Milei ou la disruption spectaculaire : concert intégral
Malgré la pression politique et économique sur son gouvernement, le président argentin a lancé cette semaine son nouveau livre dans un format spectaculairement bizarre : un concert de rock de plus de 2h, devant 15 000 personnes au Movistar Arena de Buenos Aires.
Nous le traduisons et le commentons ligne (de basse) à ligne.
- Auteur
- Guillermo Fernández-Vázquez
Après la défaite de son parti à l’élection du parlement provincial de Buenos Aires le dimanche 7 septembre dernier, cet événement était très attendu dans un contexte de tensions politiques et économiques en Argentine. Alors que Milei vient d’écarter sa tête de liste de la province de Buenos Aires pour les législatives, José Luis Espert, un proche du président accusé d’avoir des liens avec le narcotrafic, le pays attend l’issue des discussions sur un plan de sauvetage financier à Washington entre le ministre de l’Économie, Luis Caputo, et le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent.
Au même moment, des manifestants se sont réunis aux alentours du stade, et des affrontements — minimisés par les proches du président — ont opposé ces derniers à des militants pro-Milei et aux forces de l’ordre.
L’atmosphère qui régnait au sein du Movistar Arena était toute autre.
Dans une ambiance festive, le président argentin et son public étaient déchaînés. Au premier rang se trouvaient plusieurs fonctionnaires et ministres importants de l’exécutif, notamment la ministre de la Sécurité Patricia Bullrich, la ministre du Capital humain Sandra Pettovello, le ministre de l’Intérieur Lisandro Catalán, le ministre de la Défense Luis Petri et le président de la Chambre des députés, Martín Menem.
De temps à autre, entre deux morceaux, Milei s’interrompt pour dire quelques mots.
Il remercie ainsi ses proches (« Je tiens à remercier le Triangle de fer, Karina Milei et Santiago Caputo. Je remercie également les partis et les alliances présentes. Je remercie les jeunes de tout le pays, le groupe La Púrpura et les Forces du Ciel ») ; réitère son soutien à Israël (« Israël est le bastion de l’Occident […] Nous ne tolérerons pas cette xénophobie que la gauche tente d’instaurer ») ; et fait allusion à la victoire du kirchnérisme lors de l’élection du 7 septembre (« Vous m’entendez, les kirchnéristes ? Vous avez peut-être remporté un round, mais pas la bataille »).
Trois temps ont structuré l’événement : un concert de rock du président argentin d’une cinquantaine de minutes avec « la banda presidencial » (« groupe présidentiel ») : à la basse, son biographe Marcelo Duclos — que nous avions interrogé dans la revue — et Alberto « Bertie » Benegas Lynch à la batterie accompagné, par moments au chant de la députée Lilia Lemoine, proche de Milei ; puis pendant une vingtaine de minutes un discours de l’idéologue d’extrême droite Agustín Laje, introduit par le porte-parole de la présidence argentine Manuel Adorni ; pour finir, Milei est revenu sur scène en chantant a cappella l’hymne argentin enveloppé du drapeau national, avant d’entamer — cette fois-ci habillé en président : costume et cravate — un dialogue avec Adorni de trente minutes.
Que faire de ce rituel bizarre ? Comment le comprendre dans le contexte de la séquence électorale argentine et d’un essouflement net du miléisme ?
Nous avons sélectionné six moments-clefs, traduits et commentés.
1 — « Bonjour à tous, je suis le Lion »
Bonjour à tous
Je suis le Lion
La bête rugit au milieu de l’avenue
La caste s’enfuit
Sans comprendre
Panic Show en plein jour
S’il te plaît, ne fuis pas
Je suis le roi d’un monde perdu
Je suis le roi
Je te dévorerai
Toute la caste est mon appétit
Vive la liberté, putain !
À 20h32 heure locale, un cor de bélier a retenti dans la grande arène du Movistar Arena. Le choix de cette manière particulière de commencer le spectacle est significatif non seulement parce qu’il attire l’attention du public et l’avertit que le spectacle est sur le point de commencer, mais surtout parce qu’il lui rappelle qu’au cœur de cette nouvelle identité politique argentine, il y a un fondement tribal : une communauté aux liens forts, qui dispose d’un leader et, surtout, qui se sent investie d’une mission.
Le son du cor est suivi d’une explosion, puis d’une séquence visuelle qui donne des indices sur le contenu de cette mission : renverser, détruire, démolir. La tribu libertarienne, réunie pour l’occasion, se réjouit de ces scènes de bâtiments qui s’effondrent et se rappelle au passage le but ou la raison de son union. Dans ces premiers instants du concert se trouve déjà la clef principale de l’événement : séparer Javier Milei du signifiant « corrompu » et essayer de l’associer à nouveau à ceux de « lion », « fou » et « transgresseur ». C’est-à-dire revenir aux termes qui ont motivé le groupe et lui ont donné sa cohésion ; et, pendant ce temps, célébrer et se débarrasser de la peur et des nombreuses tensions qui s’emparent en ce moment de cette famille politique.
Face à 15 000 spectateurs — l’entrée était libre et gratuite à condition de s’inscrire —, Javier Milei est apparu tout de cuir noir vêtu au cœur du public et a avancé lentement au gré de longues embrassades jusque sur la scène — où l’attendait sa sœur Karina, surnommée « El Jefe ». Milei fait des aller-retours sur scène, euphorique, sur sa chanson devenue fétiche : celle qui avait rythmé sa campagne présidentielle en 2023, « Panic Show » de La Renga. Elle commence ainsi :
Hola a todos
Yo soy el León
Il semblerait impossible de choisir un message plus clair pour la situation actuelle dans laquelle se trouvent tant « La Libertad Avanza » (LLA) que, plus particulièrement, Javier Milei. Un message qui demande, à ses électeurs, presque comme une supplication, de ne pas partir, de ne pas abandonner — et de ne pas l’abandonner. Et qui, dans le même temps, assure qu’il reste encore beaucoup à faire : que le « monde perdu » de l’Argentine de la fin du XIXe siècle — à l’époque du président Roca — peut encore revenir si les principes libertariens défendus par l’actuel président continuent d’être appliqués — comme il le répétera à la toute fin de l’événement lors de sa conversation avec Manuel Adorni. Un « monde perdu » qui, outre la nostalgie, incarne une autre promesse libidinale : détruire tous les complices de la dégradation et de la décadence.
Après cette entrée spectaculaire d’une dizaine de minutes, la musique s’arrête, Milei arrive très essoufflé au micro qui se trouve au milieu de la scène et commence à chanter a cappella.
Il s’arrête sous les applaudissements, surgissent des fumées sur scène, le groupe commence à jouer — le spectacle commence.
2 — Présentation de « la banda presidencial »
Voici maintenant la présentation du groupe présidentiel !
Dans les chœurs, la merveilleuse, unique et incomparable soprano colorature, Ana Tamagno !
Aux côtés d’Ana dans les chœurs, la mezzo-soprano, notre députée de La Libertad Avanza pour la province de Buenos Aires, la destructrice des opérettes kukas, celle qui a démasqué tous les délinquants, la merveilleuse Lilia Lemoine !
« Kuka » est un terme péjoratif employé pour désigner un militant, un sympathisant ou un partisan du kirchnérisme. Ici, avec l’expression « opérettes kukas » Milei laisse entendre que le kirchnérisme serait prêt à tout — même à tricher — pour gagner les prochaines élections du 26 octobre.
Première guitare : l’homme dont le nom est synonyme de talent, la montagne de vertus, le génie débordant, notre première guitare, Hernán Hendrix !
Guitare rythmique : notre candidat au poste de sénateur national pour La Libertad Avanza dans la province d’Entre Ríos, fils du héros du libéralisme, le plus grand de tous les temps, Alberto Benegas Lynch fils, voici l’un de ses fils pour nous représenter au Congrès, pour nous représenter au Sénat, Joaquín Benegas Lynch !
À la basse, l’une des meilleures plumes du libéralisme, un journaliste que nous n’avons pas à détester car il fait partie des bons, mon biographe, Marcelo Duclos !
Au clavier, l’héritier de Jon Lord, le majestueux, l’unique, l’incomparable, l’avocat du libéralisme, le negro Fernando !
Dans la bouche de Milei, l’utilisation du mot negro dans ce contexte n’est pas nécessairement péjorative, il est ici employé comme une marque d’affection.
Et à la batterie, le fils du héros national, frère de Joaquín, notre député national pour La Libertad Avanza dans la province de Buenos Aires. Regardez comme il frappe les tambours, si seulement on frappait ainsi la caste, dans dix ans nous serions une puissance, Bertie Benegas Lynch !
Comme dans un vrai concert, Milei prend le temps de présenter au public tous les membres qui composent « la banda presidencial » (« groupe présidentiel »). En espagnol, le nom « la banda presidencial » fait également référence à l’insigne ou au symbole d’autorité que portent les présidents de la république en bandoulière lors des cérémonies officielles.
À la batterie, le député national de la province de Buenos Aires Alberto « Bertie » Benegas Lynch ; à la guitare, son frère Joaquín Benegas Lynch, candidat au poste de sénateur national dans la province d’Entre Ríos. Tous deux sont les fils de l’économiste Alberto Benegas Lynch fils.
À la basse, le journaliste et biographe de Milei, Marcelo Duclos — que nous avions longuement interrogé dans ces pages lors d’un entretien à deux voix sur le miléisme en Argentine. À la seconde guitare, Hernán Scarfó de son vrai nom. Au clavier, l’avocat Fernando Mezzina, proche du président.
Aux chœurs, la députée Lilia Lemoine Lemoine, accompagnée de l’épouse de Duclos, Ana Tamagno.
3 — Les attaques contre le kirchnérisme
(Au public) Allumez vos téléphones portables pour voir ce que ça donne.
J’ai les projecteurs devant moi, aidez-moi ! Ah, c’est le kiff. Je suis sûr que C5N va dire que ce sont tous des figurants.
Canal 5 Noticias (C5N) est une chaîne de télévision privée argentine que Milei considère comme un média d’opposition.
C’est pourtant sur cette chaîne que Milei avait fait ses premiers pas à la télévision argentine et construit son personnage médiatique — central pour la transition vers la figure politique et présidentielle.
(Le public entonne des chants à la gloire de Milei.) Vous entendez, les kirchnéristes ? Vous avez peut-être gagné un round, mais pas la bataille — et encore moins la guerre !
Le public répond « Milei, mon cher, le peuple est avec toi » et alors, pour la première fois, Milei semble vraiment à l’aise : il sourit ouvertement et remercie ses partisans pour leurs chants avec une émotion sincère.
Il ne cache pas qu’il a besoin de ce soutien pour contrebalancer les nouvelles négatives qui marquent le quotidien présidentiel. Il se montre avide de marques d’affection qui atténuent les perspectives électorales défavorables. De plus, il doit convaincre les autres et se convaincre lui-même que tout n’est pas décidé d’avance et que La Libertad Avanza peut encore obtenir un résultat satisfaisant lors des élections de mi-mandat du 26 octobre, qui renouvelleront la moitié de la Chambre des députés et un tiers du Sénat. Après le concert, Agustín Laje et Manuel Adorni insisteront sur cette idée.
4 — Les remerciements à ses soutiens — et aux Forces du Ciel
Je tiens à remercier chacun d’entre vous qui avez fait l’effort d’être ici aujourd’hui. Je tiens à remercier chacun d’entre vous. Je tiens à remercier chacun des fonctionnaires, des députés, des sénateurs qui sont ici.
Je tiens également à remercier le Triangle de fer, Karina Milei et Santiago Caputo !
Je tiens également à remercier chacun des représentants des partis de La Libertad Avanza ou des différentes alliances qui sont présents ici aujourd’hui.
Merci beaucoup !
Je tiens également à remercier les jeunes de La Libertad Avanza de tout le pays. Je tiens également à remercier le groupe La Púrpura. Et je tiens aussi à remercier les Forces du Ciel !
Car la victoire dans la bataille ne dépend pas du nombre de soldats, mais des forces qui viennent du ciel !
Vive la liberté, putain !
Las Fuerzas del Cielo (« Les Forces du Ciel ») est le nom officiel du groupe militant qui agit comme « garde prétorienne » de l’actuel président sur Internet et dans la sphère des memes.
En Europe, on associe souvent le discours intégriste à caractère religieux à la droite américaine, et en particulier aux partisans de Donald Trump — la rhétorique de Milei en regorge également.
Le président argentin et son mouvement imprègnent leur action politique d’une tonalité résolument religieuse, qui joue avec des catégories manichéennes telles que le Bien et le Mal et suggère que le libertarianisme et le divin seraient intimement liés.

5 — L’hommage aux victimes du 7-Octobre — en chantant Hava Nagila
Nous voulons tout d’abord rendre hommage aux victimes du 7 octobre, à ceux qui sont toujours retenus en otages. Et nous exigeons la libération inconditionnelle et rapide de tous les otages, parmi lesquels se trouvent quatre Argentins !
Mais ce n’est pas tout. C’est également le moment de réfléchir à ce dont nous allons discuter ensuite dans le livre, après l’introduction d’Agustín Laje.
Car Israël est le bastion de l’Occident. Et c’est pourquoi les terroristes et la gauche, paradoxalement, sont unis. Car ils savent qu’en détruisant Israël, ils détruisent le monde occidental fondé sur la culture judéo-chrétienne — et ils vont nous écraser sur leur passage. C’est pourquoi nous soutenons Israël, car c’est juste.
Mais surtout parce qu’Israël est le bastion de l’Occident ! Les vannes de la vague d’antisémitisme ont été ouvertes par le monde des wokes, par les socialistes bien élevés — par ces gens qui, dans certains endroits, nous ont même usurpé le terme de libéraux.
Les « Liberals » sont de gauche… si vous cherchez des gens de droite, il faut chercher du côté des conservateurs, des patriotes ou des libertariens. Et cela après deux blessures terribles que nous avons subies en Argentine, comme les attentats contre l’AMIA et l’ambassade d’Israël.
L’antisémitisme est de retour.
Ces jours-ci, un beau couple, Eytan et Michelle, avec deux beaux jumeaux, préparait leur cabane pour célébrer la fête de Soukkot — qui est la fête de la joie, de l’abondance —, et un marginal a tiré sur l’un des enfants.
[Cris dans le public : Fils de pute ! Fils de pute !]
Je ne peux qu’être d’accord avec ce que vient de dire quelqu’un à la tribune.
[En chœur, le public crie plus fort : Fils de pute ! Fils de pute !]
Évidemment, le ministre Cúneo Libarona, la ministre Bullrich et la députée nationale Sabrina Ajmechet ont immédiatement pris des mesures. Car nous ne tolérerons pas cette xénophobie que la gauche tente d’instaurer. Je salue et soutiens donc Eytan et Michelle, ainsi que leurs deux magnifiques enfants.
Mais étant donné qu’aujourd’hui même commence la fête de Soukkot, je pense que nous devons rendre hommage aux victimes du 7 octobre, nous devons rendre hommage aux Argentins qui sont morts dans les attentats contre l’AMIA et l’ambassade d’Israël.
Et je veux le faire d’une manière très spéciale.
Lors d’une des visites que j’ai eu l’honneur de faire au Musée de l’Holocauste ici en Argentine, qui est l’un des meilleurs au monde, j’ai vu une personne qui témoignait. On lui a posé beaucoup de questions… C’était une IA. Elle construisait ses réponses en reproduisant les traits et la voix d’une femme.
À la fin de la visite — j’ai eu le privilège de la faire avec Fabiana Mindlin [directrice du musée de l’Holocauste de Buenos Aires], et je lui ai posé une question : comment faisaient-ils pour survivre ? Que faisaient-ils ? Comment faisaient-ils face à l’horreur qu’avait été l’Holocauste ?
La réponse m’a surpris.
Ce n’est pas le modèle d’intelligence artificielle qui m’a répondu, mais bien Fabiana. Avec beaucoup de sagesse, elle m’a dit que ceux qui répandaient la mort, ce qu’ils ne pouvaient pas supporter c’est d’être en vie — et ils supportaient encore moins d’être heureux. Par conséquent, face à tous ces ennemis de la liberté, la réponse serait : soyons plus libres !
Et face à ceux qui veulent nous détruire, vivons encore plus fort, soyons heureux et nous les vaincrons en étant heureux !
C’est pourquoi, au-delà de toutes ces questions tragiques, je veux que nous leur répondions par une chanson que nous connaissons tous. Celle qui viendra après nous la connaissons tous aussi par cœur, mais celle-ci n’est pas du genre rock and roll. Elle évoque la joie, le bonheur, la prospérité, et dit :
Hava naguila
Hava naguila
Hava naguila venis’mekha
Allez, allez, allez, cela dérange la gauche et ceux qui détestent la liberté.
Vive la liberté, putain !
Vive la liberté, putain !
Hava Naguila est une chanson de célébration traditionnelle hébraïque dont le titre signifie « réjouissons-nous ».
Milei l’introduit par une anecdote totalement confuse et décousue sur sa visite au musée de l’Holocauste à Buenos Aires.
La pause la plus longue du concert coïncide précisément avec l’hommage rendu aux victimes des attentats du 7 octobre 2023 en Israël. Il ne s’agit pas d’un geste fortuit. Les propos de Javier Milei ne visent pas seulement à rappeler les victimes argentines de cette attaque, ni à souligner qu’Israël est un pays allié dans la région — « la seule démocratie du Proche-Orient » — mais aussi à présenter le gouvernement de Benjamin Netanyahou comme un modèle politique et une source d’inspiration pour la nouvelle droite, tant en termes de sécurité que d’articulation entre politique et religion. C’est pourquoi, malgré tout ce qui s’est passé depuis 2023, ni Milei ni le reste de la droite radicale occidentale n’ont réduit leur soutien aux opérations militaires à Gaza.
6 — Milei chante l’hymne national — enveloppé du drapeau argentin
Tout au long du concert, aucune mention, explicite ou implicite, n’est faite de José Luis Espert — que Milei vient pourtant d’écarter de la tête de liste de la province de Buenos Aires pour les élections à cause de ses liens avec le narcotrafic. Il est encore moins question du scandale des « pots-de-vin » ou des commissions occultes que la sœur du président, Karina Milei, aurait prétendument perçues. Il est frappant — ou ironique, selon le point de vue — qu’un parti qui met constamment l’accent sur les liens avec le trafic de drogue chaque fois qu’il critique les gouvernements progressistes de la région — qu’il s’agisse de la Mexicaine Claudia Sheinbaum, du Colombien Gustavo Petro ou du Vénézuélien Nicolás Maduro — reste absolument silencieux au moment où l’opinion publique argentine débat intensément de Federico Machado — homme d’affaires argentin extradé ces jours-ci aux États-Unis pour narcotrafic en lien avec Espert.
Deux moments du concert retiennent l’attention. Le premier est le montage vidéo projeté sur l’écran principal, dans lequel, en détournant une scène de Star Wars, Javier Milei apparaît déguisé en Jedi et est attaqué par une foule de médias commandés par l’ancienne présidente argentine Cristina Fernández de Kirchner.
Le deuxième moment est révélateur du niveau de rébellion, d’audace et d’effronterie incarné par le président, qui séduit une partie de la société argentine. Sur la base d’une vidéo montrant des images de manifestants affrontant la police, Javier Milei et son groupe musical entonnent avec enthousiasme, sur un rythme rock, le chant « kuka tira piedras », en référence aux partisans de Kirchner et pour se moquer de la colère de ce secteur de l’opposition politique et, plus généralement, des manifestations qui ont eu lieu en Argentine ces derniers mois — y compris dans les parages de la salle, au moment même de ce concert.
Avec cette chanson, le président profite également de l’occasion pour se moquer de ceux qui, il y a quelques semaines, l’ont interpellé et lui ont lancé des projectiles dans la municipalité de Lomas de Zamora, située dans la banlieue de Buenos Aires. Cette forme d’esprit de revanche sous des dehors provocateurs reste l’un des principaux arguments de vente du projet défendu par Javier Milei dans un pays fortement polarisé.