Des hausses de prix de 1 350 dollars par Américain sont probables (ING Research)
Selon les estimations de la recherche économique de la banque ING, la hausse des prix devrait atteindre 1 350 dollars par Américain. Si les nouvelles taxes douanières sont en grande partie répercutées sur les consommateurs (scénario probable à 75 %), le coût annuel pour un Américain moyen s’élèverait à environ 1 350 dollars, soit une inflation de 2,5 %. Pour une famille de quatre personnes, cela représenterait 5 400 dollars.
L’impact sera plus lourd sur les ménages à faibles revenus. Les taxes douanières touchent surtout les biens essentiels (alimentation, énergie, vêtements), consommés en plus grande proportion par les ménages modestes. Ces derniers, déjà financièrement fragiles, verront leur pouvoir d’achat encore plus réduit.
Tandis que les 20 % les plus riches, propriétaires et détenteurs d’actifs, restent relativement épargnés, les 60 % les plus modestes, souvent locataires et endettés, sont confrontés à une pression croissante, ce qui pourrait entraîner une hausse des défauts de paiement sur les crédits à la consommation.
« L’Union européenne déteste notre bœuf parce que notre bœuf est beau et le leur est faible. »
Voici mot pour mot les paroles du Secrétaire au Commerce des États-Unis, Howard Lutnick, à Fox News.
Ce boeuf charolais ne semble pas d’accord.
Le Sénat américain a adopté une résolution pour annuler certains droits de douane imposés par Donald Trump sur le Canada, avec le soutien de quatre Républicains
Cette résolution vise à révoquer l’état d’urgence invoqué par Trump pour justifier des tarifs de 25 % sur les produits canadiens, en s’appuyant sur une loi datant de la guerre froide. Quatre sénateurs (Rand Paul du Kentucky, Susan Collins du Maine, Lisa Murkowski de l’Alaska et Mitch McConnell du Kentucky), estiment que cette justification — fondée sur le trafic de fentanyl — est infondée, la majorité de cette drogue entrant par le Mexique et la Chine, non le Canada.
Trump a exercé de fortes pressions sur les Républicains pour bloquer la résolution, les accusant de trahison envers le peuple américain. Malgré cela, quelques heures après les annonces de la Maison-Blanche sur la guerre commerciale, les quatre sénateurs républicains ont voté avec les démocrates, mettant en avant l’impact économique négatif des tarifs sur leurs États et dénonçant un abus de pouvoir exécutif.
Ce signal bipartisan contre la guerre commerciale du président ne deviendra toutefois pas loi, le leadership républicain de la Chambre ayant rendu toute contestation du National Emergencies Act (invoqué par Trump pour mettre en oeuvre les tarifs) quasiment impossible en utilisant en mars une procédure parlementaire obscure dans le cadre du texte ayant permis d’éviter un shutdown.
Comment l’administration Trump a-t-elle calculé ses droits de douane ?
Selon le Rédacteur en chef de The Yale Review, James Surowiecki, l’administration Trump s’est appuyée sur un raisonnement « d’une absurdité extraordinaire ».
« Contrairement à ce qu’ils prétendent, ils n’ont pas réellement calculé les droits de douane ni les barrières non tarifaires. À la place, ils ont simplement pris le déficit commercial bilatéral des États-Unis avec chaque pays et l’ont divisé par les exportations de ce pays vers les États-Unis ».
En se focalisant exclusivement sur le commerce de biens et marchandises et non de services, ils ont négligé un point important : « même si nous avons un excédent commercial dans les services avec le monde, ces exportations ne comptent pas pour Trump. »
Selon les chiffres de la Maison-Blanche, en négligeant les services, les États-Unis accuseraient un déficit commercial de 235,6 milliards de dollars avec l’Union européenne. Ce déficit résulterait de 370,2 milliards d’exportations américaines contre 605,8 milliards d’importations en provenance de l’UE. Ce déséquilibre est ensuite interprété de manière fallacieuse pour affirmer que l’Union européenne imposerait un taux de droits de douane de 39 % sur les produits américains — un chiffre dénué de fondement réel, obtenu en divisant simplement le déficit par les exportations, sans prendre en compte les taux réels de droits de douane ni les barrières non tarifaires.
« Les droits de douane de Trump sont les plus coûteux et les plus masochistes que les États-Unis aient poursuivis depuis des décennies. »
Selon Larry Summers, économiste et ancien Secrétaire du Trésor des États-Unis, « jamais une intervention présidentielle n’aura eu un coût aussi élevé pour autant de personnes en si peu de temps ».
Les marchés ont continué de réagir bien après son discours. L’impact économique estimé de la politique tarifaire de Donald Trump atteindrait désormais près de 30 000 milliards de dollars, soit environ 300 000 dollars par foyer de quatre personnes.
Von Der Leyen annonce un premier paquet de contre-mesures, tout en affirmant être « d’accord avec le président Trump : d’autres profitent injustement des règles actuelles »
Dans un discours prononcé depuis l’Ouzbékistan, où elle participe au sommet UE-Asie centrale, la présidente von der Leyen a déploré les tarifs douaniers réciproques de Trump, en prédisant une hausse de l’inflation, une augmentation du coût de toute activité commerciale avec les États-Unis, ce qui constituerait un coup dur pour les pays émergents et entraînerait une hausse du coût de la vie pour les citoyens à faible revenu.
- « L’annonce par le président Trump de droits de douane universels sur le monde entier, y compris l’UE, est un coup dur pour l’économie mondiale. Soyons lucides sur les immenses conséquences. L’économie mondiale va souffrir massivement. L’incertitude va monter en flèche et déclencher une montée du protectionnisme. Les conséquences seront désastreuses pour des millions de personnes dans le monde. »
Elle a également critiqué la méthode de l’administration Trump.
- « Il ne semble pas y avoir d’ordre dans le désordre. Il n’y a pas de voie claire dans la complexité et le chaos qui se créent au fur et à mesure que tous les partenaires commerciaux des États-Unis sont touchés. »
La présidente de la Commission a néanmoins laissé la porte ouverte à la négociation, affirmant son accord avec le président Trump.
- « Je suis d’accord avec le président Trump : d’autres profitent injustement des règles actuelles. Et je suis prête à soutenir tous les efforts pour adapter le système commercial mondial aux réalités de l’économie mondiale. Mais je veux aussi être claire : le recours aux droits de douane comme alpha et oméga ne résoudra pas le problème. »
L’Union est en train de finaliser un premier paquet de contre-mesures en réponse aux droits sur l’acier et se prépare à d’autres contre-mesures en cas d’échec des négociations, a-t-elle déclaré, sans donner plus de détails. Une déclaration qui pourrait être interprétée comme un signe d’ouverture au dialogue et moins escalatoire que certains ne l’avaient anticipé.
- La présidente a également déclaré que la Commission organisera des dialogues stratégiques avec les secteurs européens de l’acier, de l’automobile et des produits pharmaceutiques afin de discuter des mesures de soutien.
- Selon von der Leyen, la Commission sera vigilante face aux mesures de dumping qui pourraient être prises par d’autres pays cherchant à réorienter massivement leurs exportations à destination des États-Unis vers l’Europe, ce qui pourrait créer de graves distorsions sur le marché unique s’il était submergé par les exportations de pays tiers.
- « Nous surveillerons également de près les effets indirects que ces droits de douane pourraient avoir, car nous ne pouvons pas absorber la surcapacité mondiale et nous n’accepterons pas non plus le dumping sur notre marché. »
Ce direct s’arrête là pour ce soir
On se retrouve demain avant l’ouverture des marchés — en cas d’insomnie tenace, n’hésitez pas à vous abonner !
Ursula von der Leyen parlera depuis l’Ouzbekistan demain à 5h du matin (Paris)
Après les tarifs annoncés par Donald Trump, un iPhone pourrait coûter jusqu’à 150 dollars de plus
Trauma Trump — que pouvons-nous faire ? La réaction de Josep Borrell
Le président américain a annoncé la plus forte hausse des droits de douane jamais enregistrée aux États-Unis et dynamite le système commercial fondé sur des règles.
Le GATT et l’OMC ont vécu.
Pour l’Europe, outre les 25 % pour les voitures, les 20 % pour tous les produits exigeront une réponse adéquate. Mais il faut garder à l’esprit qu’une guerre tarifaire peut signifier pour nous une hausse de l’inflation qui entraînera une hausse des taux d’intérêt par la Banque centrale et poussera à une récession.
Il serait préférable d’utiliser l’arme fiscale contre les bénéfices des entreprises technologiques américaines qui travaillent à des coûts marginaux pratiquement nuls en Europe.
Il serait préférable d’attaquer par le biais des services plutôt que par celui des marchandises.
Le Japon n’est pas épargné non plus et les chiffres pour la Chine sont beaucoup plus élevés que pour l’Europe. Avec ces taxes américaines à l’importation, ils vont connaître une très forte hausse inflationniste.
Une partie de la réponse européenne devrait être de baisser les taux d’intérêt pour évaluer l’euro. Cependant, il sera difficile pour la Banque centrale de le faire.
Quoi qu’il en soit, nous avons assisté à une cérémonie confuse : dans un spectacle destructeur, Trump a médiatisé l’implosion du système du commerce mondial. Un spectacle destiné à satisfaire les partisans de Donald Trump — qui cesseront d’être contents quand ils subiront les conséquences du « jour de la libération » (Liberation Day) sur les prix de consommation au quotidien.
Il est temps pour l’Europe d’utiliser l’instrument anti-coercition qui a été approuvé lors de la précédente législature — et qui était destiné à répondre aux actions de la Chine. Nous n’avons jamais pensé que nous devrions l’appliquer contre les États-Unis. Cet instrument permet de prendre toutes sortes de mesures en réponse à une coercition économique. Or ce que fait Trump est, manifestement, une coercition.
Si nous ne nous en servons pas maintenant — alors quand ?
La Russie n’est pas ciblée par les tarifs : carte mise à jour
En plus du Canada et du Mexique pour des raisons déjà mentionnées, le Bélarus, le Burkina Faso, le Cap-Vert, Cuba, Hong Kong, Macao, le Mexique, la Corée du Nord, la Russie, les Seychelles, la Somalie et la Gambie n’apparaissent pas parmi les pays ciblés directement dans les documents de la Maisons-Blanche.
Trump traite la Réunion, la Guyane, la Polynésie et Mayotte comme s’il s’agissait de pays à part
La Maison-Blanche a annoncé ce soir des tarifs de 37 % sur La Réunion et de 10 % sur la Guyane, la Polynésie et Mayotte — qui ne sont pas des pays, mais des parties intégrantes de la France et auraient donc dû être traitées de la même manière que le reste du territoire de l’Union européenne (20 %).
Les mesures de Trump pourraient tout de même légalement s’appliquer dans la mesure où les DOM ne pratiquent pas le tarif douanier commun de l’Union aux produits venant de pays tiers, mais un régime spécifique.
À l’aide d’un tableau, Trump a présenté sa doctrine de tarifs « réciproques » en appliquant des « taux » différents en fonction des droits que les États-Unis leur imposent.
- Selon les déclarations du Président des États-Unis, des droits de douane de base de 10 % s’appliqueront à tous les pays.
- Seuls certains pays auront des taux différents : les chiffres présentés dans le tableau de la Maison-Blanche semblent déjà prendre en compte les 10 % de base.
Ces nouvelles annonces dessinent une nouvelle carte du monde.
Dans la confusion des annonces
Pour y voir plus clair : rendez-vous sur notre Observatoire de la guerre commerciale trumpiste
Les États-Unis annoncent des droits de douane réciproques personnalisés
- 46 % sur le Vietnam
- 44 % sur le Sri Lanka
- 37 % sur le Bangladesh
- 36 % sur la Thaïlande
- 34 % sur la Chine
- 32 % sur Taïwan
- 32 % sur l’Indonésie
- 31 % sur la Suisse
- 29 % sur le Pakistan
- 26 % sur l’Inde
- 25 % sur la Corée du Sud
- 24 % sur le Japon
- 24 % sur la Malaisie
- 20 % sur l’Union européenne
- 17 % sur Israël
- 17 % sur les Philippines
- 10 % sur le Royaume-Uni
- 10 % sur le Brésil
- 10 % sur Singapour
- 10 % sur le Chili
- 10 % sur l’Australie
- 10 % sur la Turquie
- 10 % sur la Colombie
Comme déjà annoncé, le président Trump a déclaré qu’il imposait des droits de douane de 25 % sur toutes les automobiles fabriquées à l’étranger, qui entreront en vigueur à minuit.
Trump montre un tableau avec les taux de droits de douane appliqués
De la TVA à la propriété intellectuelle
La manipulation des devises, le vol de propriété intellectuelle et les pratiques fiscales sont parmi les barrières commerciales non tarifaire dénoncées par Trump dans son discours.
Les tarifs comme retour de l’âge d’or
Comme dans son discours d’investiture, Trump explique que les droits de douane ramèneront un « âge d’or » pour les États-Unis : « Les emplois et les usines reviendront en force dans notre pays, et vous le voyez déjà. Nous allons dynamiser notre base industrielle nationale. »
Les premières annonces
Donald Trump a commencé son discours :
« Le 2 avril 2025 restera à jamais dans les mémoires comme le jour où l’industrie américaine a rené, le jour où l’Amérique a retrouvé son destin et le jour où nous avons commencé à rendre l’Amérique à nouveau riche. »
Trump présente le décret qu’il est sur le point de signer instituant des tarifs sur l’ensemble des produits comme la « déclaration d’indépendance économique » des États-Unis d’Amérique :
« Dans quelques instants, je signerai un décret historique, des droits de douane réciproques pour les pays du monde entier. Réciproques. Cela signifie qu’ils nous font la même chose et que nous leur faisons la même chose. C’est très simple. On ne peut pas faire plus simple. »
Les premières images du Rose Garden
Des salariés de l’industrie métallurgique et de l’automobile ont été invités à la Maison Blanche pour l’annonce des tarifs.
Ils rejoindront la majorité du cabinet, y compris le vice-président J. D. Vance, et le président de la Chambre des représentants Mike Johnson.
Quelles seraient les répercussions sur les États-Unis de droits de douane de 20 % s’appliquant à l’ensemble des importations ?
Le Budget Lab de l’université de Yale a modélisé l’effet de tarifs douaniers de 20 % sur l’ensemble des importations. Cette étude met en avant quelques chiffres clefs :
- le taux moyen effectif des droits de douane des États-Unis atteindrait 32,8 %, soit son niveau le plus élevé depuis 1872 ;
- le niveau des prix augmenterait de 2,1 à 2,6 % à court terme, ce qui équivaudrait à une perte moyenne de 3 400 à 4 200 dollars pour les ménages ;
- les prix alimentaires augmenteraient de 3,7 % ;
- les prix des ordinateurs, des vêtements et des produits agricoles enregistreraient tous des hausses de prix à deux chiffres ;
- la croissance du PIB des États-Unis serait inférieure de 0,9 à 1,0 point de pourcentage en 2025 ;
- les tarifs généreraient entre 3 100 et 4 100 milliards de dollars de recettes entre 2026 et 2035 selon une estimation conventionnelle, et 450 à 550 milliards de dollars de moins si l’on prend en compte les effets sur la dynamique des recettes ;
- les pertes annuelles pour les ménages situés en bas de l’échelle des revenus varieraient entre 1 900 et 2 400 dollars.
À la Maison-Blanche, il n’y a pas encore de fuite sur les tarifs, mais il y a beaucoup de fuites…
Alors que le monde attend de savoir quelle sera la portée et le volume du barrage de tarifs, une brèche dans le bloc jusqu’ici particulièrement homogène de l’administration Trump s’est ouverte.
Dans la journée, Politico a pu révéler deux scoops d’importance en s’appuyant probablement sur des fuites venant d’au moins un membre de son cabinet.
- Trump aurait dit à son premier cercle qu’Elon Musk « allait bientôt partir ».
- Selon une source avec une connaissance directe du dossier, l’équipe de Mike Waltz, à l’origine de l’Affaire Signal, aurait également mis en place « au moins 20 autres discussions de groupe pour gérer les crises à travers le monde ».
Soixante-douze jours après l’investiture, pour la première fois, la Maison-Blanche de Trump commence à se comporter vis-à-vis de la presse comme celle de son premier mandat — caractérisée par des fuites fréquentes et chaotiques.
Sa réaction est d’autant plus dure.
La porte-parole Karoline Leavitt a affirmé qu’il s’agissait d’un journalisme poubelle.
Quels sont les pays avec les plus grands excédents commerciaux avec les États-Unis ?
La crise d’identité du capitalisme américain
On a souvent dit que les vagues de tarifs commerciaux voulues par Donald Trump mettent à l’épreuve la relation entre les alliés transatlantiques, l’économie mondiale et l’économie européenne.
Mais en réalité, ce mouvement représente aussi un test important sur une autre dimension : l’équilibre social et politique aux États-Unis et la capacité de Wall Street et de Main Street, ainsi que des syndicats américains, à faire entendre leur voix indépendamment de l’administration.
Pour l’instant, Trump semble avoir réussi à capter ou à intimider presque toutes les voix internes. On n’entend pas un PDG, un banquier ou un capitaine de Big Tech oser exprimer son désaccord sur les guerres commerciales déclenchées de manière apparemment insensée par la Maison Blanche.
Tout le monde semble réduit au silence, mais il est probable qu’aucun des grands capitalistes américains n’aurait choisi cette voie. Nombreux sont ceux qui comptent les pertes boursières. Est-il vraiment si facile pour un dirigeant politique américain de prendre en otage le système industriel et le secteur financier ?
Suffit-il que quelques menaces frappent les grands « cabinets d’avocats » ou d’autres acteurs du marché dans leurs revenus pour qu’ils se taisent malgré tout ? Si tel est le cas, force est de constater que le roi est nu. Et le capitalisme américain est dans une crise d’identité au moins aussi profonde que la crise constitutionnelle à laquelle l’Amérique est confrontée.
La confiance des consommateurs américains est à son niveau le plus bas
La confiance des consommateurs américains, révélée par l’indice du Conference Board, a chuté de 7,2 points, pour s’établir à 92,9 en mars, atteignant ainsi son niveau le plus bas depuis 2021.
La composante « perspectives futures » a également chuté de 9,6 points pour atteindre 65,2, soit le niveau le plus bas depuis 2013 — bien en deçà du seuil de 80 qui signale généralement une récession à venir.
Donald Trump lui-même n’a d’ailleurs pas exclu la possibilité d’une récession. Goldman Sachs estime désormais à 35 % le risque de récession au cours des 12 prochains mois, contre 20 % précédemment.
Pour contribuer ou poser vos questions, vous pouvez nous écrire (contact[at]legrandcontinent.eu). Pour recevoir les dernières mises à jour, abonnez-vous au Grand Continent
L’administration cherche à combler les lacunes
À partir de vendredi, 4 avril, les canettes de bière et les canettes en aluminium vides seront incluses dans le champ d’application des droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium du 12 mars.
La guerre commerciale de Trump divise le Parti républicain
Alors que les démocrates aux Sénat tentent de bloquer les tarifs de Trump a l’encontre du Canada, le sénateur démocrate Tim Kaine a indiqué qu’il bénéficiait d’un soutien solide de la part de quatre sénateurs républicains — Mitch McConnell, Susan Collins, Lisa Murkowski et Rand Paul — ce qui serait suffisant pour que le Sénat s’oppose symboliquement aux mesures de l’administration.
Trump a directement interpellé les quatre Sénateurs dans un post sur Truth Social plus tôt dans la journée :
Plusieurs pays ont déjà annoncé des réunions d’urgence demain, le 3 avril, pour répondre aux annonces de Trump.
- En Espagne, Pedro Sánchez organisera une réunion avec des représentants des secteurs de l’automobile et de l’agriculture ce jeudi.
- L’Union européenne serait également en train d’élaborer des mesures d’urgence pour soutenir les secteurs de son économie qui pourraient être les plus durement touchés par les tarifs douaniers. Ursula von der Leyen devrait s’exprimer demain matin.
- Au Mexique, Claudia Sheinbaum a déclaré qu’elle dévoilerait un vaste plan économique le 3 avril : « il s’agit d’un programme complet. Il ne s’agit pas de dire ‘si vous imposez des droits de douane, nous en imposerons aussi’. Notre intérêt est de renforcer l’économie mexicaine, y compris l’industrie automobile, entre autres. »
Comment le calcul de Trump pourrait se retourner contre les États-Unis
Les États-Unis devraient trouver leur compte à la situation actuelle : il est beaucoup plus confortable de compter sur l’épargne d’un allié politique et militaire pour continuer à mener des politiques fiscales dépensières que sur l’épargne d’un rival géopolitique tel que la Chine.
Pour que cette situation perdure, il faut donc que la zone euro continue à générer des excédents globaux de la balance courante, au-delà de sa relation bilatérale avec les États-Unis, afin de pouvoir exporter l’épargne excédentaire vers les États-Unis. Il y a en effet au moins deux façons d’interpréter les excédents de la balance courante : soit du symptôme d’une faiblesse de la demande intérieure, soit du résultat d’une forte compétitivité.
Or ici apparaissent les contradictions internes de l’approche américaine actuelle à l’égard de l’Europe. Les responsables politiques américains déplorent régulièrement la faiblesse de la demande européenne — Donald Trump l’a exprimé dans son discours à Davos en janvier — alors que c’est précisément cette faiblesse — contrepartie de l’excès d’épargne de l’Europe — qui permet aux Européens d’acheter des quantités massives de titres américains. La faiblesse de la croissance européenne se traduit également par une baisse de la valeur des actifs financiers européens par rapport aux actifs américains, ce qui rend les avoirs en dollars américains attrayants pour les Européens.
Les Européens peuvent accepter d’être mal rémunérés en termes de dividendes et d’intérêts sur leurs actifs américains si les gains en capital restent élevés. Or si en plus de la faiblesse de la demande intérieure ils étaient frappés par des droits de douane, leur capacité à recycler l’épargne vers les actifs américains diminuerait, de même que leur capacité à orienter une part importante de leur consommation vers des produits générant des revenus de propriété intellectuelle pour les entreprises américaines.
L’Union devra-t-elle utiliser contre Trump son instrument anti-coercition — à l’origine pensé pour contrer la Chine ? La réponse de l’ancienne Commissaire Cecilia Malmström
Nous disposons de divers outils : non seulement de contre-mesures mais aussi d’un puissant instrument anti-coercition. Rappelons que ce qui se passe n’est pas seulement mauvais pour l’Europe : les États-Unis seront également touchés. Les entreprises européennes emploient des dizaines de milliers voire des centaines de milliers d’Américains.
La guerre commerciale sera douloureuse pour eux aussi.
Nous devons réagir — mais cela ne signifie pas que nous devons griller toutes nos cartouches dans la première bataille. Nous avons les anciens droits de douane qui étaient en vigueur lorsque j’étais commissaire, ils ont été suspendus mais ils peuvent être rétablis. La Commission s’est donné deux semaines supplémentaires pour consulter — elle établira une liste et pourra choisir de les introduire progressivement. Toujours est-il que, dans l’état actuel des choses, nous allons devoir être fermes.
La Commission et son équipe chargée du commerce ont élaboré différents scénarios en fonction de ce que la Maison-Blanche annoncera, y compris l’utilisation de l’instrument anti-coercition. Il est trop tôt pour dire exactement quand et comment l’utiliser, car si nous savons qu’il y aura davantage de droits de douane à partir du 2 avril, nous ne savons pas exactement pourquoi ni comment. Quoi qu’il arrive, la Commission sera prête à l’utiliser.
Le problème avec l’instrument anti-coercition, c’est qu’il n’a jamais été employé auparavant. Sa mise en œuvre devra donc être rédigée avec beaucoup de soin pour garantir son efficacité, mais aussi pour tenir compte du précédent que cela pourrait créer.
J’aurais pensé pour ma part que nous l’aurions plutôt utilisé contre la Chine en premier. Après tout, il a été créé à la suite du différend entre la Chine et la Lituanie, qui était une forme de punition politique par les Chinois par le biais du commerce. Il est ironique que nous en discutions maintenant en vue de l’utiliser peut-être contre les États-Unis. Mais c’est la réalité à laquelle nous sommes confrontés.
L’opinion publique américaine et les droits de douane
Selon un sondage réalisé par New Marquette Law School et publié aujourd’hui, 58 % des Américains estiment que les tarifs nuisent à l’économie, contre seulement 28 % qui pensent qu’ils sont bénéfiques.
- Les hommes blancs non diplômés sont les plus favorables aux tarifs (44 %). Il s’agit d’un groupe clef de la population qui a voté à 69 % pour Donald Trump en novembre 2024.
- À l’inverse, les groupes les plus sceptiques sont les diplômés non blancs, hommes ou femmes, dont plus de 70 % considèrent que les tarifs ont un effet négatif.
L’indice d’incertitude de la politique commerciale américaine atteint aujourd’hui son niveau le plus élevé jamais enregistré
L’indice, développé par des économistes de la Réserve fédérale américaine, reflète le degré d’inquiétude des principales publications américaines (Boston Globe, Chicago Tribune, Guardian, Los Angeles Times, New York Times, Wall Street Journal et Washington Post) quant à la politique commerciale des États-Unis.
Celui-ci a connu premier pic dans les années 1970 à la suite des chocs de Nixon et de Ford sur la politique commerciale des États-Unis, puis dans les années 1980 en raison des tensions commerciales avec le Japon et des négociations de l’ALENA au milieu des années 1990. Cependant, l’indice a atteint en mars 2025 un niveau sans précédent depuis au moins 65 ans en raison de la politique annoncée de l’administration Trump.
Pour l’Europe, le danger d’un chantage aux tarifs pour favoriser les intérêts des Big Tech
Les États-Unis vont tenter de diviser pour mieux régner, en opposant certains États membres à d’autres.
S’ils sont suffisamment habiles, ils pourraient également tenter de monter les directions générales de la Commission européenne les unes contre les autres en croisant les sujets.
Washington pourrait notamment articuler une proposition du type : « nous suspendrons les tarifs si vous laissez X tranquille ». La DG Trade apprécierait mais la DG Connect — chargée de l’application de la législation numérique — ne pourrait pas se permettre de céder. Sans compter que le Parlement se retournerait alors contre une Commission mise en difficulté puisqu’elle serait perçue comme faisant des compromis sur l’État de droit et les valeurs européennes.
Si les Européens commencent à céder à ce genre de chantage et d’intimidation, ce sera sans fin. Mettons que l’Union renonce à enquêter sur l’algorithme de X pour s’éviter des tarifs. Le jour suivant, le gouvernement américain exigerait que l’Union se plie aux demandes d’Apple, qui ne veut pas obéir aux règles d’interopérabilité du DMA.
Une majorité d’Européens soutient la mise en place de mesures de rétorsion
Selon un récent sondage YouGov conduit entre février et mars 2025, 68 % des Français et des Allemands, 70 % des Espagnols, 73 % des Suédois et 79 % des Danois seraient en faveur de l’imposition de tarifs sur les produits américains face à une salve de mesures douanières américaines.
C’est en Italie où le soutien est le plus faible pour des mesures de rétorsion, avec seulement 56 % des sondés soutenant de telles mesures, tandis que 23 % s’y opposeraient.
Les instruments : comprendre la Section 301, la Section 232 et l’IEEPA
- La Section 301 de la loi sur le commerce extérieur des États-Unis de 1974 permet au pays d’enquêter et d’imposer des sanctions commerciales unilatérales contre des pratiques jugées déloyales. Elle a notamment été utilisée pour imposer des tarifs à l’encontre de la Chine.
- La Section 232 de la Trade Expansion Act de 1962 permet d’imposer des restrictions commerciales pour des raisons de sécurité nationale. Elle a été utilisée pour imposer des tarifs sur l’acier et l’aluminium.
- L’International Emergency Economic Powers Act permet au président d’imposer directement des sanctions économiques en cas de menace extraordinaire contre la sécurité nationale. Il a été utilisé pour l’imposition de droits de douane de 25 % sur les exportations du Canada et du Mexique, et de 10 % supplémentaires sur celles de la Chine. Il pourrait également s’appliquer aux tarifs qui seront annoncés aujourd’hui.
Qui est Peter Navarro ?
Pour comprendre la position de Donald Trump sur la mondialisation, il faut se tourner vers Peter Navarro. « Mon Peter », comme l’appelle désormais le président des États-Unis et qui semble plus influent que le chef du Trésor américain.
- Diplômé d’Harvard en 1979, il se décrit comme « un démocrate de Reagan et un démocrate de Trump abandonné par mon parti ».
- Initialement aligné sur un modèle néolibéral, il prônait une vision de la mondialisation axée sur le libre-échange et enseignait l’économie tout en écrivant des ouvrages prônant les opportunités offertes par les marchés mondiaux.
- Il change radicalement de position face à l’effet de la Chine. Il a déclaré qu’à partir de 2003, il commence à observer deux tendances : ses étudiants peinent à trouver des emplois et ne sont plus soutenus par des entreprises pour poursuivre des MBA. Il conclut qu’il s’agit de l’un des effets de l’admission de la Chine dans l’OMC en décembre 2001.
La difficulté de défaire les chaînes d’approvisionnement
Depuis 2018, la part de la Chine dans les importations brutes américaines diminue régulièrement, passant d’environ 22 % à 15 % en 2024. Mais la valeur ajoutée chinoise dans la consommation finale américaine reste relativement stable autour de 23 %.
- L’écart entre les importations brutes et la valeur ajoutée qui se creuse indiquent la relocalisation et la complexité de défaire les chaînes de valeurs : des biens contenant des composants chinois arrivent aux États-Unis par des pays tiers, ce qui masque partiellement la dépendance réelle aux produits chinois.
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Quel sera l’effet macroéconomique du Liberation Day ? La réponse d’Olivier Blanchard
Les droits de douane peuvent être instaurés pour des raisons compréhensibles, même si elles ne sont pas forcément bonnes : protéger un secteur, qu’on ait raison ou tort ; extraire des rentes de producteurs étrangers s’il y a des rentes à extraire. Bien entendu, en cas de représailles, tout le monde y perd, mais cela peut valoir la peine de prendre le risque.
Les droits de douane généralisés — ce vers quoi on semble s’acheminer — sont toutefois la pire forme de droits de douane. Ils sont néfastes pour le pays qui les impose, même en l’absence de représailles.
Le scénario classique est le suivant. L’effet initial de droits de douane plus élevés peut sembler positif : baisse des importations ; hausse de la demande pour les biens domestiques ; réduction du déficit commercial.
Cependant, avec des déficits plus faibles et des taux d’intérêt plus élevés pour contenir la demande, il y a une appréciation de la monnaie (le dollar, par exemple), une perte de compétitivité à l’export. Jusqu’à ce que le déficit commercial revienne au point de départ.
Alors : est-ce inutile ? C’est bien pire que cela. Une réallocation coûteuse des exportations vers les secteurs concurrencés par les importations ; une mauvaise allocation des ressources. Et quant aux recettes tirées des droits de douane : elles existent, mais à la fin, ce sont surtout les consommateurs américains qui les paient.
Il faut signaler un élément important qui modifie le scénario standard : l’énorme incertitude entourant la politique tarifaire de Trump. Les droits de douane sont-ils transactionnels ou permanents ? Vont-ils rester, augmenter, diminuer ?
Dans un tel contexte, si je suis une entreprise, que vais-je faire ? Vais-je construire une usine au Mexique ou aux États-Unis, au Vietnam ou en Chine, etc. ? Je ne sais pas, donc j’attends. Nous attendons tous. L’investissement diminue, la demande globale chute, et l’effet final est une récession.
À ce moment-là, le solde commercial s’améliore, pour deux raisons. L’effet direct des droits de douane, et une baisse de l’activité, donc des importations. Comme la Réserve fédérale des États-Unis tente de soutenir l’activité, des taux plus bas et un dollar plus faible stimulent les exportations. Cela semble formidable. On proclame un succès sur le front commercial – si l’on parvient à faire oublier la récession.
Mais cela ne dure qu’un temps. À mesure que l’économie se redresse, on revient au scénario initial. La dépréciation finit par se transformer en appréciation, l’activité repart, le déficit commercial revient au point de départ.
Résultat global : une récession, aucun gain réel.
Un grand désordre.
Quelles mesures de rétorsions sont attendues ?
- L’Union européenne a annoncé qu’elle répondrait de manière « robuste et calibrée ». Ursula von der Leyen devrait faire une déclaration demain, 3 avril. La Commission avait déjà prévu, pour mi-avril, des droits de douane sur un total de 26 milliards d’euros de biens américains, en réponse notamment aux nouveaux tarifs sur l’acier et l’aluminium introduits le 12 mars.
- Le ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi a déclaré : « L’America First ne doit pas se transformer en intimidation américaine, ni construire ses intérêts aux dépens des droits et intérêts légitimes des autres pays ». La Chine, le Japon et la Corée du Sud se sont d’ailleurs engagés à accroître les échanges commerciaux lors de leur premier dialogue économique en cinq ans.
- L’Inde, qui a parmi les droits de douane les plus élevés de la région, a déjà réduit ses tarifs sur certains produits, dont le whisky, et des discussions sont en cours en vue de la conclusion, d’ici la fin de l’année, d’un accord de libre-échange.
- Le Premier ministre canadien, Mark Carney, a déclaré que le Canada apporterait une réponse « intelligente » qui « ne désavantagera pas les producteurs canadiens ».
- La présidente du Mexique Claudia Sheinbaum a déclaré le 1er avril : « Qu’ils sachent que nous sommes prêts. Nous nous réunissons deux ou trois fois par semaine avec l’équipe (composée d’experts du gouvernement et des entreprises) pour renforcer les différentes mesures ».
- Israël a annoncé la suppression de tous les tarifs douaniers sur les importations en provenance des États-Unis.
- Le Royaume-Uni se dit « prêt pour le pire ».
Qu’est-ce que l’administration Trump espère obtenir ?
Il existe plusieurs tentatives d’expliquer l’utilisation des droits de douane par l’administration Trump, allant de l’incompétence — souvent mise en avant par le prix Nobel d’Économie Paul Krugman — jusqu’à des calculs politiques et géopolitiques élaborés.
En suivant Stephen Miran, président du Conseil des conseillers économiques, plusieurs analyses mettent en avant quelques constants que l’administration chercherait à adresser pour résoudre les contradictions internes du capitalisme américain :
- Les États-Unis bénéficient autant qu’ils souffrent de la position du dollar, monnaie de réserve mondiale, et la désindustrialisation et le creusement de la dette extérieure en sont les conséquences.
- La désindustrialisation a un impact sur la sécurité nationale, en ce qu’elle réduit les ressources financières à disposition des États-Unis. Miran soutient que la capacité physique à produire des biens est clef dans la puissance militaire.
À partir de là, le but ultime de l’administration serait d’utiliser les droits de douane pour négocier un nouvel accord du Plaza — l’accord de Mar-a-Lago — visant à déprécier le dollar. Dans ce contexte, les tarifs pourraient donc servir de monnaie d’échange pour obtenir des partenaires des États-Unis, une appréciation de leurs monnaies contre une suppression des droits de douane.
Nous avons analysé le plan de Miran ici — et exposé là les principales contradictions d’un accord de Mar-a-Lago
Federico Fubini revient sur le plan de Trump ici.
L’évolution historique des droits de douane appliqués par les États-Unis
Depuis 1945, les États-Unis se sont engagés dans une ouverture progressive du commerce international, via le GATT, puis l’OMC à partir de 1995. Les tarifs moyens ont chuté, favorisant l’intégration économique mondiale, notamment avec l’adhésion de la Chine à l’OMC en 2001. Ce mouvement a toutefois connu quelques revers, notamment lors de la présidence de Reagan dans les années 80 et de celle de Trump en 2016. L’administration Biden a gardé en place, et même renforcé, certaines mesures, notamment à l’encontre de la Chine.
- Dans ses discours, Trump lie les politiques protectionnistes appliquées par les États-Unis à la rapide industrialisation du pays au 19ᵉ siècle. Il omet toutefois le rôle, bien plus important, des gains de productivité et de l’accumulation du capital.
Le programme officiel du « Liberation Day » américain — et de la nuit douanière européenne
- 15h00 (heure de Paris) : Donald Trump se réunit avec son conseil d’experts en sur les questions commerciales pour finaliser « l’initiative tarifaire transformatrice ».
- 17h30 (heure de Paris) : la porte-parole Karoline Leavitt présente en avant-première cette journée que la Maison Blanche définit comme « historique ».
- 22h00 (heure de Paris) : Donald Trump dévoile les nouveaux tarifs réciproques « rétablissant l’équité dans le commerce américain » depuis le Rose Garden, devant la Maison-Blanche.
- 22h30 (heure de Paris) : Trump répond aux questions des médias avant une séance photo officielle.
- 00h00 (heure de Paris, le 3 avril) : des responsables de l’administration informent les leaders industriels sur la mise en œuvre des nouveaux tarifs afin « d’assurer une exécution fluide ».
- 02h00 (heure de Paris, 3 avril) : les marchés mondiaux réagissent « à la montée en puissance renouvelée de l’Amérique » avec l’ouverture de la Bourse de Tokyo.
La balance commerciale des États-Unis — évolution depuis le 20 janvier
Le déficit commercial des États-Unis a atteint 131,4 milliards de dollars (contre 98,1 en décembre).
- Le déficit commercial combiné des biens et des services a atteint 918 milliards de dollars en 2024, soit une augmentation de 17 % par rapport à 2023.
Le président de la République italienne Sergio Mattarella dénonce « une erreur profonde »
Le président de la République italienne Sergio Mattarella vient de déclarer après son entrevue à Rome avec le président estonien : « les droits de douane sont une erreur profonde. L’Union européenne doit apporter une réponse unie, calme et résolue ».
Il s’agit d’une déclaration particulièrement dure, le style de communication du Quirinal étant d’ordinaire très surveillé et discret, qui fait suite à ses prises de positions contre le risque d’une « vassalisation heureuse ».
Malgré la proximité de la présidente du Conseil Giorgia Meloni et du vice-président Salvini, comme nous le montrions dans notre sondage Eurobazooka, les Italiens sont majoritairement critiques de l’administration Trump : 59 % pense que l’élection de Donald Trump rend le monde moins sûr et 52 % que le président américain est un ennemi de l’Europe.
Trump et Musk fragilisés électoralement dans le Wisconsin
Les annonces du « Liberation Day » interviennent au lendemain d’une défaite sérieuse pour le camp MAGA dans l’élection pour les juges de la Cour suprême du Wisconsin.
À la suite du scrutin de mardi 1er avril, c’est Susan Crawford, soutenue par le parti démocrate, qui l’a emporté face au candidat soutenu par Trump et Musk : dimanche 30 mars, le propriétaire de X s’était rendu dans l’État pour remettre deux chèques d’un montant d’un million de dollars à des électeurs tirés au hasard au cours d’un événement très médiatisé visant à inciter les soutiens du parti républicain à se rendre aux urnes.
- Les démocrates avaient saisi cette implication pour structurer leur campagne autour du slogan « People vs Musk ». L’élection et cette stratégie ont été suivies de près, alors que le parti cherche sa voie pour les élections de mi-mandat de 2026 et tandis que Musk semble quant à lui vouloir appliquer le même mode opératoire que celui ayant propulsé Trump à la Maison-Blanche pour les prochains scrutins.
À Washington, Donald Trump est réveillé : il vient de tweeter
En images : la porte-parole de la Maison-Blanche briefe depuis lundi les journalistes
Les mesures prises à ce jour
Après plusieurs annonces et revirements, l’administration Trump a instauré des droits de douane supplémentaires de 20 % sur les produits chinois — 10 % appliqués depuis le 4 février et 10 % supplémentaires depuis le 4 mars.
- Des droits de douane globaux de 25 % sur l’acier et l’aluminium sont également en vigueur depuis le 12 mars.
- Des tarifs de 25 % sur les voitures entreront en vigueur demain, 3 avril.
- Les droits de douane de 25 % visant le Canada et le Mexique ont été suspendus à deux reprises, la dernière fois le 6 mars. Les droits de douane ne sont aujourd’hui en vigueur que pour les produits hors traité de libre échange (ACEUM), mais l’exemption pourrait prendre fin le 2 avril.
- En matière de mesures de rétorsion, la Chine a appliqué des taxes de 15 % sur le charbon et le gaz naturel liquéfié, de 10 % sur le pétrole, les machines agricoles, les voitures à grosse cylindrée et les pick-ups, de 15 % sur le poulet, le blé, le maïs et le coton, et de 10 % sur le sorgho, le soja, le porc, le bœuf, les produits de la mer, les fruits, les légumes et les produits laitiers.
- Le Canada a également annoncé des tarifs sur un total de 128 milliards de biens. La majorité a été suspendue pour le moment.
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Liberation Day
L’événement au cours duquel Trump annoncera les tarifs porte un nom : « Make America Wealthy Again ».
Peter Navarro, principal conseiller de Trump en matière de commerce, a déclaré que le plan du président devrait générer plus de 6 000 milliards de dollars de recettes fédérales au cours de la prochaine décennie. Cela correspondrait à un taux de 20 % sur l’ensemble des importations des États-Unis, en faisant l’hypothèse qu’elles ne baisseront pas suite à l’introduction d’un droit de douane.
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