De nombreuses enquêtes d’opinion indiquent que, comme lors de la plupart des cycles électoraux, l’économie et l’inflation sont les deux préoccupations principales des Américains lorsqu’il s’agit de voter pour leur futur président. Sur ces deux sujets, les électeurs ont plus confiance dans les capacités de Trump que dans celles de Harris1.

Le sentiment de confiance des consommateurs vis-à-vis de la situation économique est largement dé-corrélé de l’état réel de l’économie depuis 2020.

  • La plupart des indicateurs économiques sont au vert depuis l’arrivée à la Maison-Blanche de Joe Biden en janvier 2021.
  • Le PIB américain devrait croître deux fois plus vite que celui des autres pays du G7 cette année, l’inflation est repassée sous la barre des 3 % en juillet, et la FED devrait commencer à baisser ses taux d’intérêt au cours des prochaines semaines.
  • Pourtant, les enquêtes réalisées par l’Université du Michigan sur les sentiments des consommateurs indiquent que les biais des électeurs républicains vis-à-vis de la capacité des démocrates à gérer l’économie ont considérablement augmenté depuis la pandémie.

L’amplification asymétrique — un concept inventé par les économistes Ryan Cummings et Neale Mahoney —, qui mesure le décalage entre les indicateurs économiques et la confiance des consommateurs, est désormais 2,5 fois plus élevée pour les électeurs républicains par rapport aux démocrates2. En d’autres termes, lorsqu’un républicain est président, les électeurs du GOP ont une perception de l’économie supérieure d’environ 15 points d’indice aux prévisions. Celle des démocrates est quant à elle inférieure d’environ 6 points pour un président démocrate.

  • Ces données suggèrent que les électeurs républicains ont largement idéalisé le bilan économique de Donald Trump lorsque celui-ci était à la Maison-Blanche.
  • À l’inverse, les Démocrates sont plus pessimistes, ce qui a tendance à tirer vers le bas l’indice global. 
  • En juin 2022, celui-ci a atteint son niveau le plus faible en plus de 70 ans d’enquête : 50, soit un niveau de confiance moins élevé qu’à la suite du deuxième choc pétrolier ou à la crise financière de 2008.

Plusieurs études publiées au cours des dernières années suggèrent que le prix de l’essence à la pompe à une forte influence sur les choix des électeurs, particulièrement pour les élections présidentielles3. Malgré les leviers limités que la Maison-Blanche est en mesure d’activer pour influer sur le prix de l’essence, près des deux-tiers des Américains considèrent que le président dispose d’au moins « un peu de contrôle » sur le prix de l’essence4.

  • Selon une analyse de Moody’s, Joe Biden aurait remporté l’élection face à Donald Trump si le prix de l’essence était revenu aux alentours de 3 $ le gallon d’ici novembre — un niveau qui n’a plus été atteint depuis mai 20215.
  • Si le ticket démocrate a changé depuis, aucun élément ne suggère que Harris ne bénéficierait pas également d’une baisse du prix de l’essence.
  • Face à une baisse continue du prix du pétrole brut — qui représente environ 50 % du prix payé à la pompe —, plusieurs analystes anticipent un retour du prix du gallon autour de 3 $ d’ici début novembre, soit juste avant l’élection6.

Le prix du brut est cependant largement déterminé par des facteurs externes, et notamment les cibles de production de l’OPEP+. Face à la baisse du prix du brut, le cartel regroupant les principaux producteurs a décidé de repousser à décembre son augmentation de 180 000 barils par jour prévue pour octobre-novembre7. Une détérioration de la situation au Moyen-Orient ou une catastrophe naturelle pourrait néanmoins provoquer une augmentation du prix du brut, qui impacterait directement le prix à la pompe pour les consommateurs américains — et donc les chances d’élection de Harris.

Sources
  1. Mallory Newall, Sarah Feldman et Johnny Sawyer, Harris has slight advantage over Trump, unchanged from before the DNC, Ipsos, 1er septembre 2024.
  2. Ryan Cummings et Neale Mahoney, Asymmetric amplification and the consumer sentiment gap, Briefing Book, 13 novembre 2023.
  3. Notamment ici, ici ou ici.
  4. Taylor Orth et Carl Bialik, Can the president control gas prices ? Answers depend on who you ask and who’s in office, YouGov, 16 mars 2022.
  5. Mark Zandi, Brendan Lacerda et Justin Begley, Who Will Be the Next President ?, Moody’s Analytics, janvier 2024.
  6. Patrick De Haan, National Average Sees 5th Straight Weekly Dip as Oil Struggles, Fuel Insights, 3 septembre 2024.
  7. Salma El Wardany, Grant Smith et Fiona MacDonald, « OPEC+ Pauses Oil Supply Hike in Effort to Reverse Price Slump », Bloomberg, 5 septembre 2024.