Selon des informations obtenues par Bloomberg, Vladimir Poutine a refusé une proposition faite par l’envoyé de Trump Steve Witkoff de geler la ligne de front sur ses lignes actuelles lors de leur dernière rencontre du 25 avril 1. Au cours de la réunion, le président russe aurait insisté sur la volonté de Moscou de terminer la conquête des quatre oblasts partiellement occupés dans l’est et le sud de l’Ukraine (Louhansk, Donetsk, Zaporijia et Kherson) avant la conclusion de tout accord visant à mettre fin à la guerre.

Depuis le début du mois d’avril, l’armée russe a intensifié ses opérations en Ukraine dans le cadre du lancement d’une nouvelle grande offensive de printemps.

  • La hausse des températures en Ukraine ces dernières semaines fournit un terrain plus favorable aux opérations militaires. Le durcissement du sol et la fin de la saison des boues facilite la circulation des véhicules blindés par rapport aux mois d’hiver.
  • Dans le même temps, l’amélioration des conditions météorologiques favorise la densification de la végétation après la période de dormance hivernale, fournissant une meilleure couverture aux unités russes sur le terrain.
  • Cette protection supplémentaire est d’autant plus significative que ce sont désormais les drones qui forment les premières lignes de défense ukrainiennes. Dans certains secteurs du front, les zones « grises » contestées entre les deux armées sont passées d’environ 500 mètres de profondeur l’an dernier à sept kilomètres 2.

Selon le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandr Syrsky, le nombre d’opérations offensives russes dans les secteurs les plus actifs du front a quasiment doublé depuis le début du mois d’avril par rapport aux semaines précédentes 3. Pour autant, les forces russes n’ont pas été en mesure de progresser significativement : ces dernières ont pris 175 km² de territoire ukrainien supplémentaire au cours du mois d’avril, soit une légère augmentation par rapport à mars — mais qui demeure largement inférieur au rythme observé à l’hiver 2024/2025 4.

Plusieurs facteurs permettent d’expliquer cette faible progression.

  • La plupart des unités russes déployées en Ukraine sont épuisées par plus de trois années de guerre. Dans certains des principaux secteurs, comme à Pokrovsk, dans l’oblast de Donetsk, certains combattants n’ont pas connu de pause depuis 2023 5.
  • L’armée russe souffre toujours d’une détérioration de son matériel et de ses approvisionnements, une situation qui continue de se dégrader en raison du refus du commandement de suspendre temporairement ses offensives afin de permettre de procéder à des réparations et opérations de maintenance.
  • Les innovations technologiques ainsi que la massification de la production et de l’usage de drones permettent à l’armée ukrainienne de détecter et de mettre fin plus rapidement aux assauts russes. Kiev pense pouvoir produire 4,5 millions de drones cette année, soit plus que la cible fixée par Moscou (de 3 à 4 millions).

Malgré une relative stabilité sur le front au cours des mois de mars et d’avril, la fin du printemps et l’été devraient fournir des conditions plus favorables à l’armée russe, qui conserve un avantage important en termes de matériel, de munitions et d’hommes. La suspension temporaire des combats décrétée par Poutine du 8 au 11 mai devrait être suivie par une reprise des opérations offensives, faute d’un accord de cessez-le-feu plus large auquel le président russe s’oppose toujours malgré l’ouverture signalée par Kiev.