Koursk

Dans l’oblast russe de Koursk, où les perspectives d’un maintien d’une présence armée ukrainienne semblent de plus en plus fragiles, les forces de Kiev reculent lentement depuis la fin de l’été 2024.

  • L’état-major russe a cependant dû allouer de conséquentes ressources humaines et matérielles pour empêcher les forces ukrainiennes de progresser davantage : 78 000 soldats, dont 11 000 combattants nord-coréens.
  • Le secteur est susceptible de faire l’objet d’intérêts accrus de la part de Kiev et de Moscou au cours des prochaines semaines et prochains mois, alors que les deux états-majors considèrent que le contrôle de la région jouera un rôle central dans les négociations de cessez-le-feu.
  • Les forces ukrainiennes conservent toujours le contrôle de Soudja, le principal centre urbain dans la zone tenue par Kiev (5 000 habitants avant la guerre).
  • L’intensification des efforts russes visant à reprendre la ville pourrait toutefois se solder par une catastrophe humanitaire, les bombardements de Moscou provoquant régulièrement des morts et blessés parmi les civils russes.

Nord-est, Koupiansk 

Plutôt que de tenter une percée frontale en direction de Koupiansk depuis la rive Est de l’Oskil, comme elle l’avait précédemment fait en novembre 2024, l’armée russe a établi une tête de pont sur l’autre rive de la rivière qui représente aujourd’hui une zone de plusieurs dizaines de kilomètres carrés.

  • La ville de Koupiansk est l’un des principaux objectifs stratégiques de l’armée russe. Après l’avoir temporairement occupée au cours de la première année de l’invasion à grande échelle, les forces ukrainiennes ont repris le contrôle de la ville lors de la contre-offensive de septembre 2022.
  • Plusieurs experts estiment que la capture de la ville ne serait possible que si l’armée russe parvient à faire traverser l’Oskil à ses blindés au sud de Koupiansk 1.
  • Si les précédentes tentatives se sont jusqu’à présent révélées infructueuses, Moscou continue de progresser en direction de la ville, bien qu’à un faible rythme.

Longtemps considérée comme constituant une frontière naturelle séparant les deux forces depuis la contre-offensive ukrainienne de l’automne 2022, la rivière Oskil n’est plus un rempart contre les forces russes.

Donbass : Donetsk et Louhansk

Les deux oblasts de Donetsk et Louhansk concentrent la grande majorité des assauts menés quotidiennement par l’armée russe sur la ligne de front. Alors que Moscou devrait compléter au cours des prochains mois — voire des prochaines semaines — la conquête de Tchassiv Yar et Toretsk, la prochaine cible de Moscou dans l’oblast de Donetsk devrait être la ville de Kostiantynivka.

  • Près de 80 % de l’avancée russe depuis le début de l’année 2025 a eu lieu dans l’oblast de Donetsk, autour de Velyka Novossilka, Kurakhove et Pokrovsk notamment. L’oblast de Louhansk est quant à lui à 99 % sous contrôle russe.
  • C’est également dans ce secteur que l’armée russe connaît ses pertes matérielles et humaines les plus importantes : la Russie aurait perdu 52 % de tous les chars d’assaut dont elle disposait avant 2022, 48 % de ses véhicules de combat d’infanterie, 55 % de ses véhicules blindés de transport de troupes ou encore 59 % de son artillerie.
  • Si la stratégie russe d’encerclement des villes, qui vise à contraindre les défenseurs à se retirer de leurs bastions, a jusqu’ici fait ses preuves, elle nécessite néanmoins des ressources humaines considérables. À Pokrovsk, plusieurs experts considèrent que l’état-major russe manque actuellement d’hommes pour parvenir à parvenir à complètement envelopper la ville.

Sud-ouest, Zaporijia

L’oblast de Zaporijia, région qui a concentré la partie la plus importante de l’effort contre-offensif ukrainien lors de l’été et de l’automne 2023, autour du village de Robotyne, a été relativement épargné par les bombardements et combats qui se sont principalement concentrés dans le Donbass depuis le début de l’année dernière.

L’état-major ukrainien y conserve toutefois des forces capables de repousser un éventuel assaut russe majeur.

  • Kiev considère que c’est grâce à l’incursion lancée à Koursk à l’été 2024 que l’armée russe n’a finalement pas lancé d’offensive dans l’oblast de Zaporijia.
  • Depuis l’automne 2024, l’armée ukrainienne a ainsi alerté à plusieurs reprises sur une concentration importante de moyens russes, notamment en direction d’Orikhiv et de Mala Tokmachka.
  • L’objectif principal d’une offensive russe sur le front sud serait d’atteindre la capitale éponyme de l’oblast, qui comptait une population de 700 000 habitants en 2022. Celle-ci n’est pour l’heure cependant pas menacée et dispose d’une protection qui repose sur plusieurs lignes de fortifications.

En raison de l’interdépendance des lignes ukrainiennes dans le sud et l’est du pays, toute progression russe dans l’oblast de Donetsk constitue également une menace pour le front sud dans la région de Zaporijia.

Sources
  1. Russia’s war on Ukraine. 05.02.25, Centre for Defence Strategies.