Des sources confidentielles citées par le Wall Street Journal estiment que 280 000 combattants (200 000 Russes et 80 000 Ukrainiens) auraient été tués en Ukraine depuis le 24 février 2022 et 800 000 auraient été blessés (400 000 de chaque côté)1.

  • Si ce chiffre paraît élevé, il reflète la tendance dégagée par les diverses estimations indépendantes et gouvernementales réalisées au cours des deux dernières années.
  • Mardi 17 septembre, le ministère de la Défense britannique plaçait le nombre de victimes russes à 610 000 depuis le début de la guerre2. Le même jour, l’état-major de l’armée ukrainienne estimait dans son bilan quotidien le total des pertes russes à 635 8803. Certains experts émettent néanmoins des doutes sur le niveau élevé de pertes russes rapporté par l’État-major ukrainien.

La guerre en Ukraine est de loin la plus meurtrière pour l’armée russe depuis la Seconde Guerre mondiale. La Russie a d’ailleurs perdu plus de combattants en Ukraine au cours de la première année de guerre que dans toutes les guerres qu’elle a menées depuis 19454.

  • Ce lourd bilan humain s’explique par les techniques « d’infanterie jetable » employées par le commandement russe, qui consistent à se servir de combattants pour identifier les positions de tirs ukrainiennes et épuiser les ressources de l’adversaire.
  • Ces dernières ont notamment été employées par Wagner lors du siège de Bakhmout de 2022-2023.

Bien que numériquement moindres, les pertes ukrainiennes sont plus importantes proportionnellement à la population. Il s’agit d’un important défi pour l’État-major de Kiev, qui est confronté depuis le début de la guerre à un manque d’hommes disponibles.

  • Dans une société exsangue après deux ans et demi de guerre, la mobilisation de la population est un sujet politiquement très sensible pour le gouvernement ukrainien. 
  • L’abaissement de l’âge minimum de mobilisation de 27 à 25 ans en avril avait notamment suscité une levée de boucliers au sein du parti présidentiel.
  • Le nombre d’hommes disponibles pour se battre sur le front diminue à mesure que la Russie progresse — et occupe de nouveaux territoires — et que les Ukrainiens quittent le pays : de 42 millions avant la guerre, la population du pays serait passée à 25-27 millions au début d’année5.

Plus de 6 millions d’Ukrainiens ont fui leur pays depuis février 2022, dont plus du tiers en Russie et en Allemagne, selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés. Le président russe vient quant à lui de signer un décret portant l’augmentation des effectifs de l’armée russe de 180 000 hommes, qui devrait ainsi atteindre 1,5 million6. Moscou continue aussi de recruter plusieurs dizaines de milliers de volontaires par mois, qui occupent avec les mobilisés une place disproportionnée parmi les pertes militaires7.

Sources
  1. Bojan Pancevski, « One Million Are Now Dead or Injured in the Russia-Ukraine War », The Wall Street Journal, 17 septembre 2024.
  2. Publication sur X (Twitter) du ministère de la Défense britannique, 17 septembre 2024.
  3. агальні бойові втрати росіян за добу : 1020 осіб, 66 БПЛА, Ministère de la Défense ukrainien, 17 septembre 2024.
  4. Seth G. Jones, Riley McCabe et Alexander Palmer, Ukrainian Innovation in a War of Attrition, CSIS, février 2023.
  5. Selon des estimations gouvernementales ukrainiennes, en comptant seulement la population vivant sur le territoire contrôlé par le gouvernement ukrainien.
  6. Указ Президента Российской Федерации от 16.09.2024 № 792 « Об установлении штатной численности Вооруженных Сил Российской Федерации », Kremlin.
  7. « Потери России в войне с Украиной. Сводка « Медиазоны », Медиазона.