Selon la dernière vague de sondage du projet de recherche « Chroniques » (Хроники) trois ans après l’invasion de l’Ukraine de février 2022, 54 % des personnes interrogées disent que celle-ci a eu un impact négatif sur leur vie quotidienne, et 36 % mettent en avant une détérioration de leur situation financière 1.
Depuis 2022, le prix des principaux biens de consommation a considérablement augmenté en Russie et l’inflation est dans un cycle de hausse, alors qu’elle reste faible en zone euro.
- La nourriture, notamment les pommes de terre (+90 % en 2024), les oignons (48 %), les choux (+ 45) et le beurre (+ 36 %) ont été parmi les produits les plus impactés par la hausse des coûts de production, la réorganisation des flux d’importation provoquée par les sanctions ainsi que les facteurs saisonniers (météo, mauvais rendements, etc.)
- Les produits électroniques ont eux aussi été touchés par la chute du rouble et la hausse des taux d’intérêts de la Banque centrale russe. Le prix d’un smartphone a augmenté en moyenne de 10 % en un an, tandis que le prix de certains produits, comme les aspirateurs, a baissé en raison de la hausse des importations en provenance de Chine 2.
Ces résultats ne coïncident pas pour autant avec une hausse significative des personnes disant être favorables à une fin rapide de la guerre. Si la part de répondants en faveur de « l’opération militaire spéciale » a baissé de 20 points environ en trois ans, une majorité (52 %) exprime toujours son soutien à la guerre. En prenant en compte plusieurs paramètres, seulement 21 % des Russes sont fondamentalement partisans de la paix, et 18 % partisans de la guerre — des chiffres stables depuis 2022.
- L’incursion ukrainienne de Koursk, lancée à l’été 2024, a par ailleurs conduit à une baisse du soutien aux négociations de paix et au retrait des troupes russe « sans atteindre les objectifs » de la guerre : 41 % disent désormais y être favorables, contre 50 % en septembre 2024.
- L’enquête révèle plus largement que l’opinion publique russe est divisée quant à ce que le Kremlin devrait faire à l’avenir vis-à-vis de l’Ukraine. Les avis des personnes sondées sont répartis en trois parts plus ou moins égales : continuer la guerre (26 %), maintenir le statu quo (17 %) et pousser à la désescalade (23 %). Près d’un tiers des sondés (29 %) ne savent pas quoi répondre à cette question.
En laissant entendre que la Russie pourrait sceller un accord avec les États-Unis pour l’exploitation des terres rares russes et d’autres ressources naturelles, comme l’aluminium, Vladimir Poutine cherche à transformer le récit de défaite militaire sur le terrain en Ukraine en une victoire diplomatique et économique pour la Russie. Faute d’avoir réussi à conquérir les 4 oblasts partiellement occupés, à remplacer le pouvoir à Kiev et à « dénazifier » le pays, le président russe veut se targuer d’avoir ramené la Russie à son rang de grande puissance.
Sources
- Хроники 14.
- « Российская экономика через три года войны », Голос Америки, 24 février 2025.