En seulement deux ans, le nombre de pays membres de l’OTAN à atteindre la cible des 2 % de PIB alloué à la défense a bondi, passant de 7 en 2022 à 23 en 2024, selon les dernières estimations publiées lundi 17 juin par l’Alliance atlantique1.

  • La hausse des dépenses militaires est l’une des conséquences directes de l’invasion russe de l’Ukraine de février 2022.
  • En mars, la Pologne a proposé de faire évoluer la règle des 2 % entérinée en 2014 pour porter la cible de dépenses à 3 % du PIB.
  • Selon nos calculs, les États membres de l’OTAN devraient dépenser 177 milliards d’euros pour atteindre cette cible.

Il convient de rappeler que cette règle des 2 % est un indicateur imparfait qui ne traduit pas un degré de préparation opérationnelle à un conflit de grande intensité. Pour certains pays comme la Belgique, le Canada, la Croatie ou l’Italie, les dépenses liées aux équipements représentent moins de 25 % du total de leurs dépenses militaires, tandis que dans les dépenses liées au personnel sont également inclues les dépenses civiles ainsi que les pensions versées aux vétérans.

Néanmoins, cette augmentation des dépenses militaires est un point de donnée central en amont du sommet de l’Alliance atlantique de juillet ainsi que des élections américaines de novembre.

  • Du 9 au 11 juillet, les chefs d’État et de gouvernement des 32 membres de l’Alliance se réuniront à Washington pour un sommet annuel, à l’occasion du 75ème anniversaire de l’Alliance.
  • Au même moment, à quelques centaines de kilomètres, le candidat et potentiel futur président américain Donald Trump sera condamné à New York dans le cadre de l’affaire Stormy Daniels.
  • En février, celui-ci déclarait qu’il encouragerait la Russie à faire « tout ce qu’elle veut » aux membres de l’OTAN qui ne respectent pas la cible des 2 % de dépenses en matière de défense2.

L’idée que certains alliés des États-Unis profiteraient des largesses américaines est une marotte de Trump qui remonte au moins à la fin des années 1980. En 1987, le magnat de l’immobilier avait alors dépensé plus de 90 000 $ pour publier des billets dans le New York Times, le Washington Post et le Boston Globe accusant l’Arabie saoudite et le Japon de tirer avantage de l’argent du contribuable américain.

La tribune, intitulée « Lettre ouverte de Donald Trump sur les raisons pour lesquelles l’Amérique devrait arrêter de payer pour défendre des pays qui ont les moyens de se défendre eux-mêmes », correspond encore aujourd’hui à la doctrine trumpiste en matière de politique étrangère3.