Depuis le retour au pouvoir de Trump, Palantir a signé plus d’une centaine de contrats avec une quinzaine d’agences fédérales et de départements pour un montant proche des 600 millions de dollars. En fournissant des logiciels à l’armée, au service de collecte des impôts (IRS) ou à l’agence en charge de la lutte contre l’immigration illégale (ICE), l’entreprise co-fondée par Peter Thiel continue d’étendre son contrôle sur l’infrastructure digitale de l’État américain.

Ce contrôle pourrait passer un nouveau cap au cours des prochains mois alors qu’ICE commencera à utiliser à partir d’aujourd’hui, jeudi 25 septembre, un prototype de sa nouvelle plateforme, ImmigrationOS, dans le cadre d’un contrat conclu en avril.

  • La plateforme devrait avoir trois principales fonctions : « cibler et hiérarchiser des mesures coercitives », suivre en temps quasi-réel les « auto-expulsions » de migrants et « rationaliser l’identification » des étrangers et leur expulsion dans un souci « d’efficacité » 1.
  • Dans un document justifiant le choix d’ICE pour le logiciel de Palantir, l’agence cite l’impératif fixé par l’administration Trump dans deux décrets présidentiels (le n°14159 du 20 janvier et n°13773 de février 2017) qui visent à « assurer l’expulsion efficace et rapide des étrangers des États-Unis » 2.
  • ICE a déporté près de 200 000 personnes au cours des sept premiers mois de la deuxième administration Trump, tandis que le département de la Sécurité intérieure a recensé 17 500 « auto-expulsions », encouragées par l’administration 3

Concrètement, ImmigrationOS fournira aux agents d’ICE une plateforme unique sur laquelle ils seront en mesure d’approuver des raids, d’enregistrer des arrestations, de générer des documents juridiques puis d’acheminer les individus arrêtés vers des centres de détention ou directement des vols d’expulsion. Pour ce faire, le logiciel de Palantir s’appuie sur plusieurs bases de données qui ne sont traditionnellement pas mobilisées pour ce type d’opérations liées à l’immigration, comme des données de transactions financières 4.

  • Palantir est un sous-traitant d’ICE depuis 2011. En fournissant des « pistes » aux agents de l’immigration pour trouver puis arrêter des migrants en situation illégale, l’entreprise se place toutefois désormais en amont de la chaîne de décision et ne fournit plus seulement des outils circonscrits à un rôle de soutien.
  • Elle travaillera officiellement avec l’ERO (Enforcement and Removal Operations), une des deux principales branches d’ICE chargée des arrestations, de la détention puis de la déportation des migrants non-documentés.
  • Bien que Palantir ait toujours nié avoir travaillé avec ERO par le passé, des documents internes à l’agence obtenus par l’organisation Just Futures Law indiquent que, durant le premier mandat Trump, le personnel d’ERO a pu accéder aux technologies de Palantir 5.

En disposant d’un accès aux bases de données du service de collecte des impôts, du département du Trésor et d’autres agences fédérales, les plateformes et logiciels de Palantir pourraient être utilisés par l’administration Trump pour surveiller et potentiellement arrêter des groupes qualifiés « d’extrême-gauche » que la Maison-Blanche souhaite réprimer, notamment suite à l’assassinat de Charlie Kirk 6.

  • Lundi 22 septembre, Donald Trump a signé un décret présidentiel désignant le mouvement Antifa comme organisation terroriste.
  • La procureure générale Pam Bondi avait menacé de « prendre pour cible » et de « poursuivre » les individus tenant un discours haineux.
  • Le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, avait quant à lui déclaré que le Pentagone « surveillait » des militaires et fonctionnaires civils ayant « célébré » la mort de Kirk.