Les États-Unis sont l’allié le plus important — militaire et diplomatique notamment — d’Israël. Toutefois, si Washington continue de fournir des armes à Tsahal et maintient sa politique de non-reconnaissance de l’État de Palestine, le soutien d’une partie de la population américaine s’est contracté depuis octobre 2023.
C’est notamment le cas au sein du Parti républicain, traditionnellement perçu comme étant le plus proche d’Israël.
- Selon une enquête du Pew Research Center, l’érosion de ce soutien est la plus visible parmi les jeunes républicains : 50 % disent désormais avoir une opinion « négative » d’Israël, contre 35 % en 2022 1.
- Donald Trump lui-même aurait déclaré en juillet que ses alliés commençaient « à détester Israël » 2.
- Le paysage médiatique conservateur a quant à lui vu l’émergence de plusieurs personnalités critiques d’Israël, à l’image de la conspirationniste Candace Owens ou du streamer Nick Fuentes, connu pour ses propos antisémites.
À la fin du mois de septembre, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, Benyamin Netanyahou a pris part à un événement privé au consulat israélien à New York en présence de plusieurs influenceurs et commentateurs pour la plupart juifs-Américains.
- Quelques jours plus tôt, Netanyahou avait prononcé un discours très remarqué au cours duquel celui-ci reconnaissait l’isolement diplomatique dont faisait l’objet Israël et avertissait que le pays pourrait être contraint de devenir une économie autonome avec des « caractéristiques autarciques » — une sorte de « super-Sparte » 3.
- S’exprimant devant ces influenceurs américains, le dirigeant israélien a appelé à « combattre avec les armes qui s’appliquent au champ de bataille dans lequel nous sommes engagés […] et les plus importantes se trouvent dans les médias sociaux », empruntant plusieurs éléments de langage au lexique militaire.
Pour mener cette « offensive », Netanyahou mentionne « l’argent des ONG et des gouvernements » comme étant une arme clef pour « consolider notre base de soutien aux États-Unis, qui est systématiquement remise en question ».
- Soulignant le rôle joué par les réseaux sociaux dans cette lutte, il décrit la tentative menée par Trump de transfert des activités américaines de TikTok à des investisseurs américains comme « le rachat le plus important en cours actuellement ».
- Sur TikTok comme sur X (ex-Twitter), la plateforme rachetée par Elon Musk fin 2022, Netanyahou souhaite ainsi mettre à profit la puissance algorithmique pour « donner des indications à nos amis non-juifs ou à ceux qui pourraient devenir nos amis ».
- En disposant d’alliés à la tête de réseaux sociaux utilisés quotidiennement par plusieurs dizaines de millions de jeunes Américains, celui-ci espère être en mesure de lutter contre l’émergence en ligne de personnalités conservatrices exprimant des positions critiques vis-à-vis d’Israël, susceptibles d’influencer la jeune base du GOP.
La stratégie de Netanyahou aux États-Unis passe également par des réseaux politiques plus traditionnels, qui jouent un rôle central dans le financement des campagnes électorales.
- L’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), le lobby pro-israélien le plus puissant de Washington, finance des campagnes publicitaires à hauteur de plusieurs centaines de milliers de dollars dirigées contre des élus ayant tenu des positions perçus comme trop critiques d’Israël.
- Plusieurs donateurs milliardaires du Parti républicain comme Paul Singer, John Paulson et Miriam Adelson, la femme du milliardaire pro-Israël Sheldon Adelson décédé en 2021, ciblent quant à eux l’élu républicain du Kentucky Thomas Massie, qui a rompu les rangs du Parti en critiquant plusieurs décisions de l’administration.
Sources
- Laura Silver, How Americans view Israel and the Israel-Hamas war at the start of Trump’s second term, Pew Research Center, 8 avril 2025.
- Abigail Hauslohner, « Has Gaza tested the limits of Donald Trump’s support for Benjamin Netanyahu ? », Financial Times, 30 juillet 2025.
- Nava Freiberg et Lazar Berman, « Netanyahu admits Israel economically isolated, says will need to become ‘super-Sparta’ », The Times of Israel, 15 septembre 2025.