populiste.
- Élections européennes de 2019.
Sources :
- BUZZACCHI Camilla, Copertura finanziaria e pareggio di bilancio : un binomio a rime obbligate ?, Rivista associazione italiana costituzionalisti, RIVISTA N° : 4/2012.
- COLOMBO Davide, Pensioni, senza legge Fornero spesa di 20 miliardi in più all’anno, Il Sole 24 Ore, 9 gennaio 2018.
- DIAMANTI Ilvo, LAZAR Marc, Popolocrazia, La metamorfosi delle nostre democrazie, Laterza, 2018.
- Governo, Bagnai : uscita da euro non è tra prime priorità Lega, Reuters, 10 maggio 2018.
- Grillo, referendum per la zona euro, Ansa, 4 maggio 2018.
- MASELLI Francesco, Comment l’Italie a basculé dans la « populocratie », L’Opinion, 15 avril 2018.
- VENTURA Raffaele Alberto, De quoi le Movimento cinque stelle est-il le nom ?, Le Grand Continent, 3 mars 2018.
Giovanni Diamanti