New York. Le président iranien Hassan Rohani interviendra le 26 septembre 2018 au cours du débat général de la 73e assemblée générale des Nations Unies, notamment en présence des dirigeants allemand, britannique, français et des ministres des affaires étrangères chinois et russes (défenseurs de l’accord de Vienne). Ce rendez-vous diplomatique international et les discussions qui s’y tiendront en coulisses seront décisifs pour la survie de l’accord de Vienne ainsi que la stratégie européenne à adopter face à une application imminente des sanctions américaines à l’encontre de la banque centrale iranienne et des exportations d’hydrocarbures de l’Iran.
À l’approche de ce rendez-vous, Washington a lancé un dernier appel à négocier à Téhéran (5). En effet, au cours d’une intervention à l’Hudson Institute le 20 septembre 2018, Brian Hook, Conseiller politique auprès du secrétaire d’État et représentant spécial pour l’Iran, a évoqué la possibilité d’un traité qui encadrerait à la fois les activités balistiques et nucléaires de l’Iran. Interrogé sur la différence de nature entre l’accord de Vienne et ce nouveau traité, Brian Hook a déclaré : « Ils n’avaient pas les votes du Sénat américain et sont allés chercher les votes du Conseil de sécurité. Dans notre système de gouvernement, c’est insuffisant si vous souhaitez construire quelque chose de durable » (5).
Ces déclarations sont susceptibles d’embarrasser un peu plus les États-Unis au cours de l’Assemblée Générale des Nations Unies, dont le thème cette année est le multilatéralisme. Téhéran a déjà commencé à souligner l’isolationnisme de l’administration de Donald Trump (3), qui s’est progressivement retirée des accords de Paris sur le climat, du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies, et de l’UNESCO.
Du côté iranien, les consignes sont claires : le guide suprême de la République Islamique d’Iran refuse de s’assoir à la table des négociations, comme il l’a fait savoir lors de la dernière proposition de Donald Trump en août 2018 (2). Cependant, de nombreuses rencontres sont prévues en marge de l’Assemblée Générale qui sont autant d’opportunités pour faire passer des messages et tenter de faire avancer la situation. Le président de la République française, Emmanuel Macron, a notamment prévu de s’entretenir respectivement avec Hassan Rohani et Donald Trump (1).
Ainsi, les défenseurs de l’accord de Vienne, et plus particulièrement les Européens, ont l’occasion de faire front commun pour le préserver et encourager Téhéran à maintenir ses objectifs de non-prolifération. Une dénonciation de la politique agressive des États-Unis à l’égard des sociétés européennes qui ne se plieraient pas aux sanctions est également probable, d’autant qu’elle commence à irriter certains partenaires européens (4).
Perspectives :
- 26 septembre : intervention de Donald Trump et d’Hassan Rohani au débat général de la 73ème assemblée générale des Nations Unies.
- 4 novembre : retour des sanctions américaines à l’encontre de la Banque Centrale Iranienne (BCI) et des exportations de gaz et de brut iranien.
Sources :
- Macron to meet Trump, Iran’s Rouhani at UN in New York, AFP, 19 septembre 2018.
- HAFEZI Parisa, Iran’s Khamenei rejects Trump offer of talks, chides government over economy, Reuters, 13 août 2018.
- JAVAD ZARIF Mohammad, sur twitter, le 20 septembre 2018.
- POTTER Mark, VW rejects Trump envoy’s take on Iran pullout, Reuters, 20 septembre 2018.
- WROUGHTON Lesley, U.S. seeking to negotiate a treaty with Iran, Reuters, 19 septembre 2018.
Pour aller plus loin :
- ROZEN Laura, Trump’s Iran envoy blasts Tehran missile work, downplays prospects for NY meeting, Al-Monitor, 19 septembre 2018.