La Russie est le premier producteur de diamants au monde. En 2024, le Processus de Kimberley estimait que les pierres russes, pour la plupart extraites en Sibérie, notamment en Iakoutie, représentaient 35 % du marché global, soit deux fois plus que le Botswana (17 %), son principal compétiteur. Le marché global des diamants représente près de 10 milliards de dollars par an.

Toutefois, les sanctions imposées à Moscou depuis 2022 menacent la domination russe du marché des diamants.

  • La quasi-totalité (90 % environ) des diamants russes sont produits par Alrosa, une entreprise minière publique qui extrait chaque année l’équivalent de 40 millions de carats de diamants.
  • Bien qu’elle soit leader du marché mondial, près des trois-quarts de ses ventes étaient concentrées avant la guerre au sein des pays du G7.
  • Or, depuis 2024, les diamants russes sont soumis à un embargo dans l’Union et le G7. Après leur départ d’Anvers, la capitale mondiale du diamant, les entreprises russes se sont relocalisées à Dubaï ou à Hong-Kong.

La perte du marché européen, couplée à une baisse du prix des diamants russes l’an dernier 1, a contribué à une contraction de 25 % du chiffre d’affaires d’Alrosa au cours du premier semestre 2025. Les bénéfices avant intérêts et impôts (EBITDA) de l’entreprise se sont effondrés de 42 % en glissement annuel, tandis que sa dette nette a été multipliée par 10, passant à 61 milliards de roubles (700 millions d’euros) contre 6,34 milliards (70 millions d’euros) l’an dernier 2.

  • Le ministère des Finances russe a annoncé fin octobre son intention d’acheter — sûrement pour plusieurs dizaines de millions de dollars — des diamants à Alrosa.
  • La transaction, qui devrait passer par Gokhran, l’institution chargée de gérer le Fonds national des métaux précieux et des pierres précieuses russe, devrait avoir lieu d’ici la fin de l’année 3.
  • Avant un achat par l’État russe de l’équivalent de 100 millions de dollars de diamants auprès d’Alrosa en novembre 2024, la dernière transaction de ce type remontait à 2012.

Malgré l’embargo, une partie des diamants russes — dont la quasi-totalité sont taillés en Inde — parvient à être vendue sur le marché européen et nord-américain. Toutefois, après l’avoir repoussé à deux reprises, suite à la décision prise par le G7 fin 2023, l’Union devrait mettre en œuvre à partir du 1er janvier 2026 son mécanisme de traçabilité qui permettra de suivre la provenance des diamants bruts tout au long de la chaîne d’approvisionnement 4.

  • La Russie n’est pas le seul producteur touché par la crise qui traverse depuis plusieurs années le marché des diamants.
  • Alrosa anticipe que la production mondiale devrait atteindre cette année son niveau le plus faible depuis 20 ans.
  • La situation de l’entreprise est toutefois aggravée dans le pays par les taux directeurs élevés de la Banque centrale 5.