Rares sont les pays dans lesquels le président russe, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, peut se rendre sans craindre d’être arrêté puis jugé pour crimes de guerre.

  • En août 2023, Poutine avait été contraint d’annuler sa venue en Afrique du Sud à l’occasion du sommet des BRICS en raison du mandat de la CPI. En juin dernier, il s’était rendu en Corée du Nord (qui n’a ni signé ni ratifié le Statut de Rome) pour la première fois depuis 2000.
  • Depuis l’invasion de février 2022, la capacité de déplacement de Poutine s’est réduite à une poignée d’États principalement autoritaires : Chine, Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Iran ou bien Azerbaïdjan.

La temporalité de la visite peut surprendre : en réalisant une percée de plus de 1 000 km² dans l’oblast frontalier de Koursk, l’Ukraine est devenue le premier pays à envahir la Russie depuis 1941. Au moment où Poutine a embarqué à bord de son vol pour Bakou, les troupes ukrainiennes progressaient toujours et détruisaient des ponts en Russie à l’aide de frappes aériennes.

L’Azerbaïdjan occupe néanmoins une place centrale pour la Russie de Poutine en raison des liens qu’elle entretient avec l’Occident, de son gaz naturel ainsi que du conflit larvé qui l’oppose à Erevan.

  • Contrairement à d’autres pays ex-soviétiques qui se sont distancé de la Russie à mesure qu’ils se sont rapprochés de l’Occident (notamment l’Arménie et, dans une moindre mesure, d’autres pays d’Asie centrale comme le Kazakhstan), l’Azerbaïdjan a conservé des relations étroites avec les deux.
  • En juillet 2022, Bakou a signé avec Bruxelles un protocole d’approvisionnement en gaz naturel1.
  • Le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a également renforcé ses liens avec les dirigeants occidentaux à l’approche de la COP 29, qui se tiendra à Bakou du 11 au 22 novembre.

À l’issue de sa rencontre avec Aliyev, Poutine a déclaré qu’il serait « heureux de faciliter la signature d’un traité de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan » — une position qui se retrouve également dans la déclaration conjointe de la rencontre2.

  • Après avoir accusé la Russie de trahison en raison du soutien apporté par Moscou à Bakou, l’Arménie s’était tournée vers les pays européens afin d’y chercher un soutien.
  • C’est pour contrecarrer l’irruption d’intérêts occidentaux dans une région historiquement dominée par Moscou que Poutine cherche à réaffirmer son rôle de médiateur3.

Poutine et Aliyev ont également discuté de sujets liés à l’énergie, et notamment au gaz naturel que Bakou exporte de plus en plus vers l’Union. Selon le chercheur azerbaïdjanais Fuad Shahbazov, les deux dirigeants auraient pu signer un accord visant à augmenter les exportations de gaz russe vers l’Azerbaïdjan, alors que la Chine n’a toujours pas donné son accord à l’achat de quantités plus importantes de gaz naturel russe4.