Plus les jours passent, et plus le risque d’une invasion militaire de l’Ukraine par la Russie semble probable, comme le montre les menaces échangées entre les responsables occidentaux et russes ces derniers jours – Sergueï Lavrov évoquant des “conséquences sévères et imprévisibles pour la sécurité européenne” et Joe Biden mettant en garde contre “un désastre pour la Russie”.
Tout d’abord, quelles sont les origines de ces tensions ? Milan Czerny explique dans un article fouillé sur Le Grand Continent, “Nous n’avons pas encore compris la diplomatie coercitive russe” que les Russes, à l’inverse des Européens, voient une continuité directe entre diplomatie et action militaire. Après la Georgie, la Crimée et la Syrie, l’Ukraine tout entière pourrait à nouveau être victime de l’usage de la force si cette “diplomatie coercitive” n’aboutit pas à des résultats satisfaisants pour Vladimir Poutine, à savoir, une rédéfinition de l’architecture de sécurité de l’Europe de l’Est dans un sens favorable à la Russie, et un éloignement de l’Otan.
Dans cette situation, quel rôle pourraient jouer les différents Etats européens ? Ce 21 janvier, les Etats-Unis et les Russes se rencontrent à Genève pour discuter de la sécurité européenne, sans les Européens, qui subissent ainsi une humiliation géopolitique analysée par Ivan Krastev, dans un article intitulé “Le pari de Poutine sur l’histoire” dans lequel il enjoint les Européens à cesser de se plaindre d’une situation injustive pour trouver les outils permettant d’y faire face.
Qu’est ce que cette situation révèle, d’autre part, sur l’évolution de la Russie contemporaine et la politique menée par Vladimir Poutine en particulier ? Peut-on dire, comme l’écrit Carolina de Stefano dans “Le système politique russe a changé”, que le pouvoir de Poutine est entré dans sa “phase bréjnevienne”, c’est-à-dire de bureaucratisation de l’appareil du pouvoir, phase dans laquelle la politique étrangère agressive est une des rares sources de satisfaction et de légitimation du pouvoir ?
Enfin, comment est-ce que cette situation d’extrême tension est-elle perçue par la population ukraineinne ? Comment éviter que la population civile serve de tampon entre le jeu des grandes puissances qui tentent de démontrer leur détermination et leur capacité d’action dans le monde post-covid ?
Nous en discuterons, le mardi 25 janvier de 19h30 à 20h30, à l’Ecole Normale Supérieure, avec :
La discussion se déroulera en salle Dussane, au 45 rue d’Ulm.
Les réservations sont obligatoires à ce lien.