1/ Polymarket : Trump 

La plateforme en ligne Polymarket, fondée en 2020, est le plus grand marché de prédiction au monde. Bien qu’elle soit basée à New York City, les citoyens américains n’ont pas la possibilité d’y placer des paris.

Avec plus de 2,7 milliards de dollars de paris engagés sur le vainqueur de l’élection présidentielle américaine, il s’agit du marché le plus important de la plateforme. L’an dernier, les paris relatifs à une réapparition du submersible Titan avaient attiré 2,2 millions de dollars de paris1.

Au 31 octobre, soit 5 jours avant l’élection présidentielle américaine, les parieurs de la plateforme anticipent une victoire de Trump à 65 % contre 35 % pour Harris. Polymarket est très sensible aux événements externes, peu importe s’ils sont susceptibles ou non d’influer réellement sur le vote : suite à la tentative d’assassinat de Trump en Pennsylvanie, le 14 juillet, la cote d’une victoire de Trump a progressé de 12 points — sans signe clair que celle-ci conduirait à une hausse du vote en sa faveur dans les swing states.

Depuis le début du mois, la cote d’une victoire de Trump a progressé de 15 points, alors que les sondages demeurent très serrés et n’indiquent pas de progression claire du candidat républicain.

2/ RealClearPolitics : Trump

RealClearPolitics est l’un des principaux agrégateurs de sondages aux États-Unis. Comme la plupart des plateformes réalisant des projections des résultats des élections américaines, RCP s’est trompé en 2016, anticipant une large victoire d’Hillary Clinton. La plateforme a cependant correctement anticipé une victoire de Joe Biden quatre ans plus tard (avec 319 grands électeurs, soit 17 de plus que le nombre effectivement remporté par Biden).

Au 31 octobre, RCP anticipe que Trump devrait remporter 5 swing states sur 7, avec une avance allant de 0,5 point dans le Nevada à 2,5 points dans l’Arizona. Harris remporterait quant à elle le Wisconsin et le Michigan avec une faible marge. Selon les projections actuelles de RCP, Trump remporterait 287 grands électeurs, soit suffisamment pour assurer une victoire.

3/ FiveThirtyEight : Trump

FiveThirtyEight, lancé en 2008 par l’analyste électoral Nate Silver puis transféré sur ABC News dix ans plus tard, est probablement l’agrégateur de sondages américain le plus suivi. Le site met à disposition un classement des instituts de sondage dont la qualité est prise en compte dans les moyennes que le site utilise ensuite pour ses modèles.

Selon la dernière mise à jour du modèle au 30 octobre, qui prend également en compte des données économiques et démographiques en addition des sondages, Trump devrait remporter l’élection, mais avec une marge plus faible au collège électoral que celle anticipée par RCP : 272 grands électeurs, contre 266 pour Harris.

4/ 270towin : Trump 

L’agrégateur de sondages et simulateur de cartes électorales 270towin anticipe également une victoire de Trump avec une marge « confortable » de 17 grands électeurs. Le collège électoral est ainsi identique à celui de RCP, qui prévoit une victoire de Trump dans la majorité des swing states.

Il est à noter que le site estime l’avance de Harris dans le Michigan à 1,7 point contre 0,4 pour RCP. Les marges des deux candidats dans les autres États les plus compétitifs sont similaires à celles de RealClearPolitics.

5/ Bitcoin : Trump

Vraisemblablement plus par opportunisme que réelle conviction, Donald Trump a affiché un soutien total en faveur du secteur des cryptomonnaies, et particulièrement du Bitcoin, au cours de la campagne. En mai, le républicain affirmait que les Démocrates voulaient « mettre fin aux cryptomonnaies », avant de devenir le premier candidat à l’élection présidentielle — aux côtés de Robert F. Kennedy Jr., qui s’est désisté depuis pour soutenir Trump — à prononcer un discours lors de la conférence annuelle dédiée au Bitcoin qui s’est tenue fin juillet.

Le cours du Bitcoin enregistre de bonnes performances depuis le début du mois de septembre, passant d’environ 60 000 à 72 000 $ au 31 octobre. Si la valeur des cryptomonnaies est soumise à de fortes variations peu importe qu’il y ait ou non une élection, on peut voir dans cette hausse du cours un signe de confiance des investisseurs quant à une victoire de Donald Trump le 5 novembre. Le Bitcoin a frôlé le 29 octobre son niveau le plus élevé jamais atteint, 73 750 $, établi en mars dernier.

6/ Action Truth Social (DJT) : Trump

Mardi 29 octobre, le cours de l’action du réseau social lancé par Donald Trump en février 2022, Truth Social (Trump Media & Technology Group Corp), a atteint son plus haut niveau depuis mai, à 51,51 $ l’action, avant de subitement rechuter le lendemain juste au-dessus des 40 $. Pendant un temps, la valorisation de celui-ci a dépassé celle de Twitter (X Holdings), qui se situe autour de 9,4 milliards de dollars, et du New York Times (9,18 milliards).

Le prix de l’action DJT suit de près les marchés de prédiction. Selon S3 Partners, le DJT sert de « proxy » pour l’élection, bien que son cours soit influencé par d’autres facteurs2. La fortune personnelle de Trump est également étroitement liée à la campagne et à sa carrière politique : à 10,7 milliards de dollars de valorisation boursière, les parts de Trump étaient estimées à environ 6 milliards — soit environ la moitié de sa valeur nette.

7/ The New York Times : Trump

Avec près de 9 millions d’abonnés, le New York Times est, de loin, le journal le plus lu aux États-Unis. Selon ses projections, Donald Trump devrait être en mesure de remporter une majorité des swing states parmi ceux octroyant le plus grand nombre de grands électeurs au collège électoral : Pennsylvanie (19), Caroline du Nord (16), Géorgie (16) et Arizona (11).

Les sondages étant trop serrés dans le Wisconsin et le Nevada, selon l’agrégateur alimenté par le journal, il n’est pas possible à ce stade de dire vers quel bord ces deux États pencheront le 5 novembre. Il convient de noter que, lors de la précédente élection présidentielle, le New York Times s’était trompé de 9 points pour les résultats du scrutin dans le Wisconsin.

8/ The Economist : 50/50

Depuis sa dernière mise à jour mercredi 30 octobre, le modèle de projection du collège électoral de The Economist anticipe un scrutin impossible à départager : les deux candidats sont tous deux crédités de 50 % de chance de victoire. Kamala Harris disposerait cependant d’une courte avance de 2 grands électeurs au collège électoral au 31 octobre — selon la médiane.

The Economist précise que, si les estimations sont très serrées, les prévisions « donnent deux chances sur cinq que le candidat gagnant obtienne plus de voix électorales que Joe Biden en 2020 ou que Trump en 2016 »3.

9/ Allan Lichtman : Harris 

Allan Lichtman est un historien américain qui enseigne à l’American University. En 1981, celui-ci publie aux côtés de l’universitaire russe Vladimir Keilis-Borok un article dans la publication scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences, dans lequel Lichtman estime que « le résultat des élections présidentielles américaines de 1860 à 1980 suit certains schémas réguliers qui peuvent être décrits phénoménologiquement par de simples paramètres intégraux »4.

Cet article donne par la suite naissance à un modèle statistique intitulé « Les 13 clefs », qui permettrait de prédire correctement les gagnants de chaque élection présidentielle américaine. Celui-ci consiste en une combinaison de facteurs d’ordre politique, économique, sociaux, mais également des critères laissés à l’appréciation de Lichtman comme le « charisme des candidats » ou les « succès ou échecs militaires/dans les affaires étrangères ». Ce dernier revendique ne s’être jamais trompé depuis 1984, mis à part en 2000. Depuis début septembre, Lichtman anticipe une victoire de Kamala Harris, après avoir annoncé une victoire de Joe Biden au début d’année5.

10/ S&P500 : Harris

Un autre modèle statistique reposant sur la performance des actions américaines permettrait également de « prédire » qui serait le gagnant de l’élection du 5 novembre. Selon le courtier américain LPL Financial : « depuis 1928, chaque fois que l’indice S&P 500 a été positif au cours des trois mois précédant une élection, le parti au pouvoir est resté à la tête de la Maison-Blanche dans 80 % des cas (12 élections sur 15). En revanche, lorsque le marché était en baisse au cours des trois mois précédant une élection, le parti sortant a perdu les élections huit fois sur les neuf dernières fois »6.

Selon LPL, c’est Kamala Harris qui devrait remporter l’élection. Ainsi, si les sondages et marchés de prédiction ont tendance à être plus confiants dans une victoire de Donald Trump, les indicateurs économiques choisis par Lichtman et LPL penchent plus en faveur d’une victoire de la candidate démocrate.

Sources
  1. Will the missing submarine be found by June 23 ?, Polymarket.
  2. DJT Squeeze Risk Heightened as Election Approaches Amid Rising Short Interest, S3 Research Team, 29 octobre 2024.
  3. « Why Kamala Harris’s chances of victory just jumped », The Economist, 30 octobre 2024.
  4. LICHTMAN, Allan J. et KEILIS-BOROK, Vladimir I., « Pattern recognition applied to presidential elections in the United States, 1860-1980 : Role of integral social, economic, and political traits », Proceedings of the National Academy of Sciences, 1981, vol. 78, n°11, p. 7230-7234.
  5. LICHTMANS, Allan J., « The Keys to the White House : The Outlook for 2024 », Social Education, 2024, vol. 88, n°1, p. 6-10.
  6. dam Turnquist, Can Stocks Predict Another Election Outcome ?, LPL Financial, 1er août 2024.