Doctrines du premier tsar: lettres retrouvées d’Ivan le Terrible

Un prince déchu. Un tsar tyrannique. Un pouvoir qui s’affranchit de toutes les limites. Une joute épistolaire qui finit dans le sang. Pour essayer de comprendre la Russie de Poutine, son dilemme capital entre Europe et Asie, entre Sud et Nord, faut-il rouvrir une mystérieuse archive du XVIe siècle? En accès libre cet été, nous publions et commentons la traduction signée Bernard Marchandier, désormais introuvable, de la correspondance intégrale entre le prince humaniste Andreï Kourbski et Ivan le Terrible, le premier Tsar de toutes les Russies. À la fois traité du Prince et première œuvre littéraire russe, dans les cinq lettres de cet épistolaire deux visions du monde s’affrontent — dans cet agôn, un mythe et une institution se forgent: l’autocratie russe. Saura-t-on y déceler aussi des lignes de fracture et un remède ?

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« J’accomplis mon devoir de monarque » : la réponse d’Ivan le Terrible au prince Kourbski (troisième partie)

Moscou

« Il n’y a pas lumière, mais ténèbres ; ni douceur, mais amertume » : la réponse d’Ivan le Terrible au prince Kourbski (deuxième partie)

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En juillet 1564, en proie au courroux, Ivan le Terrible envoie une longue lettre de réponse à Andreï Kourbski. Ce texte, devenu un classique, dévoile crûment la logique impitoyable du despote. Saturée de malédictions, d’analogies bibliques et de fioritures linguistiques, cette lettre a un but — justifier le droit absolu de régner sans entrave. Nous la publierons en trois volets.

Deuxième épisode de notre série d’été  : «  Doctrines du premier tsar  : lettres retrouvées d’Ivan le Terrible  » à lire cette semaine dans nos pages.

Mai 1564, en pleine tourmente de la guerre de Livonie, un messager parvient à Moscou. Malgré d’atroces tortures, il meurt sans trahir aucun secret. Sa mission est accomplie  : livrer la première lettre du prince Andreï Kourbski à Ivan le Terrible. C’est ainsi que débute une correspondance qui s’étendra sur quinze années. Dans ces échanges passionnés et féroces, deux visions du monde s’affrontent, deux paradigmes politiques et poétiques s’entrechoquent, jetant les bases écrites de la samoderzhaviye — l’autocratie russe.