• Les États-Unis et la Russie s’entretiennent aujourd’hui sur la situation en Ukraine et la présence d’environ 100 000 soldats russes à la frontière, après deux précédents appels entre Biden et Poutine en décembre. Les États-Unis s’opposent aux pressions russes et menacent la Russie de sanctions massives en cas d’invasion, tandis que celle-ci demande un engagement sur la non entrée de l’Ukraine (et de la Géorgie) dans l’OTAN – ce que l’OTAN et les États-Unis ont encore refusé cette semaine. De ces négociations genevoises, Poutine attend notamment une réponse des États-Unis sur des propositions plus générales liées à la gestion de la sécurité dans les pays de l’ex-URSS (où la situation de crise actuelle en Ukraine n’apparaît pour ainsi dire que comme anecdotique).
       
  • L’Union n’est pas invitée à ces pourparlers, ce qui a beaucoup fait parler et irrité. Notons cependant que le secrétaire d’État américain Blinken et la ministre allemande des Affaires étrangères Baerbock se sont engagés la semaine dernière à parler d’une voix unie sur le dossier ukrainien (et éventuellement à prendre des sanctions communes), et que le HRVP Borrell s’est rendu à la frontière russo-ukrainienne pour afficher le « plein soutien » de l’Union à l’Ukraine, partenaire stratégique, ajoutant : « Nous nous coordonnons avec les États-Unis, l’OTAN et d’autres alliés pour œuvrer à une désescalade ». Les conseillers diplomatiques de Macron et Scholz sont aussi allés à Moscou cette semaine, pour rencontrer des Russes qui privilégient toujours les discussions d’État à État plutôt qu’avec l’Union dans son ensemble.
       
  • Outre les pourparlers russo-américains, le secrétaire général de l’OTAN rencontre aujourd’hui le ministre des Affaires étrangères ukrainien. Ensuite, les ambassadeurs de l’OTAN s’entretiennent avec leurs homologues russes mercredi. De plus, une réunion de l’OSCE sur le sujet est organisée jeudi. Les attentes russes sur la non intervention des organisations et puissances occidentales sur le territoire de l’ex-URSS sont telles qu’il y a peu à espérer de ces rencontres, qui seront glaciales. Elles n’ont pas pour but d’être décisionnaires, mais plutôt d’enclencher un cycle de négociations.
       
  • Baerbock a rappelé, dans la lignée de l’accord précédent entre Washington et Berlin sur le gazoduc, qu’en cas de pressions excessives exercées par Moscou sur Kiev, l’Allemagne pourrait empêcher les Russes d’exporter du gaz en Europe via Nord Stream 2. Notons que cette semaine, la société russe Gazprom a réduit le gaz transitant en Ukraine au niveau le plus faible depuis janvier 2020, ce que Kiev interprète comme un moyen de faire pression pour accélérer au contraire le transfert de gaz par Nord Stream 2, sans passer par l’Ukraine.
       
  • La réalité d’une offensive russe à la frontière est fortement dépendante de la mobilisation des troupes russes sur d’autres fronts. La situation au Kazakhstan affecte évidemment la stratégie du Kremlin, alors même que le président kazakh a fait appel aux États de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), Russie en tête, Vladimir Poutine ayant affirmé, dans un appel avec le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev qu’il ne laisserait « pas les scénarios de “révolutions de couleur”, comme on les appelle, se dérouler. »1. Pour autant, il est difficile de savoir si cette situation déstabilise les forces russes ou si au contraire elle galvanise et renforce le rôle de la Russie dans son pré carré.