La semaine dernière, lors d’un sommet à Camp David, les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud se sont accordés sur un renforcement de leur coopération militaire, diplomatique et économique. Les trois pays ont également annoncé la mise en place d’un programme d’exercices militaires conjoints sur plusieurs années.

  • Cette réunion marque le premier sommet de dirigeants étrangers à Camp David depuis l’arrivée à la Maison-Blanche de Joe Biden, ainsi que la première rencontre de ce niveau rassemblant uniquement les dirigeants américain, japonais et coréen1.
  • Celle-ci visait à répondre à deux objectifs principaux pour l’administration démocrate : améliorer la coordination en matière de défense dans le cadre de la menace nord-coréenne — notamment via la mise en place d’une nouvelle ligne téléphonique d’urgence — et pousser au rapprochement entre la Corée du Sud et le Japon, jugé crucial par Washington dans le cadre de la rivalité sino-américaine2.

Lors de la conférence de presse, Biden a salué le « courage politique » de ses deux homologues et en particulier du président coréen Yoon Suk-yeol, qui a rompu avec la politique mémorielle de son prédécesseur concernant les crimes commis par l’armée japonaise lors de la Seconde Guerre mondiale, particulièrement vis-à-vis des femmes coréennes3. En avril, Yoon déclarait lors d’un entretien au Washington Post qu’il ne « pouvait pas accepter l’idée qu’à cause de ce qui s’est passé il y a 100 ans, quelque chose est absolument impossible à faire et que les Japonais doivent s’agenouiller pour demander pardon à cause de notre histoire »4.

À Camp David, les dirigeants des trois pays ont réitéré leur condamnation de la menace exercée par la Corée du Nord dans la région via son programme nucléaire ainsi que ses tirs de missiles balistiques.

  • Pyongyang a lancé 99 missiles balistiques l’an dernier et 25 entre le 1er janvier et le 25 avril 2023 selon le Center for Strategic and International Studies, soit un rythme bien plus soutenu que les années précédentes.
  • Lors du défilé organisé le 8 février dernier à Pyongyang à l’occasion du 75ème anniversaire de la création de l’Armée populaire de Corée, 11 missiles balistiques intercontinentaux Hwasong-17 ont été aperçus, un nombre suffisant pour potentiellement saturer le système de défense anti-missiles américain — qui ne dispose que de 44 intercepteurs basés au sol (ground-based interceptors, ou GBI), déployés en Alaska et en Californie5.
  • En amont du lancement de l’exercice militaire américano-coréen Ulchi Freedom Shield, l’agence de presse officielle nord-coréenne KCNA a annoncé que Kim Jong-un avait personnellement supervisé un essai de missiles de croisière stratégiques à bord d’un navire de guerre — une affirmation toutefois tempérée par le ministre coréen de la Défense Lee Jong-sup6.
  • La police sud-coréenne a également dénoncé dimanche une tentative de cyberattaque de toute apparence orchestrée par le groupe nord-coréen Kimsuky, qui opère contre des individus, des think-tanks ainsi que des entités liées au gouvernement sud-coréen depuis au moins 20127.

Tandis que le dictateur nord-coréen veut améliorer les capacités de sa marine à conduire des missions d’attaque dans le cadre d’une « guerre réelle », la Corée du Sud organisera mercredi un exercice civil national visant à « améliorer la préparation de la population en cas d’invasion d’un ennemi », selon le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité8.