Washington. Le 31 mars, l’émission matinale de la chaîne Fox l’annonçait par un bandeau maladroit : «  Trump cuts US aid to 3 Mexican countries » (“Trump coupe l’aide américaine à trois pays mexicains”). Lors de son voyage à Lake Okeechobee, en Floride, le président américain a annoncé à la presse : « je ne vais plus payer pour eux »  1. Il a accusé les trois pays d’Amérique centrale de « ne rien faire » pour limiter l’émigration vers les États-Unis et même d’« organiser »  2 les caravanes qui traversent actuellement le Mexique.

Le Secrétaire d’État Mike Pompeo a invité, dans un mail, la direction de l’Agence des États-Unis pour le Développement International à rediriger vers d’autres pays les aides décidées dans le budget fiscal de 2017 et de 2018, et qui n’auraient pas été versées. D’après l’agence de presse EFE, les aides accordées en 2017 et 2018 s’élèvent à 260 millions de dollars pour le Guatemala, 175 millions pour le Honduras et 131 millions pour le Salvador. On ignore cependant la part déjà versée  3.

La décision doit encore être acceptée par le Congrès, dont Donald Trump dit prévoir l’opposition. Il avait, d’ailleurs, déjà évoqué cette sanction, notamment dans un tweet d’octobre 2018  4. Le nombre de migrants centre-américains s’accumulant à la frontière sud des États-Unis ne cesse d’augmenter depuis le départ, en octobre dernier  5, de deux caravanes formées à San Pedro Sula (Honduras). Les autorités américaines annoncent avoir arrêté 76 000 personnes en février pour entrée illégale sur le territoire. Dans la même conférence de presse à Lake Okeechobee, Donald Trump avait d’ailleurs menacé, une fois de plus, de fermer la frontière avec le Mexique, avant d’annoncer mercredi un délai moratoire d’un an.

Face à l’importance de ce qu’Amnesty International nomme une crise humanitaire, la Secrétaire de la Sécurité Intérieure, Kirstjen Nielsen, s’était rendue le 27 mars à Tegucipalga (Honduras) pour ratifier, avec des représentants du Honduras, du Guatemala et du Salvador, un mémorandum de coopération. Cette convention portait sur trois points principaux : lutte contre la criminalité (trafic de drogues et d’êtres humains), coopération policière et renforcement de la surveillance des frontières.

Le gouvernement hondurien a publié le 30 mars un communiqué officiel où il s’étonne des « politiques contradictoires des agences de gouvernement des États-Unis d’Amérique et des différents pouvoirs de l’État » et invite les trois pays concernés à se réunir seuls pour « évaluer conjointement les initiatives du Triangle nord »  6. Le président du Salvador Nayib Bukele, élu récemment mais pas encore entré en fonction et se présentant comme un allié de Trump, a écrit sur Twitter, le 31 mars : « Nous espérons qu’elle [l’aide] reprenne et même augmente à l’entrée [en fonction] du nouveau gouvernement »  7. Le chef de l’État guatémaltèque Jimmy Morales n’a pas réagi publiquement.

Sources
  1. Maison Blanche, Remarks by President Trump During a Visit to Lake Okeechobee and Herbert Hoover Dike, communiqué du 29 mars 2019.
  2. ROGERS Katie, KANNO-YOUNGS Zolan, SHEAR Michael D., Trump Directs State Dept. to End Aid to 3 Central American Countries, New York Times, 29 mars 2019.
  3. Trump cumple su amenaza y ordena suspender toda la ayuda al Triángulo Norte, Agencia EFE, 30 mars 2019.
  4. TRUMP Donald, Tweet du 22 octobre 2018.
  5. ZEMMOUCHE Florent, Une vague migratoire en Amérique centrale, Le Grand Continent, 22 octobre 2018
  6. Gobierno de Honduras lamenta las políticas contradictorias de Estados Unidos, El Heraldo, 30 mars 2019.
  7. BUKELE Nayib, Tweet du 30 mars 2019.