L’Inde, qui n’importait pratiquement pas de pétrole russe avant 2022, est désormais le deuxième importateur d’hydrocarbures russes après la Chine. En septembre, le pétrole russe représentait plus d’un tiers (34 %) du total de ses importations, pour un montant estimé par le Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA) à 2,5 milliards d’euros.

Si New Delhi n’a pas confirmé les déclarations de Trump, un arrêt total des importations aurait un impact considérable sur les finances de Moscou.

  • Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères indien a déclaré hier, jeudi 16 octobre, qu’il n’était pas au courant « d’une quelconque conversation entre le Premier ministre Modi et le président Trump hier » 1.
  • Dans un communiqué de presse, le ministère indien des Affaires étrangères a déclaré que les importations pétrolières du pays sont guidées par une « priorité constante visant à protéger les intérêts des consommateurs indiens dans un contexte énergétique instable » tout en ajoutant que le pays procède à une « diversification adaptée », notamment en achetant davantage de pétrole auprès des États-Unis.
  • Fin août, l’administration républicaine avait imposé des tarifs douaniers de 50 % sur les importations en provenance d’Inde, soit le double du taux précédemment en vigueur, dans l’espoir d’obtenir un arrêt des importations indiennes d’hydrocarbures russes.
  • Les négociations commerciales ont depuis repris entre New Delhi et Washington, et les raffineries publiques indiennes ont signalé hier, jeudi 16, leur intention d’augmenter leurs importations de GPL américain, aux dépens des pays du Golfe 2.

En raison des sanctions sur ses pétroliers et entreprises énergétiques, un nombre restreint de pays sont prêts à importer du pétrole russe, bien que celui-ci soit moins cher que celui vendu par les pays du Golfe, le Canada ou les États-Unis. À eux seuls, la Chine et l’Inde représentent entre 80 et 90 % du total des exportations, suivis par la Turquie (environ 5 %), et la Hongrie et la Slovaquie (environ 5 % également pour les deux).

  • Il est peu probable que Moscou puisse rediriger la totalité de ses exportations vers la Chine, dont la demande de pétrole devrait atteindre son pic en 2027.
  • Un arrêt net des importations indiennes donnerait à Pékin un pouvoir de fixation des prix bien plus important, celui-ci étant le seul autre acheteur d’envergure.

Selon nos estimations, sur la base des chiffres du CREA, un arrêt des importations indiennes de pétrole russe pourrait potentiellement représenter une perte de 19,3 % des revenus énergétiques de Moscou, sur la base de la part représentée par New Delhi dans le total des exportations sur la période janvier-octobre 2025 — soit environ 22 milliards d’euros par an, ou 2 000 milliards de roubles.

  • La perspective d’un arrêt ou, du moins, d’un ralentissement progressif des importations indiennes de pétrole survient dans une période particulièrement difficile financièrement pour Moscou.
  • Alors que le gouvernement anticipe un déficit budgétaire de 1,4 % l’an prochain, les recettes générées par les exportations d’hydrocarbures ont atteint en septembre leur niveau le plus bas depuis le lancement de l’invasion de l’Ukraine en 2022 3.
  • Les revenus pétroliers et gaziers perçus par la Russie — qui représentaient l’an dernier 30 % du total du budget — sont ainsi en baisse de 21 % sur les neuf premiers mois de l’année par rapport à 2024.
Sources
  1. Sudhi Ranjan Sen, « India Says Unaware of Trump-Modi Conversation on Russian Oil », Bloomberg, 16 octobre 2025.
  2. Nidhi Verma, « India refiners to buy more US LPG in 2026, cut Middle East imports, sources say », Reuters, 16 octobre 2025.
  3. Vaibhav Raghunandan, September 2025 — Monthly analysis of Russian fossil fuel exports and sanctions, CREA, 14 octobre 2025.