Astana. Lorsque nous regardons un classement répertoriant les dirigeants ayant la plus grande longévité à la tête de leur pays, Nursultan Nazarbayev, l’actuel président de la République du Kazakhstan figure dans le haut du tableau. En effet, depuis l’indépendance du pays, le 16 décembre 1991, le peuple kazakhstanais n’a connu que lui comme dirigeant. À ces presque vingt-neuf ans à la tête du pays, s’ajoutent deux années au cours desquelles Nazarbayev était le Secrétaire général du Parti communiste kazakh et, donc, le dirigeant de facto lorsque le Kazakhstan n’était encore qu’une République socialiste soviétique. En avril 2015, il a été reconduit pour un nouveau mandat présidentiel en récoltant plus de 97 % des suffrages (1).
Pays le plus riche parmi les anciennes république soviétiques d’Asie centrale du fait de l’exploitation de gaz, de pétrole et d’uranium, le Kazakhstan fait aujourd’hui office de locomotive dans la région. Cela est aussi dû à la volonté du président Nazarbayev de développer et de moderniser le pays. La ville d’Astana (anciennement Akmola) est le symbole de l’œuvre du dirigeant. Devenue la capitale du pays en 1998 à la place d’Almaty, elle a connu un essor considérable du fait d’investissements étrangers et de l’érection de monuments conçus par des architectes de renommée internationale, comme le britannique Norman Foster.
Par ailleurs, cette dynamique s’inscrit dans un projet de plus grande envergure : le 2050 Strategy. Ce dernier repose sur sept priorités visant à faire du Kazakhstan l’une des trente économies les plus développées au monde à l’horizon 2050 (4). Parmi ces sept thématiques, figure un volet social qui prévoit notamment l’amélioration des conditions de vie et de travail des habitants, ainsi qu’une harmonisation dans les disparités qui existent entre les régions administratives.
C’est dans cet esprit que, le 21 février dernier, Nursultan Nazarbayev a décidé par décret présidentiel de dissoudre le gouvernement qui “n’a pas suffisamment fait pour le développement économique du pays”. Au début du mois, des mouvements contestataires avaient éclaté dans le pays, notamment à l’initiative des femmes, suite au décès de trois jeunes filles dans un incendie pendant que leurs parents travaillaient de nuit (3).
Nursultan Nazarbayev, qui souhaite un sursaut social dans la politique nationale, a pointé du doigt les résultats décevants concernant l’économie et a montré le cap à suivre : “Les petites et moyennes entreprises ne sont pas devenues un moteur de croissance, leur développement n’est pas devenu la tâche principale des gouverneurs de région et des ministres. […] Tout cela se superpose à l’incapacité de travailler avec la population de la part des membres du gouvernement, des ministres, des gouverneurs de région, d’écouter leurs problèmes, d’expliquer le travail accompli et les politiques menées. […] Le travail du gouvernement et des partisans de tous les niveaux devrait être orienté vers cela” (2).
Perspectives :
- Pour remplacer Bakhytzhan Sagintayev, N. Nazarbayev a choisi comme Premier ministre l’ancien maire d’Astana, Askar Mamin. Il fut, par ailleurs, président de la Kazakhstan Temir Zholy (KTZ), la Société nationale des chemins de fer du Kazakhstan.
- Pour son projet de 2050 Strategy, le président kazakhstanais souhaite faire de son pays un fleuron du secteur digital et des nouvelles technologies. En novembre 2017, lors du Web Summit de Lisbonne, le directeur de la Kazakhtelecom, Kuanyshbek Yessekeyev, indiquait : “Ces produits peuvent provenir des secteurs des services publics, des services financiers, des villes intelligentes et de l’industrie. Nous commençons à adopter les technologies du Big Data, des objets connectés et de l’intelligence artificielle.”
Sources :
- Kazakh leader gains crushing election victory, BBC, 27/04/15.
- Нурсултан Назарбаев отправил в отставку правительство Казахстана, Fergana, 21/02/19.
- Le président kazakh destitue le gouvernement et annonce un tournant social, Novastan, 21/02/19.
- SIEFF Martin, Strategy 2050 : Kazakhstan’s Road Map to Global Success, Edgekz, non daté.
Maxime Onfray