Dimanche 24 novembre, l’armée russe — après avoir essuyé des échecs suite à des tentatives d’assaut en direction de Koupiansk — a réussi à établir une tête de pont sur la rive ouest de la rivière Oskil au niveau de Novomlynsk, un village situé à environ 5km au nord-est de Dvorichna 1.
- Les forces russes revendiquent désormais le contrôle d’une zone d’environ 6km² sur cette rive. Faute de pouvoir installer des pontons afin d’y acheminer des véhicules blindés, la poche russe est composée uniquement d’infanterie.
- Malgré la saturation de la ligne de front par des drones FPV et autres moyens de reconnaissance, la traversée par bateau a été rendue possible par la faible largeur de l’Oskil à cet endroit (environ 40 mètres) et l’absence de fortifications ukrainiennes.
- Longtemps considérée comme constituant une « frontière naturelle » séparant les deux forces depuis la contre-offensive ukrainienne de l’automne 2022, l’Oskil n’est désormais plus un rempart contre les forces russes.
Le principal objectif de Moscou sur ce secteur du front est d’établir une tête de pont stable avant de progresser en direction de Koupiansk. Selon Yuriy Fedorenko, le commandant du bataillon ukrainien Achille appartenant à la 92e brigade mécanisée séparée, cette précondition n’est pas encore remplie. Les forces ukrainiennes sont toujours en mesure de localiser et détruire avec des tirs d’artillerie ou des frappes de drones les pontons que l’armée russe tente d’utiliser pour faire traverser des véhicules et du matériel 2.
Le secteur de Koupiansk illustre la persistance de l’asymétrie des ressources humaines disponibles pour les deux armées.
- Selon un officier ukrainien chargé de la défense du front dans cette zone, seulement 10 à 20 % des combattants russes tentant de traverser l’Oskil survivent. Ce taux est légèrement plus élevé lorsque ces derniers peuvent utiliser des véhicules 3.
- L’armée russe subit des pertes colossales sur toute la longueur du front. Celles-ci se sont davantage alourdies ces dernières semaines : l’État-major ukrainien estime que 1 950 combattants russes ont été blessés ou tués au cours de la journée du 12 novembre.
- De son côté, Washington fait pression sur l’Ukraine pour que celle-ci abaisse à 18 ans l’âge minimum pour être mobilisable par l’armée 4. En avril, le vétéran du Donbass et analyste militaire Taras Tchmout, une personnalité importante en Ukraine, déclarait que Kiev avait « perdu trop de temps » et devrait mobiliser dès l’âge de 20 ans.
La pression en direction de Koupiansk s’est accélérée ces dernières semaines. Le 13 novembre, des colonnes de blindés russes ont réussi à percer jusque dans le nord-est de la ville avant d’être finalement repoussées par les forces ukrainiennes. La ville est également menacée à court et moyen terme par le Sud, la Russie ayant atteint fin octobre le village de Kruhlyakivka, situé à une vingtaine de kilomètres.
Sources
- Publication de DeepState sur Telegram, 24 novembre 2024.
- Oleg Tchernych, « Армія Росії форсувала річку Оскіл біля Куп’янська. Наскільки це загрозливо », BBC, 25 novembre 2024.
- Dmytro Fionik, « Командир роти батальйону « Ахіллес » Антон « Бандерас » Шмагайло : Живучість російських штурмовиків на Куп’янщині – не більше ніж 10 % », Українська правда, 25 novembre 2024.
- Felicia Schwartz et Christopher Miller, « US tells Ukraine to lower conscription age to 18 to stem manpower shortage », Financial Times, 28 novembre 2024.