Beijing. Il y a dix ans, le transport ferroviaire régulier de marchandises n’existait pas entre l’Europe et la Chine. Courant juillet, la China Railway Corporation 中国铁路总公司 (Crc) a annoncé que plus de 9000 voyages avaient été effectués par train de marchandises entre les deux régions depuis 2011, reliant ainsi 48 villes chinoises et 42 villes européennes. Rien qu’en 2017, plus de 3000 voyages ont été réalisés, et la Crc estime que 2018 pourrait voir ce chiffre atteindre les 4000 (5).

Si la voie maritime représente une large majorité des échanges commerciaux sino-européens – 94 pour cent du commerce en volume et 64 pour cent en valeur (2) – le ferroviaire pourrait prendre une place croissante dans les années à venir et influer sur les économies des zones traversées. Ce type d’alternative constitue une solution à l’actuelle surcharge des ports, particulièrement chinois : en 2012, les ports de Shanghai et Guangzhou avaient respectivement atteint 125 et 107 pour cent de leurs capacités (4). L’augmentation du coût du carburant fait apparaître le train comme une voie avantageuse, de même que la piraterie qui gangrène les échanges maritimes. Enfin, contrairement au transport aérien, le ferroviaire permet d’acheminer des biens de très grand volume.

Au-delà de l’aspect technique, ce mode d’échange pourrait permettre à des entreprises européennes de pouvoir cibler plus précisément une région et un marché de consommateurs – en Chine de l’Ouest notamment (1). Cependant, le prix du transport ferroviaire demeure actuellement trois à quatre fois plus élevé que la voie maritime, et les passages de douane au sein de l’Eurasie ne sont pas encore assez facilités pour une réelle optimisation. Le projet chinois des nouvelles routes de la soie pourrait, via ses investissements en infrastructures, rendre ce type d’échange plus avantageux. Sur le terrain, cependant, rien n’est encore assez opérationnel pour que le transport ferroviaire représente une alternative complète (3). Si le train offre de vraies opportunités qui seront sans nul doute exploitées de manière croissante à l’avenir, le transport maritime devrait conserver sa prééminence encore longtemps.

Perspectives :

  • Fin 2018 : selon la Crc le nombre de voyages de trains de marchandises entre la Chine et l’Europe devrait atteindre 4000.
  • 2030 : la part des services ferroviaires dans le volume d’échanges entre Chine et Europe devrait doubler selon l’International Union of Railways.

Sources :

  1. BERGER Roland, Study – Eurasian rail corridors, what opportunities for freight stakeholders ? , International Union of Railways, 2017.
  2. HILLMAN Jonathan, The rise of China-Europe railways, Center for Strategic and International Studies, 6 mars 2018.
  3. SHAH Ankur, WORTHINGTON Caspar, BIANCHI Giulio (trad. PÉRIÉ Jessy), De l’Europe à la Chine, où en sont les projets de la Belt and Road Initiative ?, Le Grand continent, 14 décembre 2017.
  4. United Nations Economic Commission for Europe, Information from participants on recent developments in transport infrastructure priority projects on EATL routes , 28 mai 2015.
  5. Over 9,000 trips made via China-Europe trains, Xinhua et Global Times, 9 juillet 2018.