Téhéran. Si ces dix derniers jours ont été chargés d’une lourde actualité iranienne, après les menaces de Donald Trump (4), puis sa proposition de rencontre avec les Iraniens “sans précondition” (5), sur fond de perte de valeur incontrôlée de la monnaie iranienne et de manifestations (3), ainsi que de menace iranienne de bloquer le détroit d’Ormuz (où passent 19 millions de barils de pétrole par jour) si le pays se trouvait sous embargo pétrolier (6), c’est pourtant vers la Chine que nous avons porté notre regard cette semaine.

En effet, la Chine serait la première concernée par un embargo sur les exportations de pétrole iranien puisqu’elle en est le principal importateur, avec 500 à 600 000 barils par jours, bien que l’Iran ne soit que le sixième fournisseur en pétrole de la Chine (après la Russie, l’Arabie saoudite, l’Angola, l’Irak et Oman).

Dans ces conditions, d’après un expert de la Chine, “Pékin ne risque pas d’entrer en confrontation directe avec Washington en cas de sanctions contre des entreprises chinoises, mais risque plutôt d’observer l’Europe pour voir si elle trouve des solutions et propose des contournements que la Chine pourrait soutenir” (2).

Or, l’Union, actuellement en train de chercher des solutions pour sauver les bénéfices économiques de l’accord nucléaire, semble sous-estimer sa capacité d’action. En effet, le retour des sanctions américaines devrait frapper le réseau de transactions bancaires Swift, situé à Bruxelles, ce qui affaiblirait considérablement l’accord. Or en 2012, c’est l’Union qui avait obligé Swift à couper toutes relations avec les banques iraniennes. En somme, si l’Union adoptait une posture très ferme sur un tel sujet, elle pourrait influencer acteurs géopolitiques essentiels, et notamment la Chine (1).

Perspectives :

  • 06 août : date à laquelle les entreprises minières et automobiles devront cesser leurs activités en Iran sous peine d’être touchées par des sanctions américaines.
  • 04 novembre : date à laquelle Washington a demandé à tous ses partenaires de stopper les importations de pétrole iranien sous peine de sanctions.

Sources :  

HELMANN Axel, Why is Europe underplaying its hand on Iran ?, Al Monitor, 31.07.2018.

KOVRIEG Michael, What Would a U.S. War—or Peace—with Iran mean for China ?, ChinaFile, 01.08.2018.

PIRZADEH Mariam, On n’en parle pas assez mais […],02.08.2018. TRUMP Donald, Be Cautious ! 22.07.2018.

TRUMP Donald, I’ll meet them anytime they want, CNBC, 30.07.2018.

WAKIM Nabil, Entre Donald Trump et l’Iran, l’arme du pétrole, Le Monde, 31.07.2018.

Pour aller plus loin

À propos des relations entre l’Iran et la Chine, nous recommandons :

GARVER John, China and Iran : Ancient Partners in a Post-Imperial World, 2006, University of Washington, 392 pages.

Nous tenons également à signaler la parution cette semaine d’un numéro de la revue Hérodote intitulé “Regards géopolitiques sur l’Iran”, que nous avons résumé ici.

Enfin, nous avions consacré un article à la question des exportations pétrolières de l’Iran le 27 mai 2018.