Dans une étude publiée mardi 26 août, des chercheurs de l’Université de Stanford notent que l’emploi des travailleurs âgés de 22 à 25 ans a chuté de 13 % depuis 2022 aux États-Unis dans les secteurs les plus exposés à l’automation permise par des outils d’intelligence artificielle, comme ChatGPT 1.
- Il s’agit de la première recherche empirique, utilisant les données de l’ADP (Automatic Data Processing, Inc., une grande entreprise de services de paie), indiquant que l’IA a commencé à remplacer les travailleurs.
- Selon les auteurs de l’étude, la vitesse à laquelle ces changements affectent l’économie américaine est sans précédent depuis la pandémie de coronavirus, qui avait fait bondir le taux de chômage à 15 % — contre environ 3,5 % à l’été 2019 2.
- Les développeurs de logiciels se trouvant dans cette tranche d’âge ont notamment vu leur nombre baisser de 20 % en juillet par rapport au pic atteint fin 2022.
Les baisses de l’emploi sont concentrées dans les domaines où l’IA est plus susceptible d’automatiser le travail humain que de le renforcer : codeurs, traducteurs, réceptionnistes, service client… Depuis la pandémie, les courbes du chômage chez les jeunes diplômés et la moyenne nationale se sont inversées pour la première fois depuis les années 1980 : l’arrivée sur le marché de l’emploi après l’obtention d’un diplôme n’accorde plus de facilités pour trouver un travail.
Si l’IA contribue à la suppression d’emplois, elle crée également de nouvelles opportunités.
- Selon les auteurs de l’étude, les chiffres de l’emploi suggèrent qu’il existe d’importantes différences dans l’impact de l’IA en fonction de la manière dont les entreprises utilisent la technologie.
- Celles où l’IA sert à « augmenter » le travail humain voient une augmentation dans leur rythme de recrutement, tandis que les entreprises préférant voir l’IA comme un substitut aux travailleurs humains ont tendance à moins embaucher.
- Dans un autre article publié en juin, l’un des co-auteurs de l’étude de Stanford, Erik Brynjolfsson, plaidait en faveur de la création de nouveaux benchmarks évaluant l’impact de l’IA par métier lorsque celle-ci vient assister le travailleur plutôt que le remplacer 3.
La Maison-Blanche et les soutiens républicains de l’administration Trump voient dans le développement de l’IA une tendance de long terme qui nécessite d’importants investissements afin de développer un avantage concurrentiel — notamment vis-à-vis de la Chine.
- Mardi 26 août, Melania Trump a annoncé le lancement d’un nouveau challenge à l’attention des écoliers et enseignants américains visant à améliorer leurs connaissances et compétences en matière d’IA.
- En juillet, Trump avait dévoilé son « Plan d’action pour l’IA » et signé trois décrets visant à accélérer les investissements dans les infrastructures, offrir un accès prioritaire aux outils de financement fédéraux pour les consortiums dont l’IA présente un « ensemble complet » de technologies, et lutter contre les IA considérées « woke ».
- Plusieurs acteurs majeurs de la Silicon Valley, dont le fonds de capital risque Andreessen Horowitz et le président d’OpenAI Greg Brockman, ont quant à eux récemment lancé un nouveau comité d’action politique qui injectera plus de 100 millions de dollars en amont des élections de mi-mandat de 2026 dans les campagne de candidats s’opposant à la réglementation de l’IA 4.
Sources
- Erik Brynjolfsson, Bharat Chandar et Ruyu Chen, « Canaries in the Coal Mine ? Six Facts about the Recent Employment Effects of Artificial Intelligence », 26 août 2025.
- Ina Fried, « AI is already taking jobs away from entry-level workers », Axios, 26 août 2025.
- Andreas Haupt et Erik Brynjolfsson, « Position : AI Should Not Be An Imitation Game : Centaur Evaluations », juin 2025.
- Amrith Ramkumar et Brian Schwartz, « Silicon Valley Launches Pro-AI PACs to Defend Industry in Midterm Elections », The Wall Street Journal, 25 août 2025.