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Est-il possible de réformer l’État hérité de la colonisation et ses institutions de telle manière qu’il contribue de façon décisive à la formation des richesses dont l’Afrique a besoin et à l’épanouissement des droits et libertés de ses communautés et citoyens ? Quelles théories du changement seraient les mieux à même de servir de sous-bassement à une telle tâche historique et quels en seraient les acteurs privilégiés ?
Telles étaient les grandes interrogations au cœur du débat africain au cours du dernier quart du XXe siècle. À l’époque, la plupart des États du continent traversaient une grave crise. Celle-ci n’était pas seulement économique. C’était également une crise de légitimité et une crise de reproduction. Les partis au pouvoir et la plupart des élites dirigeantes étaient discréditées. La tyrannie et la corruption partout sévissaient. Les mécanismes de redistribution étaient bloqués et l’informalisation aussi bien de l’économie que de la vie sociale était en passe de devenir la norme.
De nouvelles lignes de fracture et de conflit étant apparues, la nécessité de libéraliser la vie politique se faisait sentir, et de nouvelles générations cherchaient à mettre fin aux régimes de partis uniques, à l’instabilité institutionnelle et aux dictatures militaires. Mais elles étaient surtout en quête de nouveaux modèles de gouvernement susceptibles de réduire le fossé entre le dynamisme culturel des sociétés d’un côté, et l’atrophie des institutions en charge de la gestion de la chose publique de l’autre 1.
Afin de répondre à la dimension économique et financière de la crise, bien des gouvernements se virent imposer des mesures de stabilisation macro-économique et d’ajustement structurel par leurs créanciers externes. Selon la pensée dominante de l’époque, les États africains avaient failli parce qu’ils n’avaient jamais véritablement été neutres. Il leur était reproché de ne s’être jamais comportés à la manière des États de la fiction libérale, c’est-à-dire comme des arbitres bénévoles s’en remettant à « la main invisible » pour garantir l’intérêt commun et optimiser l’efficacité et le bien-être social.
Plutôt que de placer leurs gouvernements devant la responsabilité de leurs échecs, les populations avaient, de leur côté, réagi en cherchant protection dans l’inextricable maille des réseaux de clientèle, de relations familiales et autres affiliations claniques, lignagères ou ethniques qui composaient la société 2. Résultat, les logiques rentières s’étaient accentuées en même temps que les pratiques clientélistes et de prédation 3. Des pans entiers de l’État avaient été capturés, voire privatisés par des groupes d’intérêts puissants, nationaux et étrangers. Les capacités locales s’étaient amenuisées et l’insécurité s’était généralisée.
S’en était suivi un climat d’instabilité systémique, lequel avait augmenté les niveaux de risques et favorisé, au passage, la structuration d’un environnement hostile aux investissements et à la croissance économique. L’on pensait par conséquent qu’afin d’accélérer les transformations du système productif, il suffirait de réduire le rôle de l’État en faisant reculer ses interventions directes dans le champ économique, par le biais des privatisations, par l’appui au développement du secteur privé et le rétablissement de la vérité des prix. En d’autres termes, améliorer le fonctionnement de l’État, c’était limiter drastiquement son rôle économique. Davantage de marché était, prétendait-on, la solution.
En toute hypothèse, une réforme conséquente de l’État aurait dû nécessairement passer par la démocratisation des régimes politiques. Telle était, dans tous les cas, l’une des revendications fondamentales des mouvements sociaux qui émergèrent à l’époque, et qui aboutirent, ici et là, à la tenue de « conférences nationales », symboles de la réinvention par l’Afrique de l’utopie démocratique dans les années 1990 4. Mais au lieu d’affronter directement ce défi, de nombreux bailleurs de fonds préférèrent l’éviter, prétextant de la volonté de non-ingérence dans les affaires internes d’États souverains paradoxalement soumis, par ailleurs et sans scrupules ni prévenances particulières, aux diktats de leurs créanciers étrangers 5.
C’est ainsi que la question de la démocratie fut dépolitisée. Depuis les années 1990, la réforme de l’État et la démocratisation des régimes politiques africains sont systématiquement abordées non dans une perspective (géo)politique, et encore moins historico-culturelle, mais selon un prisme exclusivement managérial et néo-institutionaliste. Conséquence directe de cette approche, la réflexion proprement politique sur la démocratie a, depuis lors, été vidée de tout contenu disruptif. Elle a été réduite aux deux produits standardisés du marché du développement que sont la « bonne gouvernance » et « le renforcement de la société civile ». D’ailleurs aujourd’hui, ces deux produits sont eux-mêmes en passe d’être supplantés par un nouveau catéchisme : celui de l’entrepreneuriat avec ses incubateurs, ses start-ups et ses « young leaders ». Il est vrai, mieux que celui de la gouvernance, l’évangile de l’entrepreunariat correspond mieux à la phase actuelle de l’accumulation globalisée. Celle-ci n’est-elle pas caractérisée par la dérégulation systémique de la finance, l’un des éléments moteurs de l’économie politique de l’inégalité à l’échelle planétaire ?
La gouvernance : une catégorie obsolète
Porté à l’origine par la Banque mondiale et le Programme des Nations-Unies pour le Développement, le paradigme de la gouvernance a été repris par la plupart des acteurs publics et privés, gouvernements donateurs et autres agences de développement. Il a fait l’objet d’une « inculturation » par les États africains eux-mêmes et les institutions continentales. C’est, entre autres, le cas de la Banque Africaine de Développement (BAD) et de la Commission Économique de l’Afrique (CEA) qui l’ont intégré dans leur vocabulaire et taxonomie.
Avec la « société civile » et les « droits humains », le concept de gouvernance a fini par devenir l’une des catégories justificatrices des rapports asymétriques que la galaxie mondiale de l’aide et du développement entretient avec les États africains. La réappropriation et la mobilisation de cette catégorie dans les politiques de développement sont telles que de nos jours, la gouvernance est faussement présentée comme la réponse idoine à la demande de démocratisation des régimes du continent.
Pour l’essentiel, le paradigme de la gouvernance repose sur trois postulats contestables 6. Le premier est la foi en le primat supposé des forces du marché sur toutes les autres. Les politiques de développement poursuivies au cours des années 1960 et 1970 attribuaient une place éminente à l’État.
Ce dernier n’était pas uniquement en charge du développement des infrastructures. Il devait, pêle-mêle, construire la nation, éduquer, soigner et protéger les populations, pallier le manque d’entrepreneurs par la création d’entreprises publiques, protéger les industries naissantes de la concurrence internationale à travers la mise en œuvre d’une stratégie de substitution aux importations et stimuler le marché du travail. Dans le paradigme de la gouvernance, au contraire, le marché est le facteur clé du développement. La croissance économique passe par une redistribution des attributions de l’État, une rénovation de ses structures administratives et institutionnelles et une réduction et une amélioration de ses activités.
Deuxièmement, selon le paradigme de la gouvernance, la forme du régime politique – parlementaire ou présidentiel, militaire ou civil, autoritaire ou démocratique – importe peu dans le processus de développement. C’est surtout la capacité technique et organisationnelle des gouvernements et leur aptitude à concevoir et à exécuter les politiques qui comptent. Dans ces conditions, toute réforme – y compris la réforme de l’État et de la bureaucratie – doit avant tout viser le renforcement des institutions et la mobilisation d’un haut niveau de capital humain et de ressources fiables – condition pour que l’appareil étatique puisse remplir ses fonctions minimales de régulation, de sécurité et de fourniture de biens publics.
Le troisième postulat est la conviction selon laquelle l’acteur historique par excellence est l’entrepreneur. En l’entrepreneur – et subsidiairement l’incubateur, sa fabrique – viennent se réconcilier les trois figures archétypales de la liberté, de l’individualité et de la rationalité. Mais parce qu’aussi bien la liberté que la rationalité se ramènent, en vérité, a une suite sans fin de procédures, de règles et de formalités, la question du sens n’est jamais posée. Seules priment les quantités. Les moyens sont, au demeurant, pris pour des fins. Le développement lui-même ne consiste, in fine, qu’à modeler la société à l’image de l’entreprise et du marché.
Sur la base de ces postulats, d’innombrables programmes ont été mis en place à partir du milieu des années 1990. Pour l’essentiel, ils venaient en appui au renforcement de l’efficacité du secteur public. L’on espérait, par ce biais, encourager la mise en place de règles et d’institutions capables de fournir un cadre « transparent » et « prévisible » pour la conduite des affaires privées et publiques. Dans cette perspective, la crise africaine n’était pas analysée comme la conséquence de l’absence de démocratie, mais comme le résultat direct de la répression des forces du marché par un État hors de contrôle. Si réforme de l’État il devait y avoir, ce devait donc être dans le but d’en faire un instrument de libération de ces forces. De leur libération découlerait, pensait-on, celle des énergies sociales en général.
Au fur et à mesure des crises qui ont émaillé les trente dernières années, les champs d’intervention au titre de la « gouvernance » se sont multipliés à un point tel qu’aujourd’hui, la notion recouvre tout et son contraire. À titre d’exemple, les objectifs de politique étrangère de l’Union européenne et ses programmes de développement se confondant de plus en plus avec sa politique anti-migratoire, l’endiguement des mouvements migratoires fait désormais partie des objectifs de « bonne gouvernance » et des nouvelles conditionnalités imposées aux États africains. On observe la même évolution dans le domaine des interventions militaires, de la sécurité et, plus généralement, du déploiement des forces armées aux fins de « lutte contre le terrorisme » ou contre l’instabilité chronique.
Au terme de ce noyautage conceptuel, les interventions militaires étrangères peuvent, à titre d’exemple, être présentées sans difficulté comme faisant partie des « besoins locaux » en matière de gouvernance 7. C’est ainsi que des projets classiques de développement sont enrôlés dans une vaste stratégie de militarisation du développement. Dans les contextes de crise avancée, cette dérive se solde immanquablement par le détournement des fonds destinés aux troupes et par des exactions diverses à l’encontre des populations civiles.
Impasses des paradigmes importés : la société civile
L’autre mot-valise hérité des années 1990, dont l’ambiguïté fonctionnelle fait la force dans le contexte africain, est la « société civile ». Il est apparu dans le débat africain a un moment ou, à l’échelle globale, l’État en tant que forme publique et centralisée de régulation économique était remis en question au profit du marché. Sous les coups de boutoir des programmes d’ajustement structurel, le vieux paysage associatif sorti des indépendances était en pleine recomposition 8. Des rudiments d’un espace public, et d’une sphère de la citoyenneté émergeaient ici et là, traduisant au passage les aspiration d’acteurs sociaux désireux d’accéder à des services de base de meilleure qualité, ou de participer de manière accrue au renouvellement de systèmes politiques bloqués.
Face aux impasses du développement et à des Etats jugés défaillants et objectivement inefficaces, les bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux étaient en train de réviser leurs formules d’aide et d’infléchir leurs politiques de soutien aux organisations non gouvernementales du Nord en particulier. Il s’agissait désormais de les insérer dans les organes consultatifs des projets qu’ils finançaient. Selon les termes de cette stratégie de cooptation, place devait leur être faite dans les instances de planification, d’exécution, de suivi et d’évaluation, parfois en qualité de « partenaires » supposés apporter une garantie d’appropriation (ownership), de transparence et d’efficacité des projets de développement.
À l’époque, les tenants d’un universalisme prescriptif considéraient que l’existence d’une société civile était la meilleure illustration de la libéralisation des régimes politiques et de leur transition vers des sociétés de marché. Cette trajectoire était, au demeurant, jugée désirable pour toutes les sociétés du monde sans considération de leur historicité propre. Elle méritait d’être valorisée partout. C’est ainsi qu’au même titre que les concepts de « gouvernance » ou de « participation », le paradigme de « la société civile » devint l’une des clés de voûte du système terminologique des agences internationales de développement 9.
Parfois en lien avec l’Union européenne, la Banque mondiale, le PNUD ou les institutions panafricaines, gouvernements occidentaux et agences de développement multiplièrent donc, dans plusieurs pays du continent, des programmes d’appui à la structuration et au renforcement des organisations issues de la société civile. En Afrique, ce terme fourre-tout regroupait des associations ou réseaux d’associations, des groupes d’initiative commune, d’entraide communautaire ou d’épargne, de petites coopératives agricoles etc. 10.
Peu importait que de telles associations constituent ou non une indication de la vitalité du fonctionnement d’une société démocratique ou en voie de démocratisation. Leur simple dimension associative suffisait. En réalité, si la plupart étaient d’authentiques initiatives associatives, certaines avaient été créées dans le seul but de bénéficier des fonds internationaux de soutien. D’autres étaient des entreprises privées déguisées en organismes d’appui au développement dans des domaines aussi divers que l’accès à l’emploi, l’égalité des sexes, l’éducation primaire, la santé – et notamment la lutte contre le VIH/Sida ou le paludisme – ou la protection de l’environnement. D’autres encore étaient patronnées par des notables publics.
C’est ainsi qu’au cours des trente dernières années, un vaste programme de formatage et de mise en clientèle sélective des organisations non (ou para-) gouvernementales africaines a été entrepris. Parfois, il aura suffi, dans un remarquable tour de passe-passe, d’étendre à des entreprises dont ce n’était point le but le label « société civile » pour faire croire qu’elles auraient effectivement pour objectif de rétablir un équilibre sain entre l’État et la société. Du reste, aujourd’hui encore, peu d’interventions en appui au tissu associatif africain ont effectivement pour but explicite la modification des rapports entre la société civile et les pouvoirs publics, la refondation de l’espace politique et la construction d’une sphère publique démocratique.
Au mieux, la plupart des programmes bénéficiant de subventions visent, en réalité, la professionalisation des pratiques associatives, dans un contexte ou, face à la faillite supposée des États, la nécessité de faire émerger d’autres opérateurs de l’aide se fait ressentir. Dans la plupart des cas, les programmes de financement ont surtout abouti à la constitution d’une nouvelle classe de « courtiers en développement » et à la mise en clientèle de nombreux leaders d’ONG africaines 11.
Une industrie de séminaires de formations et de colloques a ainsi vu le jour. Au cours de ces rencontres, les « partenaires » occidentaux inculquent aux leaders d’ONG locales les règles élémentaires d’une bonne gouvernance associative internationale, ainsi que la grammaire et le jargon de la coopération internationale 12. Il n’est donc guère étonnant qu’au bout du compte, peu d’associations disposent de capacités d’interpeller le système politique ou de revitaliser les espaces publics locaux ou nationaux. Occupées à frapper aux portes de guichets aux abréviations de plus en plus imprononçables, ou à multiplier des projets de court terme dont les contenus ne cessent de changer au gré des priorités définies par les bailleurs de fonds, elles n’ont ni le temps, ni les ressources y compris intellectuelles qui leur permettraient de participer à la production de capitaux sociaux garants d’un essor endogène de la démocratie dans leur société.
Pas de démocratie sans reconstruction intellectuelle
Dans de nombreux contextes, les interventions externes entreprises au cours des trente dernières années ont finalement abouti à une imbrication plus poussée qu’auparavant de l’État et de la société. Dans leurs manifestations contradictoires, « les sociétés civiles africaines » se sont à peine avérées être des remparts efficaces à l’autoritarisme.
Souvent, les régimes au pouvoir ont été capables d’inventer, à leur image, des « sociétés civiles officielles ». Espaces protéiformes de recyclage des intérêts individuels, celles-ci n’ont en vérité que peu de rapport avec les mouvements sociaux réels. Leur contribution aux mobilisations collectives protestataires, en faveur de l’alternance ou de l’approfondissement de la démocratie est sinon inexistante, du moins invisible, inaudible et illisible.
Ces critiques nonobstant, il ne s’agit de nier ni l’étendue des changements institutionnels et législatifs depuis une génération, ni de disqualifier entièrement l’agenda de « la bonne gouvernance » et du « renforcement de la société civile ». Réformer l’administration publique, renforcer l’effectivité des systèmes judiciaires, développer des capacités indépendantes de contrôle des dépenses de l’État et d’audit de la gestion des ressources publiques, accroître l’imputabilité de l’administration et la transparence des comptes de la nation, décentraliser et intensifier l’interface entre l’État et le secteur privé relèvent, à peu près dans tous les pays africains, de l’urgence.
Encore faut-il reconnaître que, fondées sur des bases intellectuelles déficientes et une connaissance approximative des dynamiques endogènes, bien des interventions se sont soldées par de cuisants échecs. L’une des raisons est qu’au cours des trente dernières années, la gouvernance n’a été envisagée par les prêteurs internationaux que sous l’angle du managérialisme. Les financements ont porté quasi-exclusivement sur le renforcement des systèmes judiciaires, la gestion du secteur public, la décentralisation. La nature de l’État ou ses racines historiques n’ont que très rarement fait l’objet d’une réflexion critique ou d’un examen socio-anthropologique approfondi.
Les luttes internes aux sociétés africaines ont rarement été prises en compte dans l’analyse des faits de pouvoir ou l’examen de la nature de l’État. À titre d’exemple, la plupart des réformes visant la décentralisation ont paradoxalement débouché sur l’accentuation des disparités régionales, l’intensification des conflits lignagers ou entre chefferies rivales et, en bien des cas, la confiscation du pouvoir par des groupes d’intérêt locaux. Quant à la multiplication des institutions de contrôle, elle a peut-être permis un début de « rationalisation » des logiques institutionnelles. Mais cette rationalisation a procédé selon des modalités chaque fois très différentes, souvent en fonction des intérêts propres des bailleurs qui finançaient tel ou tel pan de l’État. Parfois, il s’en est suivi non seulement une fragmentation poussée de l’appareil bureaucratique, mais aussi une absence de coordination et une externalisation progressive de ses sources ultimes de légitimité 13.
En effet, la crise des États africains ne renvoie pas seulement à la difficulté à collecter des ressources et à la propension à les dépenser de manière inefficace. L’instauration d’un État de droit dépend, certes, de façon primordiale, de l’environnement juridique et du bon fonctionnement du système judiciaire. Il est vrai, d’autre part, que la mise en œuvre des droits fondamentaux est fonction de l’indépendance judiciaire et de la nature des rapports entre le judiciaire et les autres composantes de l’État. Au bout du compte cependant, la démocratisation est moins une question technique ou de moyens financiers qu’une affaire de capacitation, de libération et d’animation de l’intelligence collective et de construction en commun de sens. Elle est affaire d’invention – jamais achevée – d’une culture politique sans cesse neuve, qui elle-même est fondamentalement le résultat de luttes et conflits historiques.
Le paradigme de la gouvernance, tout comme les deux autres, celui de « la société civile » et celui des « droits humains », par le biais desquels l’on a cru pouvoir mettre entre parenthèses la question du politique et de la démocratie en Afrique, a donc montré ses limites 14. Pour leur mise en œuvre, ces catégories auront largement dépendu d’experts étrangers. Usant des capacités de pression des bailleurs de fonds, la plupart se seront contentés de recycler sur le continent des idées pré-formatées, souvent à des coûts exorbitants et avec de faibles retombées.
Tout aussi grave et probablement lié : aujourd’hui encore, l’Afrique n’est toujours pas le point d’ancrage principal de la pensée de la démocratie en Afrique. Les paradigmes de « la gouvernance » et du « renforcement de la société civile » n’ont fait qu’accentuer cette dépendance épistémique, ce d’autant plus que la recherche académique africaine ne se caractérise pas seulement par sa faiblesse théorique. Sa capacité de peser sur les pouvoirs publics ou d’irriguer les mouvements sociaux est quasi-inexistante.
Au regard des nombreux échecs enregistrés, le moment est donc venu de reconnaître que la réinvention de la démocratie en Afrique ne se ramène pas à des problèmes techniques d’efficience et de management public. Il n’y a de démocratisation durable qui, en plus de s’inscrire sur le très long terme, ne doive être profondément enracinée dans les réalités socio-historiques locales et les dynamiques intellectuelles endogènes.
Le risque d’entropie politique
Le moment est donc venu de passer à autre chose.
Un véritable bilan des trente dernières années d’expériences de « transitions » de toutes sortes doit être rigoureusement établi. Il permettra de mieux apprécier le paradoxe dans lequel nous nous trouvons. Car si la démocratie n’est guère soluble dans le managérialisme, elle ne l’est pas non plus ni dans le brutalisme, ni dans les versions populistes du panafricanisme montant.
En effet, alors que des satrapies d’un autre âge s’enkystent et se métastasent en particulier en Afrique centrale et que la manipulation du religieux par de puissants réseaux internationaux et locaux entretient de violents conflits du Sahel jusqu’aux confins atlantiques, un début de jonction est en cours entre une lumpen-intelligentsia sectaire et les nouvelles juntes qui essaiment en Afrique de l’Ouest notamment, à la faveur des putschs, des élections truquées et des manipulations constitutionnelles. Au lendemain de la crise, voire de l’échec des transitions démocratiques, nombreux sont ceux qui sont en effet tentés par le recours à la force.
La possibilité de conquérir le pouvoir par tous les moyens est de plus en plus plébiscitée. Un véritable risque de discrédit pèse sur l’idéal démocratique lui-même. Il va cependant de pair avec une irrépressible demande d’autonomie, l’attrait que continue d’exercer à la fois l’idée d’un pouvoir fort et protecteur, et celle d’un gouvernement partagé qui tirerait une partie de sa légitimité de communautés décentralisées.
Le continent fait face à un choix fondamental entre la démocratie d’une part, le managérialisme et le brutalisme d’autre part. Managérialisme et brutalisme ne sont pas nécessairement les deux faces d’une même monnaie. Mais ils se relaient et sont, tous les deux, des sources d’une violence corrosive dont les effets de dé- liaison sont à peu près partout patents. Ils sont également des facteurs objectifs d’entropie sociale.
Afin de se présenter aux yeux des populations comme des porteurs d’une refondation éthique ou religieuse du politique, de nouvelles générations d’élites, de « péri-élites » ou d’entrepreneurs de tous genres sont prêts à recourir à la violence armée ou à se saisir de la force pure. Au passage, ils instrumentent les pratiques horizontales de réciprocité et de redistribution, mais les remobilisent dans le cadre de circuits religieux, communautaristes ou néo-tribaux. Tout comme les pratiques de neutralisation et d’émasculation des constitutions, la radicalisation du discours religieux participe de ces nouvelles stratégies de conquête du pouvoir par la force et des offres de redistribution et de sécurisation sociale qui contribuent à les légitimer.
Réinventer la sorte de liens qui garantissent à tous l’accès le plus équitable possible aux moyens d’existence doit par conséquent être le nouvel horizon des luttes pour la démocratie en Afrique. Aux paradigmes de la bonne gouvernance et du renforcement des sociétés civiles, il ne s’agit pas de substituer un nouveau « militantisme démocratique » sans assise critique. Une telle démarche n’empêchera pas le basculement dans le brutalisme. Il ne permettra pas non plus de contrer les ravages du managérialisme.
L’innovation pour la démocratie
Rien n’aura lieu cependant en l’absence d’une profonde reconstruction intellectuelle. Une autre démarche mieux inscrite dans le temps long et ancrée dans la culture, la mémoire et la créativité des sociétés africaines est nécessaire si l’on veut relancer le projet démocratique sur le continent et lui restituer son caractère profondément politique et historique. C’est ce que préconisait le rapport remis au Président Emmanuel Macron à l’occasion du Nouveau Sommet Afrique-France (Octobre 2021).
Ce rapport fait du soutien à l’innovation pour la démocratie la pierre angulaire de toute refondation des rapports entre l’Afrique et la France 15. L’innovation pour la démocratie est aussi le point de départ de toute réinvention des rapports de l’Afrique à elle-même, et l’une des conditions de sa souveraineté, laquelle présuppose son auto-réparation.
De tous les investissements intellectuels d’envergure nécessaires à la réinvention, la refiguration dans le temps long des socles culturels de la démocratie en Afrique est sans doute l’une des priorités.
En rigueur de terme, la démocratie est le système par lequel le peuple décide pour lui-même de son avenir, selon des formes et des processus qu’il se donne librement. Cette décision repose sur l’acceptation d’une égalité civique radicale de tous. Elle requiert le respect de toutes les composantes du peuple, y compris lorsqu’elles ne sont pas majoritaires. C’est le cas des oppositions dont le statut doit être garanti par la constitution. La démocratie est aussi le système qui, à intervalles réguliers, permet l’alternance et donc le changement.
Les dynamiques qui sous-tendent la demande spécifique de démocratie en Afrique sont trop nombreuses pour faire, ici, l’objet d’une analyse exhaustive. Elles ne sont pas isolées des évolutions que l’on observe dans le reste du monde. Là où elle était bien implantée, la démocratie libérale s’essouffle en partie faute d’innovations institutionnelles à la mesure des grands enjeux planétaires, au premier rang desquels se trouvent non seulement l’escalade technologique et la transition écologique, mais de manière générale, la question brûlante des conditions de possibilité d’une réconciliation générale de toutes les espèces du vivant 16.
Du reste, en Afrique, la démocratie est de plus en plus le dernier nom de cette réconciliation potentielle. La demande de démocratie sur le continent s’articule de plus en plus autour de trois défis centraux : (1) l’accès égal aux moyens d’existence, de reproduction et d’expression ; (2) la réparation de la planète, l’égale dignité de tous et le soin du vivant ; (3) l’exigence d’une certaine qualité du lien politique et une certaine idée de l’en-commun.
Ces grands schèmes ne figurent qu’à la marge des paradigmes de « la bonne gouvernance » et du « renforcement de la société civile ». Ils inspirent à peine les normes imposées par la galaxie du développement, la sorte d’universalisme prescriptif qui la sous-tend, et les flux humains, matériels, intellectuels et monétaires qu’elle mobilise.
L’innovation dont il est question ici a plusieurs dimensions. Elle peut être technologique. De manière générale, elle désigne toute méthode, tout outil, tout processus – tech ou non-tech – qui permet de libérer les énergies des collectifs, de nourrir la confiance en soi, en sa force et ses capacités propres, et d’entretenir l’espoir dans un avenir différent. Est porteur d’innovation et de rupture tout ce qui permet de créer, de penser de nouveau ensemble de façon critique, de produire ensemble du sens, de faire corps et, porté par un élan collectif, de se mettre en mouvement 17.
S’agissant de la démocratie en Afrique, l’innovation concerne d’abord les savoirs, à commencer, paradoxalement, par les savoirs ancestraux. Grâce à ces savoirs, les sociétés africaines ont développé au long du temps trois types de capacités spécifiques. Il s’agit, en particulier, des capacités d’absorption, c’est-à-dire d’assimilation, d’utilisation et d’adaptation de connaissances dont elles ne sont pas nécessairement les premiers auteurs. Il s’agit, d’autre part, des capacités d’auto-renforcement. Sur le temps long, ces sociétés ont cependant été pénalisées par l’absence d’investissement dans la structuration de systèmes internes d’innovation. Du coup, elles courent constamment le risque de vivre sur des stocks de savoirs soit très anciens, soit périmés.
À cause de cette contrainte, la plupart des savoirs qu’elles produisent le sont de préférence par recombinaisons. On le voit notamment dans les pratiques de survie et d’ajustement de nombreuses collectivités populaires en milieu urbain. Mais innover en recombinant est aussi une composante essentielle d’initiatives allant souvent au-delà de la seule survie. Cette forme de l’innovation par le biais de recombinaisons multiples doit pouvoir valoir en matière d’invention de la démocratie. Ce procédé doit pouvoir servir de socle et d’ancrage sur lequel la plupart des transformations viennent se greffer.
L’innovation que nous avons à l’esprit renvoie aussi à des capacités d’auto-organisation. C’est notamment le cas là où individus et communautés tentent de répondre à des besoins vitaux et urgents. Dans de tels contextes, les pratiques de réciprocité, de redistribution et de sécurisation communautaire jouent un rôle clef. Elles font partie des technologies sociales et des trésors pédagogiques auxquels recourent les acteurs sociaux dans le but de maintenir et d’accroître la qualité du lien social. Ils s’en servent aussi pour le recréer là où il est rompu, pour contourner les structures de vulnérabilisation et pour atténuer les risques qui les fragilisent et érodent leurs capacités de résilience.
La plupart de ces pratiques puisent dans de véritables banques informelles du savoir, de très vieilles traditions de solidarité elles-mêmes adossées sur la mémoire longue des sociétés et constamment réactivées au gré des situations elles-mêmes changeantes. Ce foisonnement et ce fourmillement – la politique de la multiplicité – empruntent des chemins divers et parfois tortueux. Ils se donnent à voir dans mille domaines de la vie quotidienne, qu’il s’agisse des dynamiques du secteur informel, de l’extraordinaire trafic des langues, de la prolifération des religions, de la création musicale et des arts en général, des nouvelles pratiques du numérique, ou au détour des luttes matérielles pour la survie.
Cette politique de la multiplicité n’est pas dénuée de contradictions. Par exemple, la demande d’égalité bute constamment contre la dure réalité des relations asymétriques de pouvoir entre les aînés et les cadets sociaux. Les relations horizontales susceptibles de favoriser l’affirmation de l’intérêt individuel vont constamment de pair avec des pratiques collectives de réciprocité et de redistribution. Afin de bénéficier d’un minimum de protection et de sécurité, les plus faibles au sein des communautés doivent nécessairement trouver une place au sein de circuits verticaux de clientélisme. En même temps, bien que réelles, les solidarités n’empêchent pas l’apparition de formes de violence parfois extrêmes.
Les savoirs pratiques et les connaissances qui se donnent à voir au détour de ces initiatives peuvent être mis à contribution pour accompagner l’émergence et la consolidation de formes de gouvernement partagé, l’un des éléments centraux des héritages politiques précoloniaux. En effet, seules ces formes de gouvernement sont susceptibles de libérer les énergies sociales existantes au profit du bien commun. Ces énergies naissent au sein d’espaces fragiles qui doivent être protégés. Dans ces bassins de vie et de créativité s’effectue d’ores et déjà, au quotidien, l’apprentissage en commun de compétences civiques et sociales solidaires, de pair à pair, selon des logiques collaboratives. Dans ces lieux se manifeste aussi la vitalité des relations de solidarité et de coopération sans lesquelles la vulnérabilité s’accroît.
Parcours démocratiques et animation de l’intelligence collective
Le nouveau cycle de soutien à la démocratie doit donc, plus que les précédents, s’appuyer sur les dynamiques endogènes. En Afrique, les trois dernières décennies ont été caractérisées par l’émergence de nombreux mouvements citoyens et une recrudescence des initiatives contestant la façon dont est gérée la chose publique. Ces mouvements ont été le creuset de maintes innovations en matière de militantisme de terrain, d’utilisation des technologies de l’information, de renouvellement des pratiques idiomatiques 18.
Face à des besoins de tous ordres, les uns plus urgents que les autres, de nouveaux modes d’engagement citoyen ont vu le jour. Ils se réfèrent tous à une certaine idée du bien commun. De nombreux projets portés par de petits collectifs à échelle locale, régionale ou nationale ont aussi vu le jour. Ils cherchent à améliorer la transparence de la vie publique et à favoriser les logiques collaboratives, de pair à pair, dans la conception et la mise en œuvre des politiques publiques.
Pour répondre aux attentes de celles et ceux qui, en Afrique, veulent faire avancer l’agenda démocratique, l’on a surtout besoin de passer de la logique des projets à celle des parcours. Ceci requiert une nouvelle génération d’outils. Il ne s’agit pas tant d’institutions que de plateformes flexibles et mobiles. C’est le cas des « campus-démo », plateformes d’un nouveau genre envisagées dans le cadre du Fonds de soutien à l’innovation et la démocratie propose dans le Rapport Les nouvelles relations entre l’Afrique et la France (Octobre 2021). Ouverts, multi-acteurs, au service de la création de liens, de sens et de solutions, il s’agit de laboratoires vivants dédiés non point à la formation standard, mais à l’apprentissage actif et à l’animation de l’intelligence collective.
De tels laboratoires auraient pour mission d’identifier, de répertorier et de valoriser toute la richesse et la créativité africaine en matière d’innovation pour la démocratie. Ils s’appuieraient tant sur une expertise africaine que sur des forces et énergies endogènes pour alimenter de nouvelles pensées et pratiques de la démocratie. Ils concevraient et mettraient à la disposition des acteurs sociaux des parcours et formats pédagogiques originaux inédits qui pourraient déboucher sur de nouveaux modèles de pensée ou des initiatives concrètes à fort impact.
Le déficit de pensée originale ayant causé un énorme tort au projet démocratique sur le continent, il est en effet temps de réhabiliter la réflexion critique dans toute sa richesse, et de faire cheminer ensemble, dans un processus continu d’enrichissement mutuel, la pensée et l’action. Afin de pallier aux ravages d’une expertise décalée des besoins concrets et de normes décidées unilatéralement, la nouvelle approche faciliterait prioritairement les connexions et circulations intra-africaines tant en matière d’innovations conceptuelles que d’actions concrètes. Au lieu de recycler des recettes pré-formatées, elle prendrait appui sur des modèles locaux inspirants et sur les ressources cognitives endogènes.
Ainsi, est-il crucial aujourd’hui de tourner la page et de mettre à disposition de ceux et celles qui souhaitent s’engager dans la réinvention de la démocratie des parcours qui permettent de faire une pause, de prendre de la hauteur, de tisser des liens, et de recouvrer la capacité de penser et d’innover ensemble, en collectifs rassemblant chercheurs, activistes journalistes, blogueurs, fact-checkers, artistes, institutionnels, agents des collectivités locales, élus, dirigeants, entrepreneurs et autres.
La réinvention de la démocratie passe aujourd’hui par de nouvelles formes d’animation de l’intelligence collective et l’accompagnement méthodique de formes endogènes de créativité sociale. Or l’intelligence collective ne naît pas spontanément. Nous faisons face, en Afrique mais aussi ailleurs dans le monde, à un déficit de pensée originale sur la démocratie. Nous soutenons de nombreux projets qui gagneraient à être reliés à la réflexion.
La pensée et l’action s’enrichissent et se renforcent mutuellement Des ressources cognitives et des modèles existent. Ils sont ancrés dans les cultures, la mémoire et les héritages locaux. Il faut les identifier, les documenter, les étudier, les partager et les diffuser. C’est ainsi qu’au-delà des réquisits classiques – élections libres et transparentes, séparations des pouvoirs, justice et médias indépendants, alternance –, l’on sera à même d’avancer vers de nouvelles communautés civiques d’égaux.
Sources
- Achille Mbembe, “Traditions de l’autoritarisme et problèmes de gouvernement en Afrique sub-saharienne”, Africa Development, vol. 17, no 1, 1992.
- Goran Hyden, Beyond Ujamaa in Tanzania : Underdevelopment and an Uncaptured Peasantry, Berkeley, University of California Press, 1980.
- Richard Joseph, Democracy and Prebendal Politics in Nigeria : The Rise and Fall of the Second Republic, Cambridge, Cambridge University Press, 1987.
- F. Eboussi Boulaga, Les conférences nationales en Afrique noire. Une affaire à suivre, Paris, Karthala, 1993.
- Sur ces débats et autres controverses, lire Jean-Pascal Daloz, Patrick Quentin (sous la direction de), Transitions démocratiques africaines : dynamiques et contraintes (1990-1994) ; Jean-Francois Bayart, “La problématique de la démocratie en Afrique noire. “La Baule”, et puis après ?”, Politique africaine, 1991 ; Michael Bratton, Nicholas van de Walle (sous la direction de), Democratic Experiments in Africa : Regime Transitions in Comparative Perspective, Cambridge, Cambridge University Press, 1997 ; et Jean-Francois Bayart, “La démocratie à l’épreuve de la tradition en Afrique subsaharienne”, Pouvoirs, 2, no 129, 2009.
- Pour tout ce qui suit, lire, de la Banque mondiale, L’Afrique subsaharienne. De la crise à une croissance durable, Washington, D.C., 1989 ; Governance and Development, Washington, D.C., 1992 ; Governance. The World Bank’s Experience, Washington, D.C., 1994 ; Rapport sur le développement dans le monde 1997. L’État dans un monde en mutation, Washington, D.C.1997).
- Axel Auge, “Les réformes du secteur de la sécurité et de la defense en Afrique sub-saharienne : vers une institutionnalisation de la gouvernance du secteur sécuritaire”, Afrique contemporaine, no 218, 2, 2006 ; Alan Bryden, Boubacar N’Diaye et ‘Funmi Olonisakin, Gouvernance du secteur de la sécurité en Afrique de l’Ouest : les défis à relever, LIT (sans date).
- Arne Tostensen, Inge Tvedten, Mariken Vaa, Associationl Life in African Cities : Popular Responses to the Urban Crisis, Uppsala, Nordic Africa Institute, 2001.
- L. M. Salamon, S.W. Sokolowski, and Associates, Global Civil Society. Dimensions of the Non Profit Sector, Bloomfield, Kumarian Press, 2006.
- Michael Bratton, “Beyond the State : Civil Society and Associational Life in Africa”, World Politics, Vol. 41, no 3, 1989.
- Cf. T. Bierschenk, J.P. Chauveau, J.P. Olivier de Sardan (dir.,), Courtiers en développement, Paris, Karthala, 2000.
- Gautier Pirotte, « Étudier les sociétés civiles dans le contexte du nouveau paradigme de l’aide internationale”, Mondes en Développement, Vol. 40, 3, no 159, 2012, p. 17.
- Adam Baczko et Gilles Dorronsoro, “Les apories d’une rationalisation ponctuelle. La formation transnationale des organes de contrôle au Mali”, ADF-SciencesPo (non daté).
- Pour une étude de cas, lire Anna Schmauder. Guillaume Soto-Mayor, Delina Goxho, Strategic Missteps : Learning From a Failed EU Sahel Strategy, Istituto per gli Studi di Politica Internazionale, 5 Novembre 2020.
- Achille Mbembe, Les nouvelles relations Afrique-France. Relever ensemble les défis de demain, www.elysee.fr (Octobre 2021).
- Achille Mbembe et Rémy Rioux, Pour un monde en commun, Paris, Actes Sud, 2022.
- Sur ces questions, lire les travaux produits par les Ateliers de la pensée de Dakar, en particulier Achille Mbembe et Felwine Sarr (sous la dir. de), Ecrire l’Afrique-Monde, Paris/Dakar, Philippe Rey & Jimsaan, 2017.
- Mamadou Dine, Pascal Kapagama, Zakaria Sore, Ibrahima Toure, “Entre la rue et l’internet : pratiques revendicatives et stratégies de mobilisation de Y’en a marre, du Balai citoyen, Filimbi et de la Lucha”, Afrique et développement, Volume XLV, no 4, 2020.