Donald Trump se présente régulièrement comme un « président de la paix » dans ses discours, entretiens ainsi que sur sa plateforme Truth Social. La « paix par la force » (peace through strength) revendiquée par le président américain a toutefois pris la forme d’un nombre très élevé de frappes de drones, de missiles et de bombardements depuis son retour à la Maison-Blanche.
- Entre le 20 janvier et le 27 juin 2025, Trump a ordonné 529 frappes sur plus de 240 positions réparties en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie centrale, selon les données du projet ACLED — contre 555 pour Biden entre 2017 et 2021.
- La majeure partie de ces frappes (474) a eu lieu au Yémen, tandis que les autres sont réparties entre la Somalie (45), la Syrie (4), l’Irak (2) et l’Iran (3).
Au cours de son premier mandat, Trump avait également eu recours à des frappes de drones et des raids aériens à un rythme bien plus soutenu que sous les deux administrations Obama : dans la nuit du 2 mars 2017, celui-ci avait ordonné 25 frappes au total, soit le nombre le plus élevé en l’espace de 24 heures dans l’histoire récente des États-Unis, selon le Washington Post 1.
Au Yémen, les frappes de Trump se sont révélées être particulièrement mortelles pour les civils.
- Selon l’ONG britannique Airwars, 224 personnes sont mortes dans le cadre de l’opération militaire Rough Rider, lancée par Trump en mars — soit près du double du nombre de victimes civiles causées par les actions américaines au Yémen depuis 2002 2.
- Human Rights Watch et Amnesty International ont dénoncé la frappe du 17 avril sur le port de Ras Isa, au nord d’Hodeidah, ainsi que sur la prison de Saada le 28 comme étant susceptibles de constituer des crimes de guerre 3.
Plusieurs rapports ont par ailleurs questionné l’efficacité des frappes ordonnées par Trump sur le programme nucléaire iranien.
- Selon une dernière évaluation des services de renseignement américains menée en juillet, seul le site de Fordo aurait été gravement endommagé voire potentiellement détruit 4.
- Les frappes américaines sur les sites de Natanz et d’Ispahan auraient quant à elles provoqué des dommages limités, qui exigeront toutefois d’importants efforts de la part de Téhéran pour une remise en service.
Sources
- Missy Ryan, Thomas Gibbons-Neff et Ali Al-Mujahed, « Accelerating Yemen campaign, U.S. conducts flurry of strikes targeting al-Qaeda », The Washington Post, 2 mars 2017.
- Rowena De Silva, Ryan Geitner et Anna Zahn, The U.S. killed almost as many civilians in 52 days as the previous 23 years of U.S. action in Yemen, Airwars, 18 juin 2025.
- Yemen : US air strike that has left dozens of migrants dead must be investigated, Amnesty International, 19 mai 2025 et Yemen : US Strikes on Port an Apparent War Crime, Human Rights Watch, 4 juin 2025.
- Julian E. Barnes, David E. Sanger et Eric Schmitt, « New Assessment Finds Site at Focus of U.S. Strikes in Iran Badly Damaged », The New York Times, 17 juillet 2025.