Dans son nouvel ouvrage, Sans transition : une nouvelle histoire de l’énergie, l’historien Jean-Baptiste Fressoz démontre à quel point les discours contemporains sur la « transition énergétique » sont nourris de récits historiques frauduleux sur de supposées transitions passées, préservant au passage les intérêts des multinationales du secteur. En mettant au jour l’empilement des sources d’énergie dans l’histoire (nous ne sommes jamais sortis de « l’âge du charbon » !), leurs interdépendances (ou symbioses), et la fabrique des récits de la transition, il nous invite à nous débarrasser d’un concept inopérant, qui empêche de se poser les bonnes questions.
Vianney Griffaton
Doctorant en histoire
Vianney Griffaton est agrégé d'histoire et doctorant contractuel au Centre d'histoire de Sciences Po.
Sa thèse, sous la direction de Nicolas Delalande s'intitule « Temps de travail, discipline industrielle, temps à soi : une histoire sociale et politique des mobilisations pour la réduction du temps de travail (France, années 1880 - années 1930) »
« L’important, c’est l’effort pour briser l’ordre normal du temps », une conversation en deux parties avec Jacques Rancière
HistoireSuite et fin de notre entretien avec Jacques Rancière. Tandis que la première partie se concentrait essentiellement sur son propre travail d’historien, le philosophe aborde dans cette seconde partie des questions « épistémologiques » plus générales : sont évoqués, entre autres, sa conception de l’anachronisme et des formes d’historicité, ses réflexions sur le thème de la fin de l’histoire, les liens entre révolution littéraire et révolution de la science historienne, ou encore sa vision de la micro-histoire. Il y revient également sur son itinéraire intellectuel et sur quelques figures majeures l’ayant jalonné (Foucault, Bourdieu, de Certeau).
« L’archive, c’est le témoignage d’actes de paroles qui marquent l’arrachement à une condition », une conversation en deux parties avec Jacques Rancière
HistoireLes rapports entre philosophie et histoire en France n’ont pas toujours été sans heurts. On a ainsi parfois accusé le philosophe Jacques Rancière de faire la leçon aux historiens. Aucune obligation pourtant à rejouer la fable de la poussière et du nuage, pour une raison simple : comme l’atteste l’abondante bibliographie thématique qui clôture ce long entretien consacré au rapport du philosophe à l’histoire, l’auteur de La Nuit des prolétaires et des Scènes du peuple a indéniablement, à sa manière hérétique, écrit de et sur l’histoire.
Dans Peut-on dissocier l’œuvre de l’auteur ?, essai d’intervention paru au Seuil, la sociologue Gisèle Sapiro entend proposer, à travers l’analyse des arguments mobilisés lors de différentes « affaires » touchant à la question des rapports entre morale de l’auteur et morale de l’œuvre, une mise en perspective philosophique et socio-historique des enjeux que celles-ci recouvrent. Nous en avons discuté avec elle.