Emmanuelle Terrones



Brise marine

Livres

«  Comment se libère-t-on d’un mensonge  ?  » Meeresbrise, dernier roman de l’écrivaine autrichienne Carolina Schutti, est l’histoire enchanteresse d’un désenchantement. Une jeune narratrice s’éveille peu à peu de la fiction à la fois merveilleuse et malheureuse dans laquelle elle a grandi et fait l’épreuve de son «  entrée dans le monde  ».

«  Je suis celle qui raconte cette histoire. Elle ressemble à un gant retourné. Quelqu’un a dû l’enlever dans la précipitation, peut-être en fuite. Il gît sur la neige, à l’envers.  » Troisième volet d’un cycle de romans sur la guerre, la fuite et les déplacements forcés, Die Verwandelten (Les Métamorphosées) de l’écrivaine allemande Ulrike Draesner fait entendre des voix de femmes captivantes à travers trois générations, toutes liées les unes aux autres par les violences du 20e siècle.

Premier roman de la jeune poétesse Slata Roschal, 153 formes de non-existence sonde cent cinquante-trois pensées d’une femme russe et allemande, convaincue que «  le monde n’a pas besoin d’elle  » et dont la plus grande qualité avouée est de savoir «  renoncer en permanence  ». Pourtant, et contrairement à ce que son titre peut laisser entendre, 153 formes de non-existence se lit ni plus ni moins que comme la quête d’une raison d’être.

Le soir du 6 mai 1976, un tremblement de terre de magnitude 6,4 sur l’échelle de Richter bouleverse la région du Frioul, dans le nord-est de l’Italie. On recense alors près de mille disparus, des dizaines de milliers de personnes se retrouvent sans abri. C’est la mémoire de cet événement ayant marqué profondément le paysage et ses habitants qu’Esther Kinsky a choisi d’explorer en détail dans le roman Rombo.

L’affaire du «  cannibale de Rotenburg  », qui défraya la chronique il y a une vingtaine d’années, resurgit aujourd’hui dans le nouveau roman de Senthuran Varatharajah. Rot (Hunger) raconte une «  histoire d’amour  » sans commune mesure et pousse à l’extrême une réflexion sur le désir comme «  faim  » de l’autre, sur la langue du désir comme «  langue cannibale  ».

Marica Bodrožić perçoit, relève, se souvient, découvre nombre d’éléments et de signes  : des «  sténogrammes de l’âme  » qui rappellent les «  sténogrammes de rêves  » évoqués un jour par Walter Benjamin. Seuls peut-être les oiseaux sont-ils capables d’en appréhender les liens invisibles. C’est la tâche qui leur revient, c’est là le «  travail des oiseaux  ».

Dernier roman de l’écrivain irako-allemand Abbas Khider, Der Erinnerungsfälscher (Le faussaire de souvenirs) rend compte de l’existence d’un ancien réfugié irakien en Allemagne, des trahisons de la mémoire et des promesses de l’écriture.