Dans la nuit du 26 au 27 juillet, une junte militaire annonçait la destitution du président nigérien Mohamed Bazoum, entraînant une déstabilisation de toute la région sahélienne.

  • Malgré des tentatives de médiation, aucun retour à l’ordre constitutionnel n’est à venir au Niger. Le 19 août, le général et chef de la junte Abdourahamane Tiani a déclaré envisager une « période de transition de trois ans » maximum, au terme de laquelle des élections devraient conduire au retour d’un pouvoir civil1.
  • Celle-ci a été catégoriquement refusée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), dont la force d’intervention a été activée jeudi 10 août.
  • L’Algérie, qui s’oppose à toute intervention militaire au Niger, a proposé mardi 29 août une période de transition civile d’une durée de six mois suite à une rencontre entre le ministre des Affaires étrangères algérien Ahmed Attaf et des représentants des pays de la Cédéao2.

Le putsch mené au Gabon par des militaires — dont certains pourraient provenir de la garde républicaine — dans la nuit du 29 au 30 août est le neuvième en Afrique subsaharienne depuis 2020 et le deuxième depuis le début de l’année. Contrairement aux récents coups d’État justifiés par la situation sécuritaire ou bien la gouvernance, la tentative de prise de pouvoir par des militaires au Gabon concerne le processus électoral ainsi que les principes démocratiques.

  • La réélection d’Ali Bongo — avec 64,27 % des suffrages exprimés contre 30,77 % pour son principal opposant Albert Ondo Ossa — suite au scrutin de dimanche a été contestée par l’opposition en raison de son caractère frauduleux.
  • En décembre 2016, suite à la deuxième élection de Bongo, la Mission d’observation électorale de l’Union européenne publiait un rapport relevant des « anomalies » qui « mettent en question l’intégrité du processus de consolidation des résultats et du résultat final de l’élection »3.
  • Lors de la précédente tentative de coup d’État de 2019, les putschistes avaient déclaré vouloir « restaurer la démocratie », pointant du doigt des irrégularités dans le processus électoral4.

Le Gabon fait partie, aux côtés de 26 autres pays africains, des « régimes autoritaires » identifiés par The Economist Intelligence Unit sur la base d’indicateurs évaluant le processus électoral, les libertés civiles, le fonctionnement du gouvernement, la participation et la culture politique.Depuis l’arrivée d’Omar Bongo à la présidence en 1967, la dynastie politique perpétuée par son fils Ali Bongo Ondimba est au pouvoir depuis 55 ans.

La recrudescence des coups d’État depuis 2020 est en rupture avec la dynamique à la baisse observée depuis les années 1960.

  • En 2021, le monde a connu plus de coups d’État qu’au cours des cinq années précédentes cumulées5.
  • Pour les chercheurs Jonathan Powell et Clayton Thyne, auteurs de la base de données la plus fiable sur le sujet, cette résurgence met en évidence les lacunes de l’Union africaine en matière de dissuasion et de réponse face aux UCG (changements anticonstitutionnels de gouvernement)6.
Sources
  1. Sam Mednick, « Niger junta’s 3-year transition plan is a ‘provocation,’ says West African regional bloc », Associated Press, 24 août 2023.
  2. « Algeria proposes transition to resolve Niger crisis », Reuters, 29 août 2023.
  3. Rapport final, Élection présidentielle du 27 août 2016, République gabonaise, Mission D’observation Electorale De L’union Européenne.
  4. Aanu Adeoye, Henry Foy et David Sheppard, « Military leaders seize power in oil-rich Gabon », Financial Times, 30 août 2023.
  5. « As Sudan’s government wobbles, coups are making a comeback », The Economist, 25 octobre 2021.
  6. Powell, J., Reynolds, A., & Chacha, M. (2021). « A new coup era for Africa ? », Conflict Trends, 2021(4), 3-12.