Londres. Les négociations traversent une phase décisive et un point d’entente pourrait être trouvé cette semaine, avant même le Conseil européen des 17 et 18 octobre, a déclaré mercredi Michel Barnier, négociateur en chef pour la Commission européenne, en affirmant qu’un accord était à portée de main. Le Conseil européen décidera, comme l’avait anticipé Donald Tusk à Salzbourg, si les conditions sont réunies pour qu’un sommet extraordinaire soit convoqué au mois de novembre et que la formalisation de l’accord y finalisée (1).
Un compromis est sur la table sur la question cruciale de la frontière nord-irlandaise. Si à Bruxelles des résistances demeurent sur ce point, la réticence la plus difficile à éradiquer est celle du DUP, le parti unioniste nord-irlandais, qui tient la majorité du gouvernement May et qui rejette l’idée d’un statut à part pour l’Irlande du Nord. Les négociations semblent aller dans la direction d’un refus d’une frontière entre les deux îles, ce qui laisse dans le flou la question de la limite du marché unique européen. Si, en effet, le Royaume-Uni sort du marché unique et de l’union douanière, comme les derniers résultats de la négociation semblent indiquer, des contrôles administratifs, actuellement en voie de négociation, devront être établis à la frontière entre les deux pays. Mais Arlene Foster, leader du parti, peu convaincue, continue d’attirer l’attention sur un point crucial, à savoir que l’Irlande et le Royaume-Uni doivent rester inséparables, en vertu du principe “unioniste” que son parti incarne, un principe que l’Irlande du Nord tient très à coeur (3).
Mercredi dernier, le parti s’est abstenu de voter sur un amendement concernant l’agriculture. Certains y voient le signal qu’il pourrait s’opposer au fameux backstop. De plus, l’opposition au Parlement ne s’arrêterait pas au DUP puisque les Hard brexiters restent favorables à une sortie sans parachute et l’alternative d’un second référendum attire à la fois certains conservateurs et les députés travaillistes. L’optimisme de M. Barnier et de Theresa May, qui est allée jusqu’à danser au Congrès de son parti, font penser que la pression de l’Ue sur l’accord et l’absence de plan B de la part du gouvernement britannique risquent de compter beaucoup plus que le reste (2).
Perspectives :
- 17 – 18 octobre : Conseil européen où les 27 pays décideront du sorts de l’accord du Brexit.
Sources :
- European Council, 18 octobre 2018.
- Filling in the gaps in the Brexit deal, The Economist, 13 octobre 2018.
- TOYNBEE Polly, The DUP has its ‘blood-red’ line. Does Theresa May dare cross it ?, The Guardian, 11 octobre 2018.